Le polyptyque
Le polyptyque:
Un polyptyque est une peinture constituée simultanément par plusieurs tableaux. Ils sont présentés ensemble comme une seule et même œuvre picturale. Peints sur différentes toiles et panneaux juxtaposés, ils sont souvent montés avec des charnières. Ils s’ouvrent et se ferment pour se déployer dans l’espace.
L’âge d’or de l’art gothique:
Le terme polyptyque (du grec polus, « nombreux », et ptuckhos, • pli ») désigne des peintures qui s’insèrent dans un système de menuiserie agencé avec des volets. Cet art se développe dans l’Europe du Nord du Moyen Âge gothique. Monté avec des charnières, chaque volet peint s’ouvre et se referme. Deux volets (diptyque) ou trois volets (triptyque) peuvent être ainsi mobiles. On ouvre ces tableaux à l’occasion des différentes fêtes et offices religieux.
Tout d’abord, l’ébéniste construit une structure de bois sur laquelle il sculpte des colonnes et des encadrements. Cette pièce de menuiserie est rehaussée de peinture dorée ou argentée.
L’artiste exécute ensuite les différentes vignettes et tableaux dans les espaces « blancs » laissés par le menuisier. Il représente des scènes liturgiques sur les deux faces des panneaux.
Les particuliers possèdent des diptyques et triptyques de petites dimensions, peints recto verso. Faciles à transporter, ils sont pliants pour que la peinture soit à l’abri des intempéries et du temps qui passe.
Les tableaux assemblés:
Pour réaliser un polyptyque, le peintre doit compartimenter ses images. Il ajuste les scènes et les figures dans des registres qui classent les sujets, isolent les personnages et hiérarchisent les actions. Le panneau central, celui qui attire le plus le regard du spectateur, expose en grand format le motif principal : la gloire du Christ ou l’adoration de la Vierge Marie. Les personnages principaux sont ensuite représentés en entier, répartis sur le même plan latéral. Dans les registres supérieurs, les figures secondaires apparaissent plus petites, à mi-corps, comme appuyées sur le bord d’un balcon.
Un nouveau format:
En France, à la fin du XIX siècle, le goût pour le style gothique et la découverte de l’art des paravents décoratifs japonais influencent les peintres post-impressionnistes. Paul Sérusier (1863-1927) et Pierre Bonnard (1867-1947) cherchent à construire un nouvel espace pictural. Ils juxtaposent des tableaux et dessinent de nouveaux formats. La peinture devient mobile. Elle passe d’une toile à l’autre, semblant envahir l’espace.
Au XX» siècle, Henri Matisse (1869-1954), Fernand Léger (1881-1955) et les peintres abstraits utilisent l’assemblage monumental de tableaux juxtaposés. Ils démultiplient la surface de l’image peinte et inventent de nouvelles relations entre le format des œuvres rassemblées et le motif représenté.
un tableau à volets mobiles:
Le triptyque ouvert:
Le triptyque en bois peint est composé d’un panneau central encadré de deux volets peints qui se referment. Le cadre est ouvragé, orné d’or et surmonté d’une croix.
La continuité de la ligne d’horizon, l’harmonie des couleurs et l’unité de la lumière unifient l’espace des trois tableaux.
Au centre, le tableau représente la vierge et les anges. La composition est symétrique de part et d’autre de la Vierge.
Sur les côtés, les saints représentent les donateurs. La taille des personnages épouse précisément l’oblique curviligne du format des volets latéraux.
Le triptyque fermé:
Le dos des volets représente Adam et Ève. Cette scène de la tentation renvoie au panneau central. Elle annonce le rachat par la Vierge Marie, la « nouvelle Ève », du péché de l’« Ève ancienne ».