Les mouvement dans la peinture : Romantisme
CONTEXTE
le mot « romantic » ou « romantik » apparaît en Angleterre au xvii siècle pour désigner la littérature romanesque. Au début du XIXe siècle, ce mot prend un sens esthétique en littérature et dans les arts plastiques en s’opposant à la tradition classique et précisément au néo-classicisme (—> NEO-CLASSICISMF). A l’occasion du Salon de 1846, Charles Baudelaire déclare : « Le romantisme n’est précisément ni dans le choix des sujets ni dans la vérité exacte mais dans la manière de sentir. Pour moi, le romantisme est l’expression la plus récente, la plus actuelle du beau. Qui dit romantisme dit art moderne, c’est-à-dire intimité, spiritualité, couleur, aspiration vers l’infini, exprimées par tous les moyens que contiennent les arts. »
Les bouleversements historiques et sociaux développent la nostalgie d’un passé historique national qui s’exprime dans l’inspiration du passé (-» NAZARÉEN et TROUBADOUR). La révolution industrielle (1780-1850) modifie les mœurs autant que l’environnement et accélère le rythme de la vie. Les artistes se révoltent contre cette nouvelle société, mécanique, répétitive et prévisible. L’imagination devient le moteur de la création, l’émotion brise les définitions et les règles. L’artiste, pour la première fois, s’exprime à travers sa peinture et non plus seulement pour satisfaire les commanditaires. Il peint au nom de ses idées, ne copie plus la nature, mais traduit la « libre manifestation de ses impressions personnelles » (Journal, Eugène Delacroix). Les campagnes napoléoniennes et les voyages enrichissent la connaissance et l’échange de cultures. Le Muséum central des Arts, aujourd’hui le Louvre, ouvre en 1793 et propose un panorama de styles qui permet aux artistes de se former et de nourrir leur inspiration personnelle.
CARACTÉRISTIQUES
La notion de catégorie technique perd son sens puisque l’expression implique un choix des matériaux. Les Britanniques apprécient particulièrement l’aquarelle et les romantiques français les toiles immenses. Le dessin, propice à la libération spontanée du monde intérieur de l’artiste, prend de l’essor et s’enrichit d’inventions plastiques. A côté des tableaux de propagande officiels, l’artiste manifeste son opinion sur les événements de son temps. Ses toiles deviennent le support d’une effusion de sentiments extrêmes et passionnés, étranges et mélancoliques. Le paysage se charge d’émotions humaines, de mystère et de poésie : un arbre tortueux reflète l’angoisse, la douleur… Le cheval devient un motif romantique par l’expression de sa fougue.
Les artistes se passionnent pour les civilisations du Nord. Dès 1775, les thèmes fantastiques et macabres de la littérature allemande peuplent les tableaux de monstres, de sorcières et de spectres. Les poèmes gaéliques d’Ossian (ni’ siècle apr. J.-C.), transcrits et en grande partie réinventés par un instituteur écossais, James Macpherson, dans les années 1760-1770, ont une influence considérable en Europe. L’ossianisme suscite les compositions irrationnelles et imaginaires. Les espaces flottants nient la profondeur, apportent les transparences, les éclairages diffus et lunaires, le brouillage des contours et l’organisation des figures par grappes.
Contrairement à la Renaissance, l’artiste ne considère plus le support de l’œuvre comme une fenêtre ouverte sur un pan de nature. La matière du support : mur, bois, toile ou papier, reste souvent présente et réduit l’illusion de perspective. Le dessin traduit l’émotion et la ligne renforce la planéité du tableau. Les peintres demandent au modèle des postures qui exaltent l’arabesque, ils prennent des libertés avec les proportions et soumettent l’anatomie aux déformations expressives.
La couleur, auparavant assujettie au dessin, prend son autonomie. Coloristes pour la plupart, les artistes peignent d’un seul jet, travaillent par masses. De larges taches colorées s’harmonisent les unes par rapport aux autres et accrochent l’œil du spectateur. L’ensemble baigne dans la pénombre et les tonalités terreuses obtenues avec l’emploi du bitume. L’impulsion authentique remplace le procédé rationnel. La peinture prend un caractère tactile. Les traces de la sensibilité du créateur, l’écriture emportée, la pâte triturée et épaisse donnent un aspect d’esquisse aux œuvres. Désormais, un tableau achevé ne dépend pas de la qualité de sa finition mais de sa cohérence interne décidée par l’artiste.
ARTISTES
Allemagne
1770-1800
Esprit tourmenté, Caspar David Friedrich (1774-1840), s’astreint à a solitude jusqu’à la mélancolie afin d’imprimer l’angoisse dans ses paysages de ruines gothiques, de cimetières et de contrées glacées. Philipp Otto Runge (1777-1810) écrit un ouvrage sur la métaphysique de la lumière et la symbolique des couleurs. Il renouvelle l’art chrétien.
Espagne
Francisco Goya (1746-1828) figure parmi les plus purs romantiques. Cet Espagnol génial peint avec exaltation les événements contemporains de la guerre d’Espagne et crée une atmosphère de cauchemar en mêlant le fantastique et le réel.
France
1770-1800
Pierre-Paul Prud’hon (1758-1823) se passionne pour Léonard de Vinci et Corrège. Les élèves de David, Anne Louis Girodet-Trioson (1767-1824) et François Gérard (1770-1837), adoptent un style composite néo-classique et romantique. Les figures au modelé lisse et aux contours de lumière brillante, inspirées des camées et intailles antiques, évoluent dans une atmosphère étrange.
1800-1824
L’emportement de la touche picturale distingue le paysagiste autodidacte Georges Michel (1763-1843). Antoine-Jean Gros (1771-1835), considéré parfois comme le père du romantisme en France, donne une dimension dramatique à ses immenses toiles en relatant les grands événements du Consulat et de l’Empire. Théodore Géricault (1791-1824), surnommé le « pâtissier de Rubens » en raison de sa manière empâtée, recherche le drame expressif. Engagé physiquement et moralement dans sa peinture, mort en pleine jeunesse, il incarne le génie romantique, mais reste classique par l’élaboration technique et par le style de ses figures.
1824-1840
Jean Auguste Dominique Ingres (1780-1867) participe largement au romantisme par les sujets, par les arabesques abstraites et les aplats colorés Son grand rival, Eugène Delacroi&-(1798-18’63), marque de son génie le romantisme et le XIXe siècle. Nerveux et passionné, il veut garder intacte l’impulsion des premières esquisses. La couleur traduit les formes a.et fougue. Le peintre théorise le mélange optique utilisé dans le passe par Véronèse et Rubens. Victor Hugo (1802-1885), figure majeure du romantisme fittéarc. influence la peinture romantique et libère un monde fantastique « angoissé dans le dessin et le lavis brun. Eugène Devéria (1805-1865) d’un talent romantique fougueux, exécute avec brio quelques œuvres aux tons éclatants.
Grande-Bretagne
1770-1800
Johann Heinrich Füssli (1741-1825), d’origine suisse, étudie Michel- Ange et les maniéristes à Rome dans les années 1770 et leur emprunte les gestes outrés, les musculatures forcées, les ombres plombées et les distorsions pour traduire ses créations visionnaires hybrides et lascives. Sujet à des visions célestes dès l’enfance, le grand poète William Blake (1757-1827) considère la gravure et l’aquarelle plus aptes à traduire la spiritualité que la peinture à l’huile. 11 s’inspire de la Bible, des pièces de Shakespeare, de la Divine Comédie de Dante et de ses propres poèmes.
1800-1824
John Constable (1776-1837) exerce une grande influence sur les romantiques français en réalisant ses paysages d’après nature. 11 traduit l’atmosphère et exécute ses toiles avec une grande liberté de facture.
1824-1840
Joseph Mallord William Turner (1775-1851) confère aux thèmes d’actualité la dimension du rêve en annulant le dessin et les contrastes d’ombre et de lumière. La pâte maçonnée révèle les métamorphoses colorées poétiques de la lumière.
Pologne
Aleksander Orlowski (17/7-1832) apprécie particulièrement les thèmes liés aux chevaux.
OEUVRES
Le Cauchemar, Füssli, 1781, Goethemuseum, Francfort.
L’Apothéose des héros français morts pour la patrie pendant la guerre de la liberté, Girodet-Trioson, 1802, Musée national du château de Malmaison.
La Bataille d’Eylau, Gros, 1808, musée du Louvre, Paris.
Dos de Mayo, Très de Mayo, 1814 et les « peintures noires » de la maison du Sourd, Goya, entre 1819 et 1822, musée du Prado, Madrid.
Le Radeau de la Méduse, Théodore Géricault, 1819, musée du Louvre, Paris. La Mort de Sardanapale, 1827, Eugène Delacroix, musée du Louvre, Paris.
La Liberté guidant le peuple ,1831, Eugène Delacroix, musée du Louvre, Paris.
Bateau de négriers, Joseph Mallord William Turner, 1840, Muséum of Fine Arts, Boston.
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