La préhistoire
un élan artistique vital
L’abbé Breuil entreprend au début du siècle, sur un carnet, un relevé systématique des figurations d’une demi-douzaine de grottes ornées. Il pense que les hommes exercent des pratiques magiques pour la chasse et la fécondité. Plus tard, dans les années 1950, l’ethnologue et préhistorien André Leroi-Gourhan dresse un inventaire complet d’une soixantaine de grottes françaises et espagnoles. Ensuite, Leroi-Gourhan généralise ce que lui enseignent ses observations concernant l’évolution de l’art préhistorique : « L’homme commence par •igurer des rythmes, par tracer des signes, des symboles abstraits, et puis, peu à oeu, il progresse vers le réalisme. L’apogée, pour moi, se situe juste avant qu’il ie l’atteigne, mais à son tour, le réalisme se fige en académisme, et c’est le déclin. Ce fut aussi le cas pour l’art grec et ensuite pour celui de l’Occident » Les Racines du monde, 1982).
Que signifie chez l’homme ce besoin d’ajouter un plus, que nous qualifions 3 artistique, à la fonction utilitaire d’un objet, alors qu’il lutte quotidiennement ;our sa survie? L’art devient un produit de première nécessité pour l’homme qui peut se définir comme un être de désir. Louis-René Nougier (L’Art de la pré- ~ stoire, 1993) évoque le sens de cet élan artistique vital : « Quelles sont les parts -espectives de l’action exceptionnelle des génies et de l’action lente et tenace du monde artisanal? Ce sont peut-être deux facettes différentes du même
problème : au fil des millénaires, se noue la grande solidarité, les osm jouent pour offrir par moments aux hommes l’éclat du génie et la ténacité l’artisan, ce qui est le propre des grandes périodes de l’art. »
Leroi-Gourhan rejette l’idée d’un choix arbitraire concernant l’emplac ment des dessins. Au centre du décor pariétal, trône le couple bison/femelle cheval/mâle. Il constate une relation entre la représentation sexuelle et l’endr où elle se trouve dans la caverne. À partir de là, tout prend une significati pour l’imaginaire, y compris les signes abstraits, barres, points, tracés divers, interprétations qui datent des années 1970 semblent maintenant abandonnées Ainsi, Nougier note que chaque « bouche d’ombre » de la grotte, chaque creux profond, génère des animaux se dirigeant vers elle ou bien, symétriquement se dirigeant vers l’air libre. De leur côté, Jean Clottes et David Lewis-Williams penchent pour une explication chamanique. Les peintures permettent d’entre’ en contact avec les esprits (Les Chamanes de la préhistoire, 1996).
On en est réduit aujourd’hui à adopter la thèse du « pluralisme explicatif » Yves Coppens, professeur au Collège de France, déclare toujours attendre le « Champollion de l’art pariétal » !
Vidéo : La préhistoire
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