Les boutons
Une fonction ornementaleLe bouton est une petite pièce souvent ronde, cousue sur une des parties de vêtement et qui sert à le maintenir fermé grâce à des boutonnières ou des brides. II est utile pour les vêtements que l’on enlève (veste) et ornemental pour ceux que l’on garde (robe du soir).
□ La matière était la seule valeur des boutons-bijoux réalisés en pierrerie, en or, en argent ou en passementerie. Dès le xvf siècle, on coud des boutons sur toutes les parties du vêtement, jusqu’à en occulter l’étoffe ! Au xvme, les boutons sont plats ou encerclés de cuivre, et surmontés d’un verre convexe. Au siècle suivant, le bouton se simplifie et s’industrialise. Dans les années 30, la haute couture remet le bouton fantaisie à l’honneur, sous l’impulsion de Eisa Schiaparelli, qui demande aux plus grands artistes de lui créer des boutons en forme de sapin de Noël, de carré de chocolat ou de cachet d’aspirine.
Le bouton communication
Au XVIIe siècle, il est bouton-image et reproduit des scènes bibliques, des peintures célèbres ou des personnages. Au xvnf, il reflète les engouements du moment, avec des motifs chinois ou turcs, et devient l’emblème de corps de métiers (chasseurs, militaires). Après la Révolution, on y inscrit la devise « Liberté, égalité, fraternité ». Au xixe, on y grave les découvertes scientifiques et techniques. L’époque contemporaine a conservé cette tradition, et le bouton, souvent griffé de la marque du vêtement, est devenu un objet publicitaire.
Comment choisir un bouton
□ Le choix d’un bouton doit se faire selon des critères esthétiques, techniques et économiques. Le bouton est un détail à ne pas négliger, car il ne doit jamais dénoter du style du vêtement. Il doit être choisi en fonction du tissu, soit en contraste soit ton sur ton. Il est alors recouvert de l’étoffe ou teint dans la même couleur.
□ Pour des tissus fins ou moyens, il est préférable d’utiliser des boutons à deux ou quatre trous. La lingerie utilise les plus petits, et le bouton ornemental comporte souvent une queue pour le mettre en valeur. La plupart des boutons peuvent se coudre à la machine, sauf les boutons-bijoux de gros diamètre.
□ Le bouton doit également résister aux températures élevées pour l’ennoblissement ou le repassage, aux ingrédients chimiques et aux lavages successifs.
Les procédés de fabrication
Avant la découverte du plastique, les boutons étaient en corne d’animaux, en voire, en coquille de noix, en cuir, en bois, en nacre, à base de lait (caséine). Les èglements concernant la protection animale et les progrès de la plasturgie ont avorisé l’expansion des boutons synthétiques bon marché.
Un bouton pacifique : le corozo
■ Les secrets du corozo
Produit naturel, le corozo est la graine d’un cocotier à grandes palmes, appelé tagua, originaire d’Amérique du Sud et du Soudan, où il est exploité.
À l’intérieur du fruit se trouvent des noix de 5 à 6 cm de diamètre, ce qui limite le diamètre des boutons. Une fois ramassées, elles sont débitées en tranches, puis découpées en forme de pions aux dimensions voulues. Chaque noix ne donne qu’une faible quantité de pions. Les fruits étant de maturité différente et ayant subi des conditions climatiques inégales, ils sont, dans un premier temps, triés selon la couleur, la plus recherchée étant la blanche.
Si la matière est facile à travailler, elle est nettement plus difficile à teindre. En effet, chaque bouton est unique, et pour maintenir la qualité, le fabricant doit opérer un tri sélectif. À Lyon, la Bouton- nerie lyonnaise, qui exploite la marque Corne et Corozo, dévoile ses secrets de teinture. Pour réussir une teinture, il faut, dans un premier temps, prétremper les boutons pour assouplir la matière, qui répondra mieux au colorant. C’est en véritable alchimiste que travaille ensuite le teinturier de cette maison, en choisissant toujours un coloris plus clair que la teinte demandée, car pendant son séchage au four le corozo va se rétracter et le coloris s’assombrir.
Le bouton obtenu ressemble à de l’ivoire. De forme ronde ou carrée, brillant ou mat, à deux ou quatre trous, il offre un toucher chaud et velouté.
■ Un bouton écologique
Le corozo, matière naturelle, nécessite une attention particulière. Sensible aux insectes, il doit être protéger avec des boules de naphtaline.
Par ailleurs, pour éviter toute trace de moisissure, le corozo doit être très bien séché. Malgré l’abondance de la main- d’œuvre d’un bout à l’autre de la chaîne, le corozo est une source de richesse pour certains pays en voie de développement.
Sa fabrication est peu polluante et ses déchets entièrement recyclables. Il s’est peu à peu substitué aux boutons en matière plastique, dont les procédés de fabrication sont polluants et les déchets inutilisables et imputrescibles.
■ Un bouton démocratique
C’est à la fin du xixe siècle que le corozo a été découvert. Jusqu’aux années 40, les boutons en corozo ornaient les costumes et les tailleurs ; ils avaient contribué à la démocratisation du bouton. Les matières plastiques supplantèrent cette matière, qui disparut du monde de la mode. Or, depuis 1985, on a redécouvert l’intérêt du bouton en corozo au prix si doux. Pour la Boutonnerie lyonnaise, les ventes de boutons en corozo représentent près de 15 % du chiffre d’affaires en France mais aussi à l’étranger, notamment en Allemagne et en Autriche.