Techniques de mordant
le mordant est un agent chimique (ainsi l’alun ou l’urine) qui permet de « fixer » un colorant qui sinon resterait fugitif. Ce principe est mis en œuvre par des techniques très diverses. La plus simple consiste à plonger l’étoffe dans un mélange de mordant et de colorant ou, successivement, dans l’un et dans l’autre. Cela permet d’obtenir une couleur unie.
Asie centrale : xylographie
On obtient un colorant noir à partir d’une solution ferreuse épaissie à lafarine ou à la gomme végétale ; on en enduit des blocs de bois qui sont ensuite appliqués sur un tissu de coton trempé dans un mordant à base de noix de pistache. Un autre mordant, cette fois à l’alun, est imprimé sur l’étoffe, ensuite plongée dans un bain de teinture rouge à base de garance, puis rincée pour ôter l’excès de teinture sur les zones non soumises à l’action du mordant. Cela permet d’obtenir des motifs noirs et rouges sur un fond de couleur claire.
Kalamkari:
Dans l’état indien d’Andhra Pradesh, les fabricants de tissu kalamkari recourent à une technique analogue. A Masulipatnam, l’étoffe, d’abord décolorée dans une solution de bouse, est plongée dans un mordant de myrobalan. Des motifs d’oiseaux ou d’animaux y sont ensuite dessinés, ou imprimés, avec des colorants d’origine minérale, mêlés de gomme : entrant en contact avec le mordant, ils virent au noir ou au rouge. D’autres teintures sont ensuite peintes par dessus avant d’être fixées par immersion dans une solution d’alun. Les artisans de la ville de Kalahasti peignent, entièrement à la main, des images religieuses, à l’aime d’une plume en bambou, le kalam, pourvue d’un tampon absorbant fixé à la pointe. On obtient les couleurs de fond en peignant sur une solution de mordant ensuite plongée dans la teinture, c’est-à-dire en inversant la technique utilisée à Masulipatnam.
Ajrakh:
On doit aux communautés musulmanes du Kutch et du Rajahstan, en Inde, comme de la province du Sind, au Pakistan, les tissus de type ajrakh, de l’arabe azrak (« bleu »), en raison de sa couleur. Des blocs de bois permettent d’imprimer sur coton le mordant et la pâte servant de réserve. L’étoffe est ensuite plongée dans un bain de teinture à l’alizarine rouge, puis dans une cuve contenant de l’indigo. Les zones soumises à l’action du mordant absorbent la teinture, celles en réserve demeurent blanches, et le reste prend la couleur de l’indigo (qui n’a pas besoin de mordant).
On produit dans les mêmes régions un tissu semblable, à dominante rouge, le malir, destiné aux populations hindouistes.
Vidéo : Techniques de mordant
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