Broderie : Point de devant
Point de devant:
C’est le plus simple de tous : le fil entre et sort du tissu, donnant l’apparence d’une ligne brisée. Cette technique, facile et rapide, permet aussi de coudre temporairement deux pièces de vêtement, de coudre ensemble plusieurs épaisseurs de tissu, ou de broder des motifs linéaires. Les khantas matelassés du Bangladesh ou de l’Inde recourent ainsi au point de devant ; le fond lui-même est souvent brodé de
cette manière en blanc sur blanc.
Variantes:
Le point de devant présente bien des variantes, mais le plus souvent il sert à tracer une ligne, parfois continue, parfois en pointillé.
Dans le point de trait à double face, une rangée de points de devant séparés par des distances égales est d’abord brodée dans une direction unique. Puis celle-ci est inversée, et une seconde rangée s’en vient combler les espaces de la première. On s’en sert pour broder des motifs géométriques, souvent en combinaison avec le point de croix, et aussi lorsqu’on veut broder en noir sur fond blanc, comme ce fut le cas en
Angleterre aux XVI et XVII siècles.
Le point arrière donne sur le tissu l’allure d’une forme continue. On y parvient par des points brefs à l’endroit, plus longs et se chevauchant à l’envers : « deux pas en avant, un pas en arrière ».
Le point de trait (qu’il ne faut pas confondre avec le simple reprisage) se compose de rangées de points longs séparés par de minus- cules espaces. Il est souvent utilisé comme remplissage, à l’aide de rangées ultérieures à la fois parallèles et aussi brisées.
Point passé plat droit:
On doit au point passé plat droit quelques-unes des plus belles broderies qui soient, car il permet un effet précis, brillant, un peu soyeux, qui peut être reproduit sur l’envers. Bien que de conception simple, il nécessite beaucoup de patience et d’habileté : le motif doit rester régulier, avec une bordure bien franche.
Les points doivent également être très proches les uns des autres pour donner un aspect satiné. Si l’on veut obtenir un effet de rembourrage, on peut recourir à ce point sur une base de points de devant ou de chaînette très serrés, voire sur des bouts de carton prédécoupés. Il peut être travaillé horizontalement ou en diagonale.
Technique:
L’aiguille est placée à gauche du motif à broder, et le fil déposé sur toute la largeur de celui-ci. L’aiguille est ensuite insérée à droite du motif, puis passe sous le tissu pour émerger tout près de l’endroit où commence le premier point. On répète ensuite l’opération, en veillant à ce que les points soient bien plats et parallèles au point de se toucher.
Répartition géographique:
Le point passé plat droit est caractéristique de la broderie chinoise, bien que les grandes zones à couvrir soient souvent exécutées au point lancé long ou court, qui en est une variante. Il est par ailleurs très répandu en Inde, au Moyen-Orient, en Europe, en Afrique du nord et
en Amérique latine.
Point lancé:
le point lancé peut être utilisé comme substitut du point passé plat droit. Comme Ci-dessous : chakla (parement carré) brodé il n’est mis en œuvre qu’à l’endroit du tissu, il est beaucoup plus économique et aufd de soie par la caste Mahajan, Saurashtra, permet de couvrir de grandes surfaces. Il est certes moins lisse d’apparence, les Cujarat, Inde. Les points très longs ont le défaut points ne pouvant être aussi rapprochés. De surcroît, les textiles de ce genre résistent mal à l’usure et sont d’ordinaire réservés aux grandes occasions.
Technique:
L‘ aiguille est d’abord placée sur le côté droit du motif, que le fil traverse avant que l’aiguille ne soit insérée de l’autre côté. Elle doit émerger juste en dessous de son point d’entrée. Le fil est ensuite passé de l’autre côté du motif, on crée un point minuscule, puis l’opération
est répétée jusqu’à ce que le motif soit rempli.
Usages:
C’est dans F État indien du Pundjab que l’on pratique le phulkari (« travail des fleurs »), l’un des plus superbes exemples de point lancé. Les femmes de la région portaient quotidiennement des châles de ce genre avant la partition de 1947. Une bonne part du support restait visible en bordure et au centre, mais lors des fêtes on portait des bagh, variante de phulkari où l’étoffe était entièrement couverte de broderie, sous laquelle elle disparaissait. A la naissance d’une fille, sa grand-mère maternelle entamait aussitôt la broderie d’un bagh, travail demandant le plus grand soin et qui durait plusieurs années : sa petite-fille le porterait lors de son mariage, puis il serait conservé
comme un trésor familial.
Les points étaient aussi bien horizontaux que verticaux, afin de varier les effets de texture. Il est facile d’imaginer l’effet que la lumière, jouant sur le surface brodée, pouvait avoir sur des sections juxtaposées à la couture contrastée.
Point de chaînette:
le point de chaînette compte de nombreuses variantes et est utilisé sous de multiples formes dans bien des endroits du monde. Il peut tracer des lignes ou des bordures, mais aussi servir à remplir certaines zones, tout en permettant des effets en relief. C’est donc un moyen de « dessiner avec du fil », idéal pour les travaux linéaires, auquel recourent fréquemment les numdah du Cachemire et les Resht persans.
Le point de chaînette est l’un des plus anciens qui soient. On en a retrouvé en Chine des exemples datés de la période des Royaumes Combattants (475-221 avant J.-C.), voire même antérieurs.
Technique:
L’aiguille est d’abord placée sur un côté du tissu, le fil est maintenu en boucle avec le pouce tandis qu’elle est insérée dans l’étoffe sur une brève distance. Le fil est ensuite tiré à travers la boucle, sans être très tendu, le processus est répété en insérant l’aiguille là où le fil a
émergé du premier point, ce qui permet de maintenir celui-ci en place. A mesure que les points successifs sont cousus, et en veillant à ce qu’ils soient égaux, apparaît à la surface du tissu une chaîne qui à l’envers prendra la forme d’un point arrière. Le point de chaînette peut également être exécuté à l’aide d’un crochet de tambour en lieu et place d’une aiguille.
Usages:
La facilité et l’adaptabilité du point de chaînette font qu’il est d’usage très commun, sous ses nombreuses variantes, pour les motifs floraux ou animaux si chers aux communautés rurales pour les vêtements et les parements muraux.
Variantes:
Le point de chaînette entrelacé, en zigzag ou cordé sont des variantes très répandues. Le point de bouclette est utilisé pour les motifs floraux. Les boucles sont réalisées indépendamment et fixées avec un point de couture. Le point de chaînette peut également être combiné avec le point arrière ou, utilisé avec le point de corail, permet de créer en effet « en échelle ».
Point de croix:
le point de croix est l’un des plus anciens et des plus répandus. Le Victoria and Albert Muséum de Londres compte parmi ses trésors de superbes panneaux représentant des animaux sauvages, exécutés au XVI siècle par Mary Stuart et ses dames de compagnie.
Comptage des fils:
Nombre de points de couture, comme le point de croix, se doivent d’être précis et réguliers pour paraître à leur avantage. Pour cela, on se sert souvent d’un tissu à armure régulière, équilibrée, ainsi le lin, la toile ou le canevas, de telle sorte qu’on puisse compter les fils, et que l’aiguille puisse y pénétrer à intervalles bien régu-liers. De tels points sont parfaits pour la dentelle à l’aiguille et le travail sur canevas.
Répartition géographique:
Le point de croix est sans doute le plus répandu qui soit. Il permet de remplir au mieux de vastes zones sans guère risquer d’accroc et se prête parfaitement à la broderie. Il orne ainsi les robes des bédouines de Syrie, de Palestine, d’Israël et de Jordanie, les corsages et les chemises des paysans des Balkans, les travaux des jeunes Anglaises de l’ère victorienne. Au Moyen-Orient, il était autrefois utilisé directement sur une étoffe tissée à la main, mais aujourd’hui on préfère la satinette, ce qui exige de coudre au point de croix sur un canevas à jours dont on enlève les fils une fois la couture achevée.
Styles différents:
Le point berlinois fut très populaire en France et en Angleterre au xixe siècle : on brodait sur canevas avec de la laine allemande aux couleurs vives. Le point d’Assise recourt à des points de couture bleus ou rouges sur un support de lin peu à peu recouvert, le motif apparaissant en négatif.
Point de chausson:
le point de chausson, parfois appelé point natté slave, est une variation j très répandue.
Technique:
Le point de chausson ressemble beaucoup au point de croix, à ceci près que les fils ne se croisent pas au centre mais, alternativement, en haut ou en bas, pour donner un effet en treillis. Pour cela, on progresse en diagonale, comme dans le point de croix, mais l’aiguille est à chaque fois ramenée légèrement derrière le point précédent, si bien qu’elle passe par-dessus.
Répartition géographique:
Le point de chausson et ses variantes sont d’usage très courant. Il est ainsi très fréquemment utilisé chez les Bédouines de Jordanie, de Syrie, de Palestine et d’Israël, ainsi que par les femmes des oasis de l’ouest de l’Egypte ; les unes comme les autres brodent ainsi des motifs en rouge sur leurs robes noires. Dans l’état indien du Gujarat, on recourt à certaines variantes pour broder jupes et parements. Le point d’arête tronqué sert à réaliser bandes et bordures en Afgha-nistan, dans la région du Hazarajat.
Variantes:
Le point d’arête doublé est construit en chevauchant les points individuels, et couvrant complètement le fond, ce qui permet notamment d’obtenir des bandes de couleur.
Le point d’arête est généralement un point de remplissage employé pour des motifs de feuilles ou de pétales où la zone à remplir est trop large pour un point passé plat droit. Le croisement se situe au centre du motif, formant comme une nervure. Dans une de ses variantes, chaque point va d’une bordure à l’autre pour donner un effet surélevé, rembourré.
Dans le point d’arête ouvert, les points ne font que traverser la ligne médiane.
Vidéo : Broderie : Point de devant
Vidéo démonstrative pour tout savoir sur : Broderie : Point de devant
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