Le Cortile du Belvédère
Le Cortile du Belvédère, dont Bramante a réalisé les plans entre 1503 et 1504 pour les palais du Vatican, est resté célèbre. Mais, même avant cette date, avec l’usage des chambres dans les étages élevés des tours, en Europe ou ailleurs, au Yémen par exemple, on peut penser que l’on a profité de ce plaisir de la vue. Le belvédère, surtout si on le réfère à la villa et au jardin italien composé de perspectives, de coulisses, de décors, etc. est un moyen pour le regard de saisir l’ensemble d’un seul coup. On a ainsi un cas d’équilibre rigoureux entre naturel et architectonique, “organique” et “abstrait” chez Palladio dont les villas, très souvent, avec leurs rangées de colonnes, leurs porches-belvédères, manifestent une ouverture rythmique qui tend a devenir nature. Alors que dans le jardin à l’anglaise, la vue panoramique fait partie d’un ensemble qui, de toute façon, n’exclut pas la découverte, suivant les moments, de l’arbre séculaire, des arbustes, de la prairie, de la pergola, des ruines, de la pagode chinoise, et ainsi de suite, ici, la promenade est continuellement ponctuée de surprises pour un jeu de l’imagination.
On trouve dans le tourisme pittoresque et dans le jardin paysagiste anglais un paradoxe, qu’a bien relevé Andrews : d’un côté on célèbre la nature que l’homme n’a pas touchée et de l’autre on veut embellir l’aspect de ces paysages sauvages à peine découverts. Le paradoxe permet aussi de comprendre que la transformation des campagnes selon les Idylles de Théocrite et les Églogues de Virgile est clairement une exagération. La mythologie antique passe à travers le filtre de l’imagination, des lentilles optiques du Lorrain et de l’architecture du territoire. La poésie pastorale, typique de l’époque, se marie au goût en vogue, transformant la simplicité rurale ou l’âpreté sauvage en embellissement artificiel. Andrews 11989, p. 51, citant le voyage de M. A. Hanway dans les I lighlands écossais (1775), dit qu’il ne lui manque qu’un Amyntas pour s’imaginer en Arcadie.