La contemplation du paysage : Genuis logi
Pour les Grecs, nature et paysage sont représentés et vus dans la totalité du cosmos qui peut être décrit selon une gamme de sensations capable de révéler l’esprit du lieu, comme l’avaient d’abord fait Homère, puis Virgile. L’idée du genius loci vient de l’Antiquité, et pas seulement de l’Antiquité grecque, et se retrouve jusqu’à Shaftesbury, Fénelon, Rollin, Watteau, Marivaux, Montesquieu, Voltaire et Diderot, pour être ensuite reproposée par Kant et Goethe. Celui-ci nous a décrit la nature comme une étreinte enveloppante, comme un tourbillon de danse. Description qui nous rappelle la légèreté et la passion de la grâce, le mystère de ce qui se révèle dans le monde des formes. Genius loci est, dans la culture moderne et contemporaine, une idée selon laquelle la nature trouve dans 1 artiste son propre ingenium ; et c’est aussi la théorie de la nature qui imite l’art grâce à son génie. Chez les Grecs, la h y lé était vue comme étonnement ; c’est à travers l’observation que l’homme connaît. Il existait alors en effet un lien entre la vue (tbea) et l’étonnement (thauma).
Les dieux étaient l’esprit du lieu, les entopioi theoi évoqués par Socrate dans le Phèdre, et étaient des sources d’inspiration. On sent leur présence, on les voit surgir et ils font naître le merveilleux. C’est entonnement de regarder et d’être regardé. Les hommes peuvent voir le dieu mais les dieux aussi les observent au sommet des monts, des arbres, au milieu des ruisseaux, dans ta joie d’une participation esthétique qui, née d’une conception animiste, a survécu pendant des siècles.