La passementerie
La mode et la passementerie
□ Parmi les passements les plus utilisés dans la mode, on trouve les franges moulinées (souples), les franges torses guipées (rigides), les franges méchées ou quadrillées. Certaines attaches peuvent être faites en passementerie, comme les boutons ou les brandebourgs aux motifs arabesques terminés par un pompon ou un gland.
□ Les galons, autre type de passementerie, s’appliquent directement sur l’étoffe, tout comme les rubans qui, plus souples, peuvent être noués. Le croquet, petit galon qui forme des zigzags, ornait, par exemple, les robes vichy des années 60.
□ Les passementiers produisent le ruban en série au nom d’une griffe ; il sera cousu au dos du vêtement.
Du sacré au profane
□ La passementerie a longtemps été le signe d’une haute distinction sociale, d’un pouvoir royal, aristocratique, religieux ou militaire. Ornement très coûteux, on prétend qu’au xvf siècle, elle causa la ruine d’une partie de la noblesse française.
□ Elle perdit de son intérêt avec la simplification du costume, dès la fin du xvme siècle. Elle remplit alors ses fonctions de distinction dans le costume militaire, codifié et très hiérarchisé. Dans les années 20, Paul Poiret lui donna une connotation orientale avec ses torsades de perles. Aujourd’hui, des couturiers et des créateurs, tels Yves Saint Laurent, Christian Lacroix ou Isabel Canovas, perpétuent cette tradition ornementale.
□ Des pouvoirs sacrés lui sont conférés. L’invincible déesse Athéna était revêtue de vêtements ornés de franges. Durant certaines cérémonies juives, les rabbins portent des tenues ourlées de passementeries très fines. En Corée, l’âme du défunt est censée rejoindre l’au-delà en s’agrippant aux franges multicolores de son linceul. Au Japon, glands et autres passements délimitent les temples shintoistes. Dans la tradition catholique, la passementerie est largement présente dans le costume liturgique des hauts dignitaires et symbolise la force et la vérité de l’esprit.
Une technique qui s’exporte
Il La passementerie utilise trois sortes de métiers à tisser : le métier à main, le nétier ratière, qui ne permet la fabrication que de quelques modèles, et le métier à :rochets pour les séries industrielles. Les plus belles pièces sont faites à la main, :e qui explique leur prix élevé.
Les régions de Saint-Étienne et de Lyon n’ont plus le monopole de la passemen- erie. Les Japonais sont si friands de passementerie française qu’un fils de tisse- and, Shoichi Watanabe, a exporté vers son pays ces techniques artisanales. Il vend maintenant ses galons et ses rubans dans le monde entier, y compris en rance, sous la marque Mokuba, véritable institution.
Portraits de famille
■ Julien Faure : le ruban prend du relief
La maison Julien Faure, créée en 1864 à Saint-Just-Saint-Rambert, est réputée mondialement pour ses rubans jacquard aux effets façonnés, matelassés ou brochés. Associée aux plus grands noms de la couture internationale, la famille Faure, toujours aux rênes de la maison, a dû s’adapter à un marché de plus en plus concurrentiel et aux conséquences d’une mode toujours versatile. C’est donc en alliant son savoir-faire artisanal, presque artistique, aux impératifs industriels que la maison Julien Faure a pu préserver sa création et ses nombreux sites de production en France. Désormais, les rubans de haute couture côtoient les rubans moins élaborés, destinés à des clients de prêt-à-porter ou à des distributeurs. C’est grâce à ce pari industriel que les rubans Julien Faure ornent les vêtements conçus aux quatre coins du globe.
Les passementeries Perrin ou les couleurs de la mode
A priori, rien ne prédestinait Geneviève Perrin à reprendre l’entreprise familiale de « tresses et lacets en tout genre », créée par ses grands-parents à Saint- Chamond, haut lieu de production de passementerie. Pourtant, en 1989, Geneviève Perrin, alors diplômée de Sciences économiques, cède au virus de la passementerie en reprenant la fabrication des cordons qui, par la suite, donneront brandebourgs, boutons, glands et autres pompons. Convaincue de la nécessité d’une diversification, la fabrique s’ouvre au monde de la maison, en inaugurant, en plein quartier Latin, une boutique au nom évocateur de Tradition renouée, proposant ainsi ses créations aux particuliers. Mais la véritable spécificité de la maison Perrin est le cordon en couleur.
■ Les Dorures Louis Mathieu : les galons d’or et d’argent
Comme dans le célèbre conte, les Dorures Louis Mathieu transforment, tels des alchimistes, desimpies fils en fils d’or ou d’argent. Installées à Lyon depuis 1888, les Dorures Louis Mathieu demeurent les seuls fabricants français à avoir conserver la filature et le façonnage de galons en fils d’or et d’argent. Elles ont inventé et déposé un brevet de vernis appelé Louisor, qui rend les filés, les laminettes, les passementeries et les broderies inaltérables au feu et au temps qui passe. Cette entreprise familiale a brillamment allié tradition et nouveauté et propose aujourd’hui, dans son magasin parisien, des fils d’or et d’argent pour la broderie et toute une gamme d’agréments : crochets, rubans clinquants pour décorer les tenues, galons, lacets, passepoils et boutons.