Le vêtement : La teinture
Le principe de la teinture est identique, qu’il s’agisse de méthodes artisanales ou industrielles, et nécessite un produit colorant, un fixateur et de l’eau. Une bonne teinture doit résister à l’action de la chaleur, de l’air, de la lumière, de la pluie, aux frottements, à la sueur et aux produits d’entretien.
Les modes de fixation des couleurs
□ Avant la teinture, le teinturier doit examiner la matière à teindre, mettre au point les nuances, choisir le colorant le plus adapté et teindre des échantillons.
□ Il disposera ensuite de trois grandes méthodes de teinture.
– La première, dite teinture directe, consiste à mettre directement le textile dans le bain de teinture. Cette méthode est peu fiable et favorise le dégorgement.
– La seconde est appelée teinture directe par mordançage. On prépare la fibre à l’action du colorant avec un produit, le mordant.
– La dernière méthode, indirecte, se fait par réaction chimique. Le textile est imprégné successivement dans différents produits qui, par réaction, provoquent l’apparition ou la fixation de la couleur.
Les produits colorants
□ Les matières colorantes sont fournies par le règne animal avec les insectes ou les coquillages (cochenille, pourpre), le règne végétal avec l’indigo (extrait de la plante d’indigotier à la couleur bleu foncé), la garance ou rouge turc, le pastel (pâte faite de pigments colorés au ton clair), la noix (dont l’extrait mélangé avec du fer donne le noir). Aujourd’hui, les colorants sont fournis par l’industrie chimique.
□ Depuis le début des années 90, l’emploi des colorants de synthèse est soumis à une réglementation stricte. Ainsi, une vingtaine de produits tels que les colorants azoïques et le PCP (pentachlorphinol) sont interdits. Leur contact direct et prolongé avec la peau peut libérer des substances cancérigènes.
Les techniques de teinture
□ La teinture peut s’effectuer aux diverses étapes de la fabrication d’un vêtement : avant la filature (bourre ou ruban de carde), sur le fil après la filature (écheveau, bobine ou canette) ou sur le vêtement fini.
□ Le type de matériel dépendra de la quantité de produits à teindre. Les fils sont teints dans des appareils appelés autoclaves, où le bain circule et la matière est immobile. Pour les petits métrages de tissu, la matière est mobile et le bain fixe (machines jigger, foulard ou barque). Les grandes séries de bain propulsé entraînent la matière (machines overflow ou jet).
□ Lorsque le rouleau de tissu est teint après avoir été tissé, on emploie l’expression « teint en pièce », par opposition au « tissé teint », qui désigne les tissus obtenus par le tissage de fils déjà teints en couleur unie ou à motifs (vichy, pied-de- poule).
□ Depuis les années 80, on utilise la technique de la teinture en plongée, où le vêtement est teint après avoir été confectionné, ce qui permet de s’adapter plus rapidement à la mode.
Le fruit de l’homme et de la nature : le hei jiao chou
■ Une teinture naturelle ancestrale
Il y a plus de deux cents ans, les paysans de Shunde, dans la province de Guangdong dans le sud de la Chine, ont créé la soie gommée à base de boue argileuse, du suc de la tubercule du gambier (shu liang), en jouant avec la rosée matinale et les rayons du soleil de mai à octobre. Cette teinture naturelle se prépare en hachant finement la racine du gambier que l’on fait mijoter dans de grands bacs en terre jusqu’à obtention d’un jus orangé. Des laies de soie blanche sont déroulées et plongées délicatement dans le bain, puis étendues dans un champ d’herbe pour être séchées au soleil. Une trentaine de fois, le tissu est remis dans la teinture et de nouveau séché.
■ L’étape finale
À l’aube, l’étoffe imprégnée de teinture est déployée le long de la rivière et enduite de boue sur une seule face en une seule fois. En séchant avant le lever du soleil, une fine pellicule luisante de couleur anthracite recouvre la soie d’un vernis. Un dernier rinçage à grande eau dans la rivière termine la teinture et la fin d’un cycle. Le tissu a alors un toucher semblable à celui du papier laqué, avec une face gris-noir et l’autre terre. Ce n’est qu’au premier lavage qu’il se transforme en prenant des aspects de cuir vieilli, le brun s’étant mélangé au noir, et qu’il reprend son toucher soie.
■ Des qualités remarquables
Avec ce tissu imperméable et aéré, les paysans pouvaient affronter l’humidité et la chaleur du climat subtropical. La facilité de son entretien l’a rendu très populaire pendant la dynastie Qing.
Dans les années 20, la classe huppée de la société chinoise l’adopta pour ses caractéristiques et son aspect noble.
■ Un tissu inimitable
Mais la soie gommée nécessite un labeur harassant, jugé fort peu rentable dans la Chine d’aujourd’hui. Les Japonais ont bien tenté de reproduire les multiples qualités et l’aspect marbré de la soie gommée avec des produits colorants chimiques, mais sans succès.
Vidéo : Le vêtement : La teinture
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