Surprise du regard mobile : Le temps psychologique
Le temps psychologique pour recevoir les choses environnantes se trouve donc lié aux variations du mouvement à travers lequel se déploient divers points1 de vue et différents domaines du plaisir synesthésique. Le mouvement requiert l’expérience corporelle ; d’antres sens y participent, non seulement la vue mais aussi l’ouïe, l’odorat, le toucher. Des jeux ininterrompus des sens et de la connaissance se développent ainsi dans le temps et dans l’espace. Marcher, nager, chevaucher, aller en barque, à bicyclette, à moto, en auto, en train, en avion, etc. sont des façons d’expérimenter esthétiquement le paysage. Les formes autour de nous s’organisent en séquences dotées de rythmes divers. Ainsi que nous pouvons l’éprouver directement, et que la littérature, la peinture et les autres arts nous l’ont décrit, le paysage change d’aspect comme un chant. Nous vivons une surprise de la vision et de la sensation, dans une promenade solitaire ou dans un voyage dans les airs. Et cela grâce au type de déplacement que nous adoptons, et grâce également aux autres interventions qui sont indépendantes de nous : variations atmosphériques, climatiques, saisonnières, mais aussi variations de la lumière, des couleurs, du vent, de la température ou même variations liées aux grands bouleversements naturels (éruptions volcaniques, ouragans, tremblements de terre).
La naissance d’une esthétique moderne du paysage se développe à partir de certains thèmes du land- scape gardening et de la théorie du goût pittoresque, et non de leur exagération baroque, du sentimentalisme des ruines, d’un catastrophisme complaisant, de l’ambiguïté de Vimprovement, ou d’un courant d’affectation maniérée, d’embellissements superficiels et de fantaisie. Elle provient plutôt de la sensibilité que ces discussions sur ce qu’il faut faire, sur la façon de modeler et d’observer le paysage, ont favorisée sur le chemin controversé du goût au XVIII e siècle et après lui. Dans la sphère de la vision et de tout ce qui lui est lié (vues, belvédères, panoramas, techniques de perception, etc.), nous trouvons le point de vue qui fond le choix de la beauté naturelle dans ses variant mis, une fois que l’on a abandonné le contexte proprement historique de l’œil pittoresque et choisi, au «oniraire, celui de l’œil intérieur, disons romantique, ce qui est une méthode incontestable d’évaluation esthétique du milieu, de l’espace et du territoire.
Comme on l’a dit plusieurs fois, le point de vue, dans sa spécialisation optique, fait advenir un regard nouveau ; mais il va être considéré seulement comme h m des aspects fondateurs de l’esthétique du paysage, i n coup d’œil sur le passé, sur les racines de notre contemplation, sur le mythe, sur la théorie du cosmos montre que ce regard existait depuis longtemps, même ..mis les inventions techniques (belvédères, etc.) que nous avons évoquées. L’Antiquité suggère des modèles, invite à méditer sur les valeurs de la mémoire. Elle sert a projeter notre futur.