Le tailleur
Le tailleur est une tenue féminine ambivalente. D’un côté, il est le signe de nouveaux comportements qui prônent l’égalité des sexes ou la réussite sociale, de l’autre, il est accusé de classicisme, voire de conservatisme. Il va s’imposer progressivement dans la garde-robe féminine.
Tailleur et nouveaux modes de vie
□ Version féminine du costume masculin, le tailleur doit être également composé, d une veste assortie d’une jupe ou d’un pantalon dans le même tissu.
□ Sous 1 influence des sports équestres, les femmes adoptent, au xvif siècle, 1 ancêtre du tailleur : la hongreline, veste agrafée sur le devant et serrée à la taille’ portée avec une jupe confectionnée dans la même étoffe. Au xvnr siècle, sous 1 impulsion d une bourgeoisie naissante soucieuse de se distinguer des aristocrates aux robes somptueuses, on porte le casaquin ou caraco, détournement de la redingote masculine.
□ Au XIXe siècle, trois grands facteurs accélèrent la diffusion du tailleur : l’urbanisation croissante, qui va de pair avec une standardisation des modes de vie, les revendications féministes et la pratique du sport.
Un vêtement évolutif
□ En 1947, au sortir de la guerre et en pleine période de rationnement, Christian Dior lance le fameux tailleur Bar, fer de lance du « new look ». La veste est galbée par des entoilages spéciaux, les épaules sont arrondies et la jupe rallongée est très ample. Ce tailleur fait scandale car il est jugé trop coûteux. S’il est considéré comme avant-gardiste, en fait, il reprend les volumes des vêtements de l’Ancien Régime
□ Les années 60 marquent une grande révolution avec Yves Saint Laurent qui habille, pour la première fois, les femmes d’une manière androgyne avec le premier smoking-pantalon. Jusqu’alors, et malgré une timide tentative dans les années 20, on associait tailleur-pantalon à revendication homosexuelle.
□ Les années 70 rejettent complètement le tailleur. Son grand retour se fait une décennie plus tard. Il devient l’emblème de la carrier woman et l’uniforme féminin au travail. Les années 90 déstructurent le tailleur, qui devient ensemble. La jupe ou e Pantalon sont confectionnés dans des tissus différents (chaîne-et-trame stretch maille, etc.).
Londres-Paris : une guerre d’influence
Ces deux capitales européennes se disputent la mode du tailleur jusqu’au début du siècle. Si Londres met au point le tailleur, c’est Paris qui en fait un vêtement sophistiqué à la mode. Deux maîtres tailleurs, Alexis Lavigne et John Redfern, vont favoriser son essor. Le premier met au point des méthodes de rationalisation’dans la conception et la fabrication du tailleur. En 1854, il fonde avec sa fille une école qui, aujourd hui, s’appelle Esmod. Le Britannique John Redfern, installé sur les rivages de l’île de Wight, propose des tailleurs réalisés dans des lainages très confortables aux jeunes femmes en villégiature sur l’île. Le succès est si grand qu’il ouvre des magasins à Paris en 1881.
Deux maitres tailleurs du IIIe millenaire
■ Thierry Mugler : au-delà des apparences
La femme imaginée par Thierry Mugler est « une femme au bord du vide, hantée par la passion, mais contrôlée par son tailleur ». C’est pour cette diva aux allures futuristes qu’il a imaginé un tailleur d’exception à l’allure emblématique qui sculpte un corps athlétique et sublimé.
Thierry Mugler puise son inspiration dans son passé de danseur autant que dans son goût pour l’architecture. De ce mélange inédit est né un vêtement qui allie structure et liberté de mouvement. L’histoire d’un tailleur Mugler ne laisse aucune place au hasard et chaque détail est minutieusement étudié pour participer pleinement à l’équilibre de cette « couture anatomique » qui construit un corps aux lignes idéales. Taille fine, épaules arrondies, buste mis en valeur, hanches galbées, tels sont les principes fondateurs du tailleur que Mugler fait évoluer à chaque collection.
La silhouette est modelée par des crêtes apparentes, des basques, des découpes et des surpiqures qui aident à souligner l’anatomie. Ces tailleurs Mugler se déclinent pour un large de éventail de morphologies féminines.
■ Claude Montana : tailleur ou costume ?
Le tailleur de la carrer woman des années 80 doit son renouveau au coup de ciseaux du styliste Claude Montana. Pour cette femme à l’esprit d’indépendance, il a conçu un tailleur qui associe confort, élégance et simplicité. Si sa silhouette s’inspire largement des tenues masculines c’est dans le travail du cuir, sa matière fétiche, qu’il convient d’en rechercher l’origine.
Depuis les premières collections, le tailleur Montana n’a cessé d’évoluer. Rendue ample et souple aux épaules par des pad- dings, cette ligne aux épaules larges et aux hanches minces s’est affinée.
Les nouveaux tailleurs se sont rapprochés du corps tout en conservant leur souplesse originelle. La coupe reste fidèle aux techniques traditionnelles des costumes masculins. Les matières signent le style Montana. S’il les préfère naturelles comme le lin ou la soie, ses tailleurs sont souvent réalisés en plongé, cuir très souple qui suit les mouvements. Mais c’est dans l’éventail des cou – leurs chromatiques que Claude Montana a su donner une âme à ses tailleurs : bleu bien sûr, mais aussi rose- lilas, sable lumineux, blanc optique, vert d’eau.
Vidéo : Le tailleur
Vidéo démonstrative pour tout savoir sur : Le tailleur
https://youtube.com/watch?v=CRlvjD2fP_I%C2%A0