La broderie
La broderie : un art universel ?
□ La broderie englobe de nombreux domaines, de l’art primitif à l’art contemporain, de l’activité domestique à la haute couture en passant par l’industrie. Retracer ses influences serait réducteur, car elle a traversé les civilisations tout en conservant son identité (patchworks américains, broderies à petits miroirs du Pakistan).
□ La broderie d or, la plus universelle, s’apparente à un art sacré, réservé au costume religieux. L’Europe a longtemps conservé cette tradition du vêtement liturgique brodé d’or et de pierreries. Le Maghreb, l’Iran et la Turquie ont développé des broderies d’or calligraphiées inspirées par la religion musulmane.
□ Au xxe siècle, ja broderie conjugue la séduction, l’art et la communication. Elle agrémente les vêtements de jour comme ceux du soir. Deux techniques produisent des broderies : la guipure, réalisée sur un fond qui sera éliminé par un bain acide ne laissant que les fils. Cette technique du dévorage donne un aspect transparent à la broderie ; la broderie appliquée, où des fils sont cousus sur un fond.
La broderie : un art au service de la haute couture
□ La broderie pour la haute couture reste une technique à part. Le brodeur met au point avec le couturier la broderie à réaliser ; il faut des centaines d’heures pour broder à la main un vêtement. Le brodeur parisien Jean-François Lesage symbolise cet artisanat de luxe. La maison de broderie fut créée en 1920 par Albert Lesage. Jean-François Lesage reprend dans les années 60 l’entreprise familiale, perpétuant la tradition de la broderie main. Chaque saison, il fournit environ 80 % des vêtements de haute couture.
□ Parmi les techniques, on trouve la machine à broder Cornely. Inventée par un certain Cornely, elle brode au point de chaînette et réalise, entre autres, le feston. Bien que ressemblant à une machine à coudre classique, l’utilisation de la Cornely requiert une très grande habileté.
La broderie : une activité industrielle
□ La mécanisation de la broderie s’est faite par étapes mouvementées entre les différents pays européens, dont la Suisse et l’Autriche. En France, les régions de l’Aisne (Saint-Quentin, Villers-Outréaux ou Caudry) et lyonnaise ont développé des industrie de broderie. De petits ateliers artisanaux fleurissent également en fle-de- France, proposant des broderies simples et bon marché. Les pays du Sud-Est asiatique et l’Inde sont venus concurrencer les broderies européennes.
Les machines sont totalement informatisées. Plus de mille aiguilles peuvent être actionnées simultanément sur un fil tendu dans un cadre vertical. Les motifs (écussons, etc.) sont brodés par des blocs de brodeuses multi-têtes.
Les smocks
■ Une broderie venue d’Angleterre
Les smocks sont des fronces réalisées partiellement sur un vêtement puis rebrodées. Ils sont exécutés sur de petits plis verticaux, ce qui permet de diminuer la largeur d’un vêtement tout en lui donnant une certaine élasticité. Les smocks sont relativement simples à faire à la main, mais ils peuvent être cousus à la machine avec un fil élastique. Le résultat est une succession de losanges appelés également nids d’abeille.
■ L’origine
Le terme vient de l’anglais smock, qui désigne également la blouse que revêtaient les ouvriers agricoles au début du siècle, qui les protégeait des intempéries. Il s’agissait d’un large vêtement en forme de T, réalisé le plus souvent dans une toile de coton ou dans un lin épais.
■ La tradition
Chaque région anglaise possédait sa propre variante, reconnaissable aux points employés (point de tige, de câble, de chaînette ou d’épine) qui donnaient des motifs variés (vagues, zigzags, spirales, cercles, feuilles, etc.) suivant l’imagination et le savoir-faire de la brodeuse. Cette tunique disparut des campagnes dans les années 20, et la tradition domestique des smocks tomba dans l’oubli.
■ Le renouveau
Pourtant, vers 1880, le magasin londonien Liberty, célèbre pour ses imprimés fleuris, s’inspira des illustrations d’une jeune styliste anglaise pour créer les premières robes à smocks pour les petites filles. Au début des années 20, les femmes anglaises portèrent des robes à
smocks pour s’insurger contre le corset. Entre 1930 et 1940, les smocks étaient brodés sur la lingerie féminine. La tech – nique manuelle des smocks était même au programme des cours de couture. Les années 70 et leurs revendications pacifistes remirent les smocks au goût du jour, à la faveur des modes folkloriques. En été, les smocks envahissent les rues, ils sont réalisés dans des tissus légers et fluides, même s’ils ornent surtout les vêtements de grossesse. Ainsi, en un quart de siècle, les smocks ont évolué du costume masculin aux vêtements pour enfants et pour jeunes femmes.
■ Et maintenant…
Venus d’Angleterre, il fallait une créatrice anglaise, Viviane Westwood, à l’humour décapant pour détourner les smocks, très british, et en faire des robes sexy. Timidement, en France, de jeunes créateurs (Marianne Battle ou Nicola Edeler) tentent de les remettre au goût du jour en reprenant des techniques anciennes.
Vidéo : La broderie
Vidéo démonstrative pour tout savoir sur : La broderie
https://www.youtube.com/embed/MVd6uRlT4rQ