La dentelle
La technique de l’aiguille et du fuseau
□ La technique de la dentelle à l’aiguille consiste à introduire des fils autour d’une charpente ; ils vont former la toile ajourée caractéristique de la dentelle. Le dessin à reproduire est tracé sur un carton, appelé parchemin ou velin, retiré une fois l’ouvrage achevé. Autour du fil viendront s’accrocher des bouclettes qui formeront les parties opaques ou ajourées. Cette technique, proche du crochet, donne des dentelles reliefées ; la plus connue est celle d’Alençon.
□ La technique de la dentelle au fuseau comporte trois variantes. La dentelle à fils continus utilise un nombre égal de fuseaux pour une même hauteur. La dentelle à pièces rapportées permet le travail de motifs séparés qui peuvent être assemblés à l’aide d’autres fuseaux (dentelles Chantilly ou Blonde). Une autre technique s’inspire du même principe : deux fils au moins sont croisés et donnent simultanément un fil de chaîne et de trame ; les points de croisement sont maintenus en place par des épingles qui sont retirées au fur et à mesure.
Les dentelles mécaniques
□ En 1809, un fabricant de bas, John Heathcoat, invente la première machine à fabriquer du tulle. Mais c’est son compatriote Leavers qui perfectionne le système, qui porte depuis son nom. La dentelle Leavers est une spécialité de la ville de Calais. Elle se distingue par sa finesse, sa précision et son extrême solidité.
□ Le métier Jacquard, bien qu’inventé au xixe siècle, n’est mis au point pour la fabrication de dentelles qu’un siècle plus tard, au milieu des années 80. Cette machine entièrement informatisée permet la production en grande quantité de dentelles se rapprochant des dentelles de Calais.
□ La dentelle Rachel ou Raschel fut mise au point par des ingénieurs allemands dans les années 50. Sur un fond en tulle sont brodés des motifs plats.
La dentelle : une utilisation précieuse
□ Dès ses débuts et malgré son prix très élevé, la dentelle connut un engouement tel qu’elle fut soumise aux lois somptuaires. Au xvf siècle, la dentelle était l’apanage des gentilshommes. C’est à partir du siècle suivant que la dentelle se féminisa. La Révolution simplifia le costume et bannit tout signe ostentatoire, témoignage de l’Ancien Régime. Napoléon Ier, s’il comprit l’importance économique de la production de dentelle, la réserva au costume féminin.
□ La dentelle symbolise toujours le luxe et fait appel à un savoir-faire artisanal et artistique. Très utilisée dans les collections de haute couture, elle ne descend dans la rue qu’au gré d’une mode. Le tissage avec des fibres élasthannes et l’introduction de la couleur lui ont permis de trouver de nouveaux débouchés dans la bonneterie. En quatre siècles d’existence, elle est passée du dessus au dessous.
Petits points et vieilles dentelles
■ Le chantilly
Le chantilly est une dentelle noire ou blanche exécutée au fuseau à fils continus avec un fil de soie. Réalisée en bandes relativement étroites, ces dernières sont reliées entre elles par un fil invisible à l’œil nu. Née au xvnesiècle en Île-de-France, la dentelle chantilly est fabriquée depuis le xvme en Normandie et se mécanise au xixe. Elle sert à la réalisation de châles, parapluies, robes du soir. Elle se caractérise par des motifs représentant des corbeilles, des vases ou des fleurs.
■ La blonde
La blonde est une dentelle au fuseau datant du xvin® siècle. Son nom vient de la soie naturelle ou écrue, du lin blanc ou des fils d’or et d’argent qui servaient à sa réalisation et qui lui donnaient cette couleur particulière. Deux fils de grosseurs différentes étaient entremêlés pour former des motifs floraux. Produite en France et en Angleterre, la blonde fut la première dentelle mécanisée avec le métier Warp, en 1833.
■ La dentelle chimique
Innovation du xixe siècle, la dentelle chimique est travaillée avec des fils de soie ou des fibres végétales, puis brûlée avec de la soude caustique. Le résultat obtenu imite la dentelle à l’aiguille.
■ La guipure
Le fond de cet ouvrage, que l’on retrouve également dans la classification de la broderie, est agrémenté de brides. Ce terme est attribué surtout aux dentelles antérieures au xvme siècle. Les ville du Puy, de Bayeux et de Caen en firent une de leurs spécialités. Dentelle lourde, elle sert essentiellement pour la réalisation de robes de mariée.
■ Le cluny
Cette dentelle est le symbole de la den – telle du Puy. Composée de fils continus aux dessins géométriques, la dentelle cluny comporte un grand nombre de points de forme allongée. Le cluny est actuellement la dentelle la plus répandue dans le monde. Activité souvent domestique, on la retrouve au Brésil, à Madagascar ou en Asie.
■ Le point d’Alençon
L’expression « point d’Alençon » fait son apparition en 1720. Réalisée à l’aiguille, cette dentelle se caractérise par un réseau de mailles qui s’accrochent les unes aux autres et à un fil de soutien couché entre les motifs du dessin. Robuste malgré son extrême délicatesse, elle a longtemps orné les vêtements des nobles.