Le portrait
Le portrait:
Le portrait apparaît dès l’Antiquité égyptienne, s’épanouit à la Renaissance en Europe occidentale, puis devient un genre stable pratiqué par la plupart des peintres, avant de disparaître, supplanté par la photographie. L’art du portrait est celui de la capture de la ressemblance physique et psychologique du modèle.
Le portrait est religieux ou commémoratif jusqu’au XV siècle:
Quel que soit l’époque ou le milieu social, le portrait est lié dès son apparition au rituel de la mort (portraits funéraires de Fayoum en Égypte du I au IV siècle, culte des ancêtres à Rome). Au Moyen Âge, cette image est considérée comme un double maléfique susceptible de voler l’âme de son modèle. C’est pour cette raison que, jusqu’à la Renaissance, ce genre est réduit à l’art funéraire.
Dans le cadre de la peinture religieuse, l’Église accepte le portrait des saints. Celui-ci, symbolique et codifié, doit être accompagné des attributs conventionnels de chaque figure sainte : le lion de saint Marc, la coquille de saint Jacques… En revanche, l’Église refuse le portrait du temporel, qui entrera cependant dans les églises par le biais des peintures commémoratives. Tout d’abord, les papes s’y font représenter lors de la bénédiction de l’édifice, puis les donateurs, qui apparaissent sur le tableau offert, souvent un polyptyque (tableau articulé en volets) au revers duquel ils figurent.
Le portrait devient un genre autonome à partir de la Renaissance:
L’humanisme de la Renaissance, en valorisant l’homme et l’individu, favorise l’essor du portrait. Ce genre devient autonome. En Italie, les premiers portraits offrent le sujet de profil ; ainsi, Piero délia Francesca (v. 1416-1492) représente le duc d’Urbino, dans le portrait Federico da Montefeltro, à l’image des souverains figurés au revers des pièces de monnaie. En Europe du Nord, Van Eyck (v. 1390-1441) innovera avec la représentation de trois quarts, plus expressive. Dès lors, cette peinture devient le genre de prédilection des Flamands. mm Le XVI siècle met à la mode les galeries de portraits, les familles fortunées affichent leur rang et leur lignée. Les plus grands artistes, Holbein, Rubens, Hais, Reynolds, Ingres, lui donneront ses lettres de noblesse, et de nombreuses générations de peintres vivront de cet art jusqu’à l’invention de la photographie qui, moins onéreuse, fit disparaître toute une corporation. De nos jours, ce genre est pratiquement abandonné.
Le portrait permet à l’artiste de jouer de son pouvoir. À ses commanditaires du XVI s., friands de mythologie, il élève au rang de déesse Diane de Poitiers, qu’il représente en Diane chasseresse, puis il brosse des portraits d’apparat destinés à laisser une image avantageuse du modèle (pose savante et décors somptueux : Louis XLV par Rigaud, 1659-1743). Il rend hommage à ses pairs ; ainsi, Raphaël (1483-1520) donne les traits de Vinci à Aristote dans l’École d’Athènes. Il idéalise son modèle et le soumet aux critères de beauté du moment : Dürer (1471-1528) peint des femmes aux seins et au ventre ronds, au front épilé et à la petite bouche charnue ; l’école de Fontainebleau (XVI s.) représente des femmes au nez long et fin et au front bombé ; Modigliani (1884-1920), des femmes au cou allongé et souple.
les techniques de représentation:
L’angle de vue:
– Profil. C’est l’angle de vue le plus simple dans la capture de la ressemblance mais le moins expressif (médailles-médaillons).
– Face. Le visage est présent, la pose rigide, le modèle regarde son spectateur ; la difficulté réside dans l’ovale du visage.
– Trois quarts. La pose esthétique et vivante permet une mise en scène assymétrique des épaules et donne de la présence au sujet, qui « sort » du tableau.
Le cadrage:
– Gros plan sur le visage. Il se prête bien au croquis rapide.
– Vue élargie au buste. Il crée un espace, une « respiration » autour du modèle et permet de l’installer dans un décor.
– En pied. C’est souvent un portrait d’apparat grandeur nature.
– De groupe. Ce type de portrait est significatif de l’appartenance à un groupe, une famille ou une corporation.
Les Ménines de Vélasquez:
Dans ce tableau, Vélasquez propose trois niveaux de portraits : les personnages, son autoportrait et, dans le miroir, le couple royal.
Les proportions du visage:
Adulte de face
Le visage se divise en trois parties et demie.
Adulte de profil
Le visage s’inscrit dans un carré dont le côté est égal à trois unités et demie.
Petit enfant
Le visage s’inscrit sur quatre unités de hauteur pour trois en largeur.