La restauration
La restauration:
Les peintures vieillissent naturellement. Au fil du temps, le support faiblit, la couche picturale s’amenuise et le vernis s’assombrit. Dès lors qu’une œuvre se détériore, la restauration s’impose. Celle-ci se doit de favoriser l’esthétique, tout en respectant l’historique et le principe de réversibilité.
La restauration des supports:
Le support est un élément majeur de l’objet peint, sa nature et son état influent directement sur la pérennité et l’aspect de l’œuvre ; la restauration s’intéresse donc au verso comme au recto du tableau.
Le bois, matériau sensible à l’hygrométrie, se déforme et se fend. Actuellement, on double le dos du support d’un système de rails métalliques coulissants (préféré aux pièces de bois ou parquetage ancien) qui modère le travail du bois et on mastique les fentes. Le XIXe siècle, afin de pallier ces phénomènes, a abusé de la transposition (changement de support). Cette opération périlleuse consiste à détacher la surface picturale du support initial, souvent le bois, pour la coller sur une toile.
Les fils de la toile s’amenuisent avec le temps et provoquent l’affaiblissement du support et donc la mise en péril de l’œuvre. Le rentoileur procède alors à un rentoilage, c’est-à-dire au doublage de la toile par une seconde, collée à la colle de peau ou de farine (réversibles). Les déchirures et les accrocs, autrefois collés à la céruse lors d’interventions définitives, se traitent dorénavant par la pose de pièces soudées à froid sur l’envers, au moyen d’un mélange souple de résine et de cire.
La peinture, malade de l’enduit:
Les peintures présentent une extrême sensibilité à la sécheresse comme à l’excès d’humidité, lesquelles peuvent générer des décollements partiels, sinon graves, de l’enduit ainsi que des moisissures. C’est pour cette raison que les musées installent des appareils de mesures hygrométriques dans les salles. Les manques de peinture, après un éventuel grattage et séchage dans le cas de moisissures, seront comblés de mastic blanc et repris en glacis.
La restauration de la surface picturale:
Lorsque la surface est sale, un nettoyage doux à l’eau tiède savonneuse suffit. En présence de vernis ancien à l’alcool jauni ou bruni, un professionnel effectuera un allègement (suppression du vernis) à l’aide d’un solvant adapté. Les vernis modernes à base d’essence sont réversibles et stables à la lumière.
En cas de manque de peinture, la retouche restera délibérément visible. Le restaurateur pose un mastic blanc qui réverbère la couleur, puis des glacis. Comme la couleur plombe (fonce) en séchant, elle est choisie en continuité chromatique, mais d’une valeur plus claire que les voisines, puis « montée » en couches successives. La technique du trattegio est une peinture illusionniste dont le parti pris est de laisser les retouches visibles. Sans nuire à la règle historique, elle offre une solution esthétique aux manques. Les reprises, limitées aux seules zones accidentées, s’effectuent en petits points ou traits parallèles de couleurs pures sur mastic blanc. Le mélange optique des couleurs opère lorsque le spectateur recule.
le restaurateur:
La notion de restauration:
Cette notion a évolué au cours des siècles. Les premiers restaurateurs avaient pour mission de réparer les œuvres afin qu’elles semblent fraîchement sorties de l’atelier du maître. Des peintres de renom ou d’habiles copistes reconnus pour leur savoir-faire à la manière de l’artiste étaient pressentis pour ce travail. De nos jours, l’acte de restaurer est conçu comme la sauvegarde d’un patrimoine à transmettre aux générations futures.
Le restaurateur au travail:
Chaque tableau est un cas particulier. Le restaurateur aborde un tableau en technicien et non en peintre. L’œuvre de création est exclue ; il se met en retrait de la peinture à restaurer, engageant souvent plusieurs restaurations à la fois. Face aux manques, pas d’interprétation possible, il entame un véritable travail de puzzle, cherche des témoins (traces de petites surfaces colorées) et pose la couleur sans beurrer (déborder) là où elle est supposée être (touche
verte à côté d’une verte, jaune à côté d’une jaune). Les peintures utilisées sont des glacis en tubes (peintures transparentes) mis au point par les Italiens. Elles figurent en grand nombre sur la palette, car plus les couleurs sont mélangées, moins elles sont stables.
La formation:
Depuis 1977, une formation spécifique se déroule à l’institut français de restauration des œuvres d’art (IFROA). On y entre sur concours, après une classe préparatoire. Les candidats doivent allier excellence en dessin, habileté manuelle et connaissances théoriques solides.
Restauration et esthétique:
La restauration ne fait pas toujours l’unanimité. Celle des fresques de Michel-Ange à la chapelle Sixtine a soulevé à la fois enthousiasme et indignation : les uns sont émerveillés par la force des couleurs retrouvées, les autres regrettent les images patinées par le temps.