Miroirs
C’est apparemment dans le sous-continent indien qu’on a commencé à intégrer des miroirs dans les broderies, plus précisément dans les provinces du Gujarat et du Rajasthan en Inde, et du Sind au Pakistan : autant de zones arides où l’eau est rare. La profusion de miroirs (les shisha) dont on embellit costumes de fêtes et de mariages évoque le plaisir que les peuples de ces régions prennent à voir la lumière se refléter sur l’eau. C’est aussi une conséquence des rapports commerciaux avec l’Europe (les navires de commerce utilisaient des miroirs brisés comme ballast), mais
à l’origine on se servait de morceaux de mica trouvés dans le désert du Sind.
Technique:
Le verre à miroir, fabriqué à Kavadganj, dans le Gujarat, sous forme de grandes sphères, est d’abord brisé en menus morceaux puis vendu dans les petites villes de marché de Kutch et de Saurashtra, à des femmes de pasteurs et d’agriculteurs qui, avec des ciseaux, le découpent en fragments de forme grossièrement carrée, circulaire ou triangulaire.
Ces bouts de miroirs sont dépourvus de trous grâce auxquels on pourrait les fixer sur le tissu ; ils sont donc d’abord maintenus en place par quatre fils (deux verticaux, deux horizontaux). Il faut
qu’ils soient bien tendus, et pas trop près des bords, car sinon le miroir tombera.
On brode ensuite par-dessus une broderie au point de shisha, de boutonnière ou d’épine : il existe de très nombreuses variantes.
Répartition géographique:
Outre le nord-ouest du sous-continent indien, le recours aux miroirs est également répandu chez d’autres peuples, ainsi les Banjara du plateau du Deccan, en Afghanistan et chez les Melayu de la partie orientale de Sumatra ; c’est sans aucun doute un effet du commerce et des migrations.