La sémiologie de l'art: sémiologie de l'art
L’art comme langage non linguistique
L’histoire de l’art a cru, un moment, trouver un mode d’interprétation scientifique en se tournant vers la linguistique structurale. Nous devons à Ferdinand de Saussure l’idée que tout langage, qu’il soit visuel, verbal ou symbolique, utilise des signes d’une manière conventionnelle. Dans ce cas, l’art offrirait un champ d’application à la sémiologie (ou étude des signes). Mais peut-on considérer l’art comme étant un langage ayant des points communs avec d’autres formes de communication, de la signalisation routière aux équations mathématiques?
On l’a cru un moment. L’analyse d’une publicité « Panzani » par Roland Barthes est restée célèbre (in Communication n° 4, 1964). Mais la finalité explicite de la publicité, son intentionnelle univocité, ne permet pas de déduire de l’analyse de son fonctionnement des règles identiques pour toute forme d’art. 2
Avec l’œuvre d’art, on se heurte pourtant à deux difficultés majeures. La perception esthétique étant globale, on ne peut disséquer une œuvre en unités sémantiques. Mais surtout, alors que les signes verbaux sont fondés sur une ° convention, les signes artistiques sont partiellement naturels et soutenus par un 1 rapport d’analogie. « Le langage articulé est un système de signes arbitraires, s sans rapport sensible avec les objets qu’il se propose de signifier, tandis que, -â dans l’art, une relation sensible continue d’exister entre le signe et l’objet » (Claude Lévi Strauss, in Georges Charbonnier, Entretiens avec Lévi-Strauss, | 1978). Si l’art est donc partiellement un langage, il n’est pas une langue; ce qui g amène Barthes à définir l’image publicitaire et la peinture comme « langages | non linguistiques ».
Un sens qui s’échappe
À la théorie de Ferdinand de Saussure, les historiens d’art ont préféré celle de Charles Sanders Pierce qui écarte la référence de la définition du signe, la relation au monde extérieur, le rapport direct signifiant/signifié.
L’étude sémiologique la plus remarquable a été menée par Jean-Louis Schefer (Scénographie d’un tableau, 1969). Il analyse Une partie d’échecs du peintre italien Paris Bordone (15001571), démontrant qu’un tableau est un espace signifiant qui peut être décrit selon les figures d’un discours. De son côté, Louis Marin (Détruire la peinture, 1977) affirme que l’artiste ne cesse d’expérimenter des problèmes théoriques. La représentation est pour lui le problème central, le possible devenant la réalité même de l’œuvre. La représentation est à la fois la figuration (référence à des objets et à des êtres), et une opération visant à une forme d’organisation. En fin de compte, on en revient toujours au sujet, inévitablement. Car le spectateur désire sans cesse dire l’œuvre par « l’élaboration d’un métalangage verbal sur le langage de la peinture ».
Mener un discours d’images
En contrepartie, Rosalind Krauss évoque le nécessaire détachement de l’historien, même « si le fait de tomber amoureux [d’une œuvre] modifie manifestement la perception de votre propre passé, de votre histoire, ainsi que celle de votre avenir, de votre destinée, et cette situation vous donne en quelque sorte la capacité de comprendre un nouvel ensemble de relations. […] Reste à trouver un concept pour cette intuition déclenchée par l’objet ». Cette historienne et critique d’art appartient au post-structuralisme américain. Reprochant son schématisme binaire à Lévi-Strauss, cette théorie de l’art s’est constituée aux États- Unis, à partir des travaux de Michel Foucault, Roland Barthes et Jacques Lacan.
L’historien doit donc s’attacher à laisser parler les œuvres. La sémiologie de l’art se justifie alors par une mise en relation des œuvres entre elles.
Vidéo : La sémiologie de l’art
Vidéo démonstrative pour tout savoir sur : La sémiologie de l’art https://www.youtube.com/embed/KlLLcLMFkHw