Plaidoyer pour un retour à la moderne

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L’apparente homogénéité des positions modernes en matière d’urbanisme et de logement se révèle donc parcourue de nombreuses fissures, allant du décalage critique à la franche dissidence. Même lorsque les architectes n’explicitent pas leurs positions théoriques, les recherches sur leurs opérations révèlent des influences sous-jacentes occultées par l’histoire officielle qui fait la part belle, encore plus de nos jours qu’au temps des opérations, à la Charte d’Athènes.

Même au sein d’opérations représentatives d’un modernisme relativement orthodoxe, les positions critiques existent bien avant Team Ten. Un paysage théorique hétérogène et complexe se dessine peu à peu, à travers les tentatives des architectes d’asseoir leurs réalisations sur des principes plus opératoires que le slogan « soleil, espace, verdure ». Les architectes, confrontés à la réalisation de ces programmes nouveaux, se sont constitué une culture personnelle, syncrétique, associant les réflexes de l’« art urbain » antérieur au Mouvement moderne à une « culture opérationnelle moderne » forgée par la connaissance des opérations pilotes, à travers les publications et les voyages d’étude : Francfort, Berlin, les Pays-Bas, les villes nouvelles anglaises et scandinaves font l’objet de nombreuses visites et servent de référent pour la conception des espaces urbains.

Ce mode de diffusion des dispositifs, l’urgence et l’échelle des projets ne favorisaient pas la réflexion critique. Joints au cynisme de nombreux maîtres d’œuvre et au manque de moyens, il n’est pas étonnant que beaucoup de mauvais dispositifs aient été souvent reproduits. Tous cependant ne sont pas équivalents, de même que les compositions ne sont pas nécessairement figées. C’est donc une autre culture urbaine qu’il faut développer autour des projets de réhabilitation, fondée sur la reconnaissance des qualités intrinsèques de cet urbanisme et une réflexion sur l’implication des habitants dans le processus de requalification.