Comment ont été formés les artistes?
Les corporations
Au Moyen Âge, les peintres et sculpteurs font partie d’une corporation, celle des « imagiers ». Le patron, ou le maître, transmet à l’apprenti des sec d’ateliers, des tours de main, des trucs de métier. L’apprenti imite.
Vers la fin du xvie siècle, des groupes d’imagiers mécontents des as véniels et artisanaux du système des corporations se réunirent en académ d’art afin de promouvoir les aspects intellectuels et créatifs de l’élaboration artistique.
Les académies
La première académie, I’« Accademia platonica », avait été créée à Florence. El e regroupait des hommes de lettres, des érudits, comme Marsile Ficin et Pic de la Mirandole, et elle était placée sous la protection de Laurent de Médicis. Er France, une floraison d’académies privées apparaît au xvie siècle. Cela entraîne la fondation de l’Académie française, en 1635. Les académies honorent le vertus morales et intellectuelles.
Autour de l’ambitieux Charles Lebrun est fondée en 1648, à Paris l’Académie royale de peinture et de sculpture. On substitue ainsi au cadre corporatif, réservé aux artisans, c’est-à-dire à ceux qui se consacrent aux « arts mécaniques », un autre principe de groupement professionnel, l’Académie, réservée à ceux qui se consacrent aux « arts libéraux ». Au xvme siècle des académies apparaissent dans toute l’Europe, à Berlin (1696), Bologne (1709), Dresde (1750) et Londres (1768). D’autres académies royales sont fondées, notamment l’Académie de France à Rome en 1666, et celle d’architecture en 1671.
On passe alors de l’artisanat aux beaux-arts et du peintre à l’artiste. Comment expliquer ce changement de statut au xvnesiècle? Cela a transformé la pratique de ces métiers et le regard sur la peinture s’en est trouvé modifié tandis que le terme d’artiste s’est imposé.
Le système corporatif sanctionne l’apprentissage dans les ateliers des compagnons par la production d’un chef-d’œuvre démontrant l’assimilation des règles du métier et qui permet d’accéder à la « maîtrise ». Dans le système académique, il s’agit d’une sélection des praticiens eux-mêmes par une cooptation fondée sur le mérite, qu’atteste la présentation d’un « morceau de réception », appelé lui aussi « chef-d’œuvre ». Ainsi se forme une élite interne au métier, une aristocratie, puisque seuls certains artistes deviennent académiciens.
L’enseignement académique est théorique et collectif. « Ce sont des normes qu’il s’agit d’inculquer, à la fois intellectualisées — en tant qu’elles sont systématisées et verbalisées — et vécues non comme des ressources individuelles mais comme des impératifs généraux, propre à la discipline tout entière » (Nathalie Heinich, Du Peintre à l’artiste, artisans et académiciens à l’âge classique, 1993). Dès lors, se met en place un corps de doctrines, reposant sur des critères intellectuels qui font autorité. La relation au client n’est plus celle de commerçant qui vend ses produits faits main, mais celle d’un professionnel qualifié qui met ses services à la disposition d’hommes de qualité, en mesure d’apprécier ses mérites.
Dans la hiérarchie des métiers, le « faiseur d’images » arrive en tête. C’est que le pouvoir de l’image est reconnu, comme moyen de communiquer, de symboliser, et de mémoriser des informations. La peinture est privilégiée parce qu’elle réclame pour son élaboration moins de matière.
Les corporations contre-attaquent en se dotant elles aussi d’une académie dite « de Saint-Luc ». Vouet, Mignard, Chardin et Watteau en firent partie, -inancée par la « maîtrise » (la corporation), cette académie dispose d’un budget plus important que (‘Académie royale. Pendant la Révolution, l’Académie royale est contestée et supprimée en 1793. Elle est remplacée en 1795 par l’institut.
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