IKAT
Ikat de chaîne:
Cette technique a la réputation d’être l’une des plus anciennes méthodes de teinture à la réserve. Les fils sont teints avant d’être tissés, d’une manière assez semblable à celle de la teinture sur nœuds.
Technique:
Ikat vient du malais mengikat (« nouer », « attacher »). Le procédé consiste à nouer étroitement des fibres autour des fils de chaîne tendus sur un cadre, puis à plonger dans un bain de teinture les écheveaux ainsi noués. Si par exemple le fil est primitivement blanc, et le colorant bleu, les parties teintes formeront un motif blanc sur fond bleu. En nouant d’autres sections des fils de chaîne, après en avoir dénoué d’autres déjà teintes, puis en les immergeant dans un autre colorant, on peut obtenir jusqu’à quatre couleurs ; la première est celle des fils d’origine, la deuxième et la troisième celles des bains de teinture successifs, la quatrième le résultat de la combinaison des deux colorants. Une fois le processus achevé, le fil est tissé et permet d’obtenir une étoffe à motifs. Au XIX siècle, les artisans japonais appliquèrent au fil la technique de Yitajime, procédé de teinture à la réserve jusque-là réservé à des pièces de tissu. On fixe d’abord les fils non tissés entre des planches. Puis, en taillant des motifs dans celles-ci, comme pour la xylographie, il est possible d’obtenir des motifs répétés bien plus facilement, et plus rapidement, qu’avec la teinture à la réserve.
Matériaux:
Pour des raisons d’ordre climatique, l’ikat de chaîne est ordinairement tissé avec du coton et non des fibres végétales, bien qu’aux Philippines certains textiles de ce type soient fabriqués avec de la fibre d’abaca.
Aujourd’hui, on se sert de ficelle synthé¬tique pour la teinture sur noeuds, en raison de ses remarquables propriétés hydrofuges.
Répartition géographique:
On produit des ikat de chaîne en Asie du Sud et du Sud-Est, en Asie centrale, au Proche Orient, en Afrique occidentale, ainsi qu’en Amérique latine.
Ikat de trame:
L’ikat de trame est un processus compliqué exigeant plus de matériel que l’ikat de chaîne. Il est très probablement originaire du monde arabe – en particulier du Yémen, d’où il se diffusa vers l’Inde et l’Asie du Sud-Est ; dans ces régions, ceux qui en fabriquent sont, majoritairement, musulmans. Il se peut, bien entendu, que la technique ait été découverte indépendamment ; en tout cas, elle parvint jusqu’à Majorque, où l’on tisse encore une étoffe appelée roba de llengues, « robe de langues ». On se sert généralement de soie, bien qu’on puisse également appliquer la technique au coton ou à la rayonne. Dans le monde entier, c’est là un procédé commercial, voire industriel (ateliers, usines).
Technique:
Les fils de trame doivent être enroulés sur un cadre rectangulaire très simple, ayant à peu près la même largeur que le coupon de tissu final. On peut procéder à la main, mais aujourd’hui on préfère dévider des fils venus d’un cantre accueillant vingt ou trente bobines, et qu’on enroule sur un cadre rotatif. Les fils qui doivent recevoir des motifs identiques sont regroupés, les motifs à la réserve noués avec des fibres ou du fil en plastique. On procède ensuite à la teinture et, comme dans l’ikat de chaîne, certains endroits peuvent être noués ou dénoués, puis plongés dans des bains de teinture de couleurs différentes afin d’obtenir un effet polychrome.
Le fil sert ensuite de trame à une chaîne unie ; on se sert d’un métier à tisser semi- mécanique. Il faut bien entendu veiller à ce que chaque passage successif de la trame soit correctement aligné avec le précédent.
Ikat double et composite:
Ikat composite:
Quand fils de chaîne et de trame sont également teints sur noeuds, puis tissés, on appelle ikat composite l’étoffe ainsi obtenue. En règle générale, les éléments de chaîne et de trame des motifs sont situés dans des parties différentes du tissu, bien que parfois ils puissent se chevaucher, formant ainsi des motifs aléatoires.
Ikat double:
QUAND motifs de chaîne et de trame sont conçus de manière à être combinés pour former des motifs intégrés, le tissu est appelé ikat double. De toutes les techniques de teinture à la réserve, c’est sans aucun doute la plus complexe : elle réclame beaucoup de temps. Les artisans peuvent passer des mois à créer un motif sur des fils de chaîne et de trame, puis à tisser l’étoffe en veillant à ce que le motif soit bien préservé et ne paraisse pas disjoint.
On tisse le double ikat en Inde, où on l’appelle patola, à Bali, en Indonésie, où on le nomme geringsing, et au Japon, où l’on parlé de kasuri. C’est dans ces pays un textile particulièrement recherché et coûteux. Le plus prestigieux du lot est le patola : cette étoffe de soie, aux couleurs vives et aux motifs hardis, n’est plus tissée que par deux familles de Patan, dans le Gujarat, bien qu’il ait été fabriqué autrefois dans toute la partie ouest de l’Inde, faisant l’objet d’un commerce prospère, notamment avec l’Asie du Sud- Est où, devenu symbole de la royauté, il donna lieu à bien des imitations.
Technique:
LE double ikat est toujours tissé sur des jmétiers très simples : le patola, par exemple, est produit sur un métier sans cadre à lice unique, disposé obliquement de manière à bien recevoir la lumière.
Ajuster chaque passage du fil de trame, de façon à ce que le motif teint s’accorde à celui des fils de chaîne, réclame beaucoup de temps.
Vidéo : Ikat de chaîne
Vidéo démonstrative pour tout savoir sur : Ikat de chaîne