La beauté de l'artefact
Nous ne proposerons pas ici les solutions à envisager pour améliorer les dalles ou, pour reprendre la problématique de Jacques Sbriglio, pour les finir, les compléter, les achever25. Nous cherchons tout au plus à préciser quelques pistes à explorer. La plus stimulante pourrait être celle de l’artificialité. Il nous semble en effet que les tentatives de naturalisation d’un sol artificiel sont vouées à l’échec. Quand bien même les arbres poussent dans des bacs à terre végétale de deux mètres de profondeur, nul n’a le sentiment sur la partie de la dalle de La Défense dénommée « mail », de se promener sur un mail bordé de platanes dans une ville du midi de la France. Le malaise que l’on ressent en parcourant ces espaces nous semble lié à leur caractère ambigu et mensonger. Si sol artificiel il y a, on est en droit d’attendre aussi une nature artificielle. Il s’agit alors de travailler avec des plantations sans terre, des canons à neige, des trottoirs roulants, chauffants ou rafraîchissants, des arbres chantants et des oiseaux mécaniques, des affiches vidéo et des écrans géants…
De manière plus simple, mais aussi plus banale, si l’on ne veut pas démolir les dalles, il faudra repenser l’ensemble des liaisons verticales et horizontales en sous-sol et les liaisons entre le sol naturel et le sol artificiel pour les améliorer plastiquement et fonctionnellement. Ce sont autant de lieux où peut se jouer le plaisir de la promenade urbaine. Des références existent — on pense à l’incroyable ascenseur en métal réalisé à Lisbonne —, d’autres sont à inventer. Au-delà du plaisir, il reste à résoudre un problème majeur d’accessibilité et de lisibilité des différents niveaux qui constituent la dalle. Enfin, et pour conclure, il faudrait formellement interdire l’utilisation de termes comme « rue », « place », « mail », « square » pour nommer des lieux qui ne sont ni des places, ni des mails, ni des squares mais des escaliers, des sorties, des trous, des plates-formes, des balcons, des lieux-dits (tour Elf, tour Aurore, Auchan…), des surplombs et d’autres espaces encore dont il faut inventer les noms. En effet, l’utilisation de termes impropres pour désigner les différentes parties des dalles ne peut que contribuer à ridiculiser leurs usagers lorsqu’ils cherchent désespérément la place des Corolles, devant laquelle ils sont passés cent fois et qu’ils ne peuvent reconnaître parce que « place », elle ne l’est pas.
Vidéo : La beauté de l’artefact
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