la ligne
la ligne:
Dans la peinture, la ligne évoque le dessin et le graphisme. Elle expose l’expressivité du geste de l’artiste. Une ligne unie, régulière et fluide dessine le contour d’une forme et délimite une surface (Matisse). Des traits irréguliers, découpés et hachurés évoquent une texture (Van Gogh).
Ligne et graphisme:
La ligne est l’élément graphique de la peinture. Elle est le dessin préparatoire et l’esquisse du tableau. Une ligne simple guide le regard du spectateur, qui suit son tracé. La répétition d’une ligne crée un rythme et une texture. Une ligne fermée détermine le contour d’une forme.
Traditionnellement, la ligne devance la couleur. Le dessin est à l’origine, il délimite le contour des objets et des figures. La couleur l’accompagne, elle vient a posteriori s’installer
dans les formes pour « remplir » la silhouette préalablement tracée. Depuis la Renaissance, la confrontation est permanente entre partisans du dessin (Poussin, Ingres) et coloristes
(Rubens, Delacroix).
Les débuts de l’abstraction:
Dans son enseignement, Kandinsky définit les règles de dessin des lignes abstraites : la ligne est la trace d’un point mis en mouvement. Une force régulière crée une ligne droite, plusieurs forces irrégulières et contradictoires créent une courbe ou une ligne brisée. Les verticales sont chaudes, les horizontales froides et les diagonales font l’union des deux. Toutes les autres lignes droites sont des déviations de la diagonale. Les lignes courbes décrivent un plan, elles sont naturelles et fluides.
Le geste graphique et pictural:
Les frottements du pinceau sur la toile, la résistance du support, l’obligation de reprendre régulièrement de la peinture freinent l’action de l’artiste. La ligne est tracée sans grande mobilité de la main.
André Masson (1896-1987) trouve une solution pour montrer la vitesse du geste qui trace des lignes sans les contraintes du pinceau. Sur le sol de son atelier, il asperge de colle une toile en larges gestes « automatiques », puis la recouvre d’une fine couche de sable. Après « nettoyage », seules les giclées de colle sont restées visibles puisqu’elles ont retenu le sable prisonnier (comme des lignes de matière).
Jackson Pollock (1912-1956), avec la technique du dripping (égouttage), dessine aussi des lignes de peinture qui coulent directement de son pot de peinture. La ligne est autonome, elle se libère de la figure et de l’objet, elle devient le motif du tableau.
Les peintres contemporains exposent la ligne à travers des graffitis, des griffures et des crevasses. Ils dessinent et tracent des traits sur tous les supports : carton, tissu, sable, etc., avec toutes les techniques : découper, brûler, plier, lacérer, etc.
lignes droites et arabesques:
En peinture, les lignes droites évoquent la stabilité ; elles découpent l’espace intérieur du tableau et mettent en valeur le format de l’image. Les lignes courbes traduisent l’agitation et le déséquilibre ; elles créent une relation dynamique et mouvementée avec l’ordre statique et régulier du cadre. La confrontation entre ces deux réseaux graphiques crée dans l’œil du spectateur une instabilité et une tension qui « agitent » l’image. Picasso traduit la sensation du mouvement en opposant des lignes tendues et régulières (le dallage) avec des arabesques souples (le fauteuil).
À l’arrière-plan, le sol est figuré par une trame de lignes qui dessinent un carrelage. Ce réseau de lignes droites, statiques et régulière contraste avec l’encorbellement des spirale:; noires qui entourent le personnage central. Celui-ci, schématiquement représenté, paraît tourner dans l’air grâce aux lignes sinueuse qui évoquent les mouvements de balancier du rocking-chair. Il donne la sensation du mouvement dans le tableau.
Vidéo : la ligne
Vidéo démonstrative pour tout savoir sur : la ligne