L'Art : la renaissance , dans les pays du Nord en Allemagne et aux pays-bas
En dépit de l’apport de Van Eyck, le Nord reste fidèle aux traditions médiévales durant tout le XVe siècle. Les peintres travaillent pour une clientèle de bourgeois attachés aux biens matériels (fourrures, bijoux, etc.), que les artistes reproduisent avec soin. A l’opposé, la peinture italienne, fruit de la tendance humaniste, est d’ordre intellectuel, plus attachée à la signification des choses qu’à leur représentation fidèle.
Le Maître de Flémalle (reconnu presque certainement comme le peintre Robert Campin) apporte au réalisme flamand une vigueur inconnue jusque-là, malgré sa technique moins parfaite que celle de Van Eyck et ses interprétations parfois curieuses dans le rendu de l’espace.
Rocier Van der Weyden est considéré comme le créateur de l’expression pathétique. Dans la Descente de Croix, très théâtrale, les dix personnages expriment, chacun à leur manière, la douleur et la souffrance, dans un dénuement décoratif qui donne plus de force à leur tourment. Le sens du drame, qu’il exprime avec tant de force dans sa peinture, influence ses contemporains, qui tentèrent, mais en vain, de l’ imiter.
Le plus grand artiste flamand de la seconde moitié du XVe siècle est Hugo Van der Goes. L’Adoration des bergers témoigne d’une émotion rarement atteinte. Le sentiment du drame anime la plupart des œuvres de cet artiste.
L’art de la Renaissance italienne parvient au début du XVIe siècle au nord des Alpes. Le traitement scientifique de la perspective et la connaissance de l’anatomie ont frappé le jeune ALBRECHT Durer, qui semble avoir accompli, pour l’Allemagne, à lui tout seul le saut dans la Renaissance. Enrichi de tout ce qu’il avait pu apprendre en Italie, il s’établit à Nuremberg où il devient un peintre et un graveur réputé. Dans l’Apocalypse de saint Jean, un livre orné de gravures, le saint, loin du héros élégant et assuré, est figuré de façon terrifiante, comme si Durer voulait transmettre une vision. L’artiste s’éloigne du gothique par le souci permanent de la beauté et de l’harmonie apprises des maîtres italiens de la Renaissance. La recherche de la perfection dans la représentation du corps humain est pour lui essentielle, mais il ne renonce pas à ce.qui fait sa personnalité sous prétexte de modernisme. Sa Mélancolie et son Saint Jérôme dans son cabinet de travail, tous deux des années 1513-1514, émanent d’un artiste philosophe tourmenté par une recherche permanente.
Le chef-d’œuvre de Matthias grunewaldest le Retable d’Issenheim (p. 221). D’une structure complexe, à double paire de volets latéraux – soit, de chaque côté, quatre surfaces peintes -, il comporte de nombreuses scènes, dont la Crucifixion et la Résurrection. Le Christ crucifié, au corps convulsé par la douleur, incarne le supplice. La Vierge et Marie- Madeleine expriment la souffrance morale. Grünewald sacrifie toute beauté au profit du message spirituel. S’il fait partie des très grands artistes, il n’apporte aucune contribution au modernisme de son époque.
Les pays du Nord sont frappés par la crise profonde qu’a été la Réforme (p. 148) : cette nouvelle forme de pensée religieuse, introduite par Luther, refuse toute image religieuse, tout luxe et toute décoration dans les églises. Dans ces conditions, la peinture pouvait-elle encore exister ? Le grand peintre allemand de cette génération, Hans Holbein le Jeune, se consacre à la représentation de la figure humaine. Dans son double portrait des Ambassadeurs, il porte cet art du portrait à un degré de perfection éblouissant.
Les Pays-Bas, au XVI siècle, ne donnent pas naissance à des maîtres de l’importance de ceux du siècle précédent. Jérôme Bosch, comme Grünewald, a refusé le modernisme italien. C est un peintre énigmatique. Ses tableaux, peuplés de monstres et de chimères, sont ceux d’un génie, mais on en ignore la signification. L’Enfer exprime sa hantise du démon, tandis que La Nef des fous est une allégorie de la folie humaine.
Dans ce pays uniquement, l’art put survivre en raison d’une longue tradition de peinture de scènes de genre, que l’Eglise réformée n’avait aucune raison d’interdire. Pieter Bruegel l’Ancien est le plus grand de ces peintres. Dans ses Jeux d’enfants (p. 186), humour, équilibre de la composition et justesse d’observation sont ses maîtres mots.
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