La requalification urbaine en cours,ou les espaces publics leviers de l'urbanisme
Brest eut pour principale caractéristique d’avoir négligé le quartier reconstruit, d’entrée de jeu, au profit d’une vision d’agglomération qui semblait porteuse d’un avenir plus fécond, alors même que les reconstructeurs avaient négligé cette dimension. De ce point de vue, le plan Mathon de 1945 est beaucoup moins prospectif que le plan d’aménagement, d’embellissement et d’extension approuvé en 1939
À Dunkerque, jusqu’à la fin des années quatre-vingt, les espaces publics du centre reconstruit ne font pas l’objet d’opérations particulières, mais d’une somme de « petits arrangements » des habitants et des services municipaux. Par ailleurs, le SDAU de 1974, qui se donne pour double ambition de « maîtriser les effets de la croissance » et de « réaliser la grande ville auprès du grand port », lance une série de projets, finalement non réalisés, qui expriment déjà la nécessité d’une extension du centre-ville existant. En 1981, un projet isolé d’aménagement de la place Jean-Bart propose une colonne, nouvel omphalos situé au lieu exact de la croisée — préfigurant l’aménagement ultérieur avec la fontaine de Nonas installée en 1995 rue dela Marineet illustrant la permanence des problématiques urbaines.
Aux yeux des architectes-paysagistes Marc Quelen, Alain Cavalié et Jean-Biaise Picheral, qui sont intervenus sur les deux villes, le projet de Leveau pour Dunkerque n’offre pas la même lisibilité que celui conduit par Mathon à Brest. Alors que les espaces publics de la seconde ont été aménagés pour eux-mêmes, le traitement de ceux de la première apparaît dans les façades, offrant aux opérations de reprise des espaces publics deux situations très différentes. Cette différence réelle relève, nous semble- t-il, de la conception divergente du rôle des espaces libres chez Mathon et chez Leveau. Mathon proposant des compositions, c’est un jardin qui le premier sort des ruines. À Dunkerque, Leveau relègue la composition des jardins à un temps second, l’important étant pour lui l’affirmation du principe des réseaux d’espaces libres. Dans les années quatre-vingt – quatre-vingt- dix, les collectivités locales décident dans ces deux villes de recourir à des paysagistes, ni les villes ni les agences d’urbanisme ne disposant de compétences techniques en paysage urbain. La filiation entre les deux villes étant avérée, la « requalification » des espaces publics est donc bien en premier lieu paysagère ici et là, approche qui n’est spécifique ni à Dunkerque, ni à Brest, ni aux villes reconstruites en général. Ainsi la ville de Lyon, qui lance durant la même période une ambitieuse politique d’espaces publics, fait tenir à Barcelone le rôle de modèle explicite.
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