La ZUP des Minguettes à Vénissieux
le paysagiste revendique la participation au plan de masse
Nous retrouvons Michel et Ingrid Bourne en 1966 aux Minguettes, où ils mettent en œuvre les fruits de l’expérience Bron-Parilly et d’autres projets de grands ensembles comme celui de La Duchère, au nord de Lyon en 1962. Ils sont convaincus que de nombreuses économies peuvent être réalisées, en associant le paysagiste à la conception du plan de masse et en intégrant le projet des espaces extérieurs dans la gestion des terrassements, afin d’éviter espaces résiduels et rattrapages de niveaux après coup. Dix ans après Bron-Parilly, ils peuvent imposer leur collaboration à l’implantation même des bâtiments. Leur influence contribuera à la création d’un grand espace central au lieu de la répartition homogène des vides préconisée par l’architecte. Ils s’attachent à transposer leurs références allemandes dans leur pratique : à l’instar de leur maître allemand Cari Plomin, ils réalisent de nombreux relevés de différents types de milieux locaux afin de comprendre et reproduire les associations végétales correspondant aux terrains qu’ils abordent.
« Quelle différence par rapport au vide français et à l’étroitesse de l’enseignement de l’époque ! »13 De son séjour aux Pays-Bas, Jacques Sgard rapporte aussi des références qui ouvrent sa réflexion vers la dimension du « grand paysage » 14. Il y est d’abord confronté lors de la thèse d’urbanisme qu’il soutient en 1958 à l’institut d’urbanisme de Paris où enseigne Robert Auzelle, Récréation et Urbanisme aux Pays-Bas ; puis, avec le plan de paysage de Lamalou-les-Bains en 1955 jusqua son travail actuel avec l’institut d’aménagement et d’urbanisme de la région Île-de-France (IAURIF), Sgard demeure l’un des principaux promoteurs, en France, des interventions à l’échelle des grands territoires.
Dès les années soixante, il fonde avec Jean-Claude Saint- Maurice et Pierre Roulet l’un des premiers cabinets de paysage libéral, l’atelier Paysages. Ils apportent, à partir de 1963, un renouvellement de l’enseignement de la Section, par leur expérience du grand paysage et leur connaissance des cultures du nord de l’Europe. C’est aussi à cette époque que Sgard introduit Bernard Lassus à la Section du paysage et obtient, en 1967, la création d’un cours d’écologie. Les paysagistes cherchent alors à élargir les préoccupations de l’école vers l’aménagement du territoire et à promouvoir la figure du « paysagiste d’aménagement » — historien, agronome, sociologue et écologiste —, homme de synthèse, qui prend le pas sur celle du paysagiste-artiste. La commande publique évolue : la DATAR15 crée les parcs régionaux et les OREAM16, embauchant des paysagistes tout comme le SETRA. La création du ministère de l’Environnement en 1971 révèle un climat favorable aux professionnels des sciences du milieu et du paysage.
Parallèlement, dans les années soixante, une évolution se dessine également à travers la figure de Jacques Simon qui suit l’enseignement de la section de 1957 à 59. Fils de pépiniériste, photographe, iconoclaste, il assure le lien avec la génération que nous venons d’évoquer et amène le retour vers des références plus architecturales et urbaines, moins horticoles. Associé à l’AUA (Atelier d’urbanisme et d’architecture, équipe pluridisciplinaire), il s’en retirera en 1967 ; Michel Corajoud, d’abord « gratteur » à l’AUA, formé au paysage par Simon, prendra alors sa place.
Vidéo : La ZUP des Minguettes à Vénissieux
Vidéo démonstrative pour tout savoir sur : La ZUP des Minguettes à Vénissieux
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