L'Art : les châteaux des rois et des princes
Les châteaux forts
L’exemple du château de Pierrefonds
Selon l’architecte Viollet-le-Duc, chargé de sa restauration au XIXe siècle, ce château est le « spécimen le plus complet d un château bâti d’un seul jet, à une époque où l’artillerie à feu n’était pas encore employée comme moyen d’attaque contre les forteresses, et où cependant les armes de jet du Moyen Age et tous les engins de siège avaient atteint leur plus grande perfection ». Selon cette idée, Viollet-le-Duc s’attache à restituer le système de défense de la forteresse édifiée entre 1392 et 1407, par
Louis d’Orléans, et démantelée en 1617. La circulation y est particulièrement remarquable. Le tour du château peut être accompli d’une traite dans les deux chemins de ronde des courtines. Le chemin de ronde supérieur est garni de créneaux, tandis que l’inférieur possède des mâchicoulis. La porte d’entrée est gardée par une barbacane et par un pont- levis. Le château comporte des guettes qui portent loin le regard au-delà des collines. Huit tours saillantes encadrent les enceintes. Dans l une d elles est disposée la chapelle. Au pied d’une autre, qui communique avec la salle des assemblées où le seigneur rendait sa justice, sont creusées les oubliettes. Les casernements communiquent avec les courtines. Ainsi conçu, Pierrefonds pouvait, avec trois cents soldats, résister au siège d une armée dix fois supérieure (p. 280).
Les châteaux modernes
A la fin du XVe siècle, le système féodal a disparu et l’artillerie à feu a démontré l’inefficacité de la plupart des châteaux forts. Le château devient peu à peu une demeure de plaisance à la campagne et les architectes cherchent à l’embellir. Cependant, il conserve pendant longtemps sa forme défensive. Les tours, le donjon, les fossés subsistent mais sont associés à des bâtiments largement ouverts et décorés. Les murs d enceinte disparaissent au profit de cours et de jardins. Il en est ainsi de la plupart des châteaux de la Loire, tel le château de Chambord, construit pour François Ier de 1519 à 1550, qui reste dans son principe
un château médiéval. Le château de Fontainebleau. Également élevé pour François Ier, de 1528 à 1540, a conservé é en son sein le donjon médiéval, témoin de son ancienneté et de sa puissance. Le reste de 1 édifice montre néanmoins une orientation nouvelle dans la conception de ces monuments, avec b adoption du modèle italien de la galerie, qui deviendra une des constantes de l’architecture pour beaucoup de châteaux français.
C’est au cours de la seconde moitié du XVIe siècle que le château s’affranchit de son modèle médiéval et perd son caractère militaire. Le XVIIe siècle verra la multiplication de ces demeures de campagne, ouvertes sur de beaux jardins, tels le château de Maisons par Mansart (p. 238), le château de Vaux-le-Vicomte par Le Vau et celui de Versailles, sans cesse transformé, agrandi et embelli par, notamment, Le Vau et Hardouin-Mansart.
Des châteaux de rêve
Au cours du XIXe siècle, le château connaît une nouvelle extension, les constructions se multiplient dans tous les styles, dans toute l’Europe et même aux Etats-Unis. Le milliardaire Van- derbilt, le « roi du rail », se fait construire en Caroline du Nord, à Biltmore, une résidence qui plagie les châteaux de la Loire, dans laquelle il mène un train de vie royal. En France, l’empereur Napoléon III demande à Viollet-le-Duc la transformation du château de Pierrefonds en résidence privée, exprimant ainsi la nostalgie du Moyen Age guerrier et bâtisseur. A Neuschwanstein, en Allemagne, Louis II de Bavière fait construire un château à l’architecture fantastique, qui met en scène une vision poétique et légendaire du Moyen Age. Désormais, le château est devenu un instrument de représentation et surtout de rêve.
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