Le vêtement : La soie
Le terme « soie » désigne les substances sécrétées par différentes espèces d’invertébrés. La plus réputée est produite par des chenilles de papillons appelés bombyx et vivant sur des mûriers. Son industrialisation lui a fait perdre son image, jadis prestigieuse.
De la larve au tissu
□ En été, les femelles pondent entre 300 et 500 œufs, ne dépassant pas 1 mm de diamètre. Ces œufs, ou « graines », sont stockés dans un endroit frais et sec jusqu’au printemps.
□ Au mois de mars, on place les graines dans des couveuses. Une vingtaine de jours plus tard, les premières chenilles, d’une longueur de 3 mm, vont éclore. Des périodes de mues se succèdent jusqu’au filage du cocon.
□ Avant qu’elles ne deviennent papillons, on tue les chrysalides par étuvage au- dessus de 80 °C et on ôte les couches externes du cocon.
□ Les cocons sont ensuite décrués à l’eau bouillante, pour les dépouiller de leur enduit naturel.
□ Pour garder les propriétés de la soie, les fils sont moulinés et tordus. Ils subissent un lessivage alcalin nommé décreusage, qui élimine le grès.
□ On charge la soie par fixation de tanins, de colorants ainsi que de sels métalliques, comme l’étain et le chrome, pour donner le tomber soie.
La soie : une fibre résistante
□ Le fil de soie mesure de 700 à 1 200 mètres. Il est très fin, d’un diamètre de 40 microns environ. De couleur pâle, il est brillant et très doux. Sa résistance par rapport à sa finesse est importante. Sa ténacité est identique à celle d’un fil d’acier de même section.
□ La soie est très hygroscopique, puisqu’elle peut retenir de 10 à 20 % de son poids à 20 °C et 65 % d’humidité.
□ Elle possède une élasticité de 15 %, ce qui confère aux tissus une certaine infroissabilité et permet de faire des fils à coudre qui ne se déforment pas et ne blanchissent pas à l’usage.
□ Les déchets provenant des diverses opérations de fabrication, les cocons doubles ou défectueux donneront le doupion ou la bourrette de soie.
Les autres types de soie
□ La soie sauvage est issue de chenilles vivant en liberté. Les fils sont plus grossiers, moins réguliers et moins brillants. Ils donnent le tussor ou tussah, le shantung ou la soie sauvage.
□ En Indochine, au Congo et au Brésil, certaines araignées produisent des fils de soie très fins et très résistants, servant à la fabrication de dentelles. Les services du Pentagone américain tentent de reproduire cette résistance pour en équiper les parachutes.
Au sud de l’Italie, les mollusques marins produisent une soie très fine, brillante et moelleuse, utilisée pour fabriquer des gants et des écharpes.
La route de la soie : de la chine à lyon
■ La légende de la soie
L’étymologie du mot soie viendrait du mot ser, terme qui désignait le peuple qui fabriquait la soie, autrement dit les Chinois.
Si les Romains ont longtemps cru que le cocon était une sorte de fibre végétale cardée, de nombreuses légendes chinoises racontent l’extraordinaire découverte de la soie.
La sériciculture, ou art d’élever et de dévider les cocons pour tisser les filaments, remonte à l’impératrice Si Ling-Chi, 3 000 ans avant notre ère. La princesse, en examinant un cocon entre ses doigts, le laissa tomber dans sa tasse de thé brûlant. Mais ses ongles étaient si longs qu’elle ne put tirer qu’un fil fin, brillant et souple. La sériciculture était née.
Durant trois siècles, la Chine garda le secret de ce tissu. Les premières routes terrestres de la soie, dès le 11e siècle, puis l’ouverture des routes maritimes, la traversée de Marco Polo et la route de Sindbad le marin firent connaître cette somptueuse étoffe en Occident.
Au milieu du xe siècle, la conquête arabe introduisit la technique de la fabrication de la soie en Sicile.
■ Les magnaneries provençales
La France devra attendre le xiib siècle pour être initiée aux techniques de la sériciculture, avec la création des magnaneries dans le sud du pays.
Le rôle de la magnanerie est d’assurer les meilleures conditions de conservation des chenilles, de leur éclosion au dévidage des cocons. Jusqu’au début du siècle, la France était une grande productrice de soie. Aujourd’hui, seule la ville de Lyon a conservé cette tradition soyeuse, malgré des difficultés croissantes.
■ Une aristocratie lyonnaise
Au xixe siècle, la ville de Lyon était surnommée La Grande Fabrique tant il y avait de producteurs de soie. En 1831, les ouvriers spécialisés dans le tissage de la soie s’insurgèrent contre leurs conditions de travail. Ce fut la célèbre révolte des canuts. Les entreprises lyonnaises employaient une forte population d’ouvriers. En 1845, par exemple, le fabricant Palluat et Terrenoire faisait travailler dans ses ateliers plus de trois cents personnes. La bourgeoisie lyonnaise de la soie était alors à la tête d’un véritable empire. Mais comme toute aristocratie, elle vivait en vase clos. Les conditions d’installation étaient strictes et il fallait appartenir à une famille déjà en place.
■ Un laboratoire de recherche
La ville fut le berceau de nombreuses découvertes. Octavio Mey découvrit accidentellement le processus de lustrage en tirant un fil de soie entre ses dents. Au xviii6 siècle, Claude Dandon créa la technique du façonnage. La suprématie de la recherche atteint son apogée dans les années 20, avec la création de maisons comme Bianchini- Férier ou Ducharne, qui s’associèrent avec des artistes de renom.
De nos jours, Lyon s’est diversifiée et travaille des fibres synthétiques ou cellulosiques. Les méthodes de travail ont été modifiées. Délaissant les activités de tissage, les entreprises lyonnaises sont devenues des « convecteurs » qui achètent le tissu en Asie pour ensuite l’apprêter et le teindre. C’est là qu’elles concentrent toutes leurs recherches. La route de la soie a repris le chemin de l’Orient, les pays d’Asie et la Chine sont redevenus les maîtres de la soie.
Vidéo : Le vêtement : La soie
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