Les Arts de l’Afrique Noire
Un peu d’histoire
Cette Afrique dont nous allons présenter l’art est localisée, grosso modo, au sud du Sahara. Les populations sont noires, leurs civilisations extrêmement anciennes, et leurs traditions se transmettent par oral et non par écrit. Durant des millénaires, ce monde est noir et africain. Depuis l’an mille, environ, il est confronté aux impérialismes arabes puis occidentaux, qui ont causé des ravages écologiques, humains et culturels considérables. L’Afrique a été colonisée depuis le XVIe siècle par les Européens (le Portugal, l’Angleterre, l’Allemagne, la Belgique, la France…), qui ont tenté par l esclavage, les massacres, la destruction, la pression économique et culturelle d’imposer leurs valeurs aux Africains. Indépendants depuis les années soixante, la plupart des Etats africains sont encore aujourd hui marqués par cette colonisation et subissent les lois du marché international, qui leur sont largement défavorables.
Le sens du mot « art »
En Afrique, l’art n’a pas la même fonction qu’en Occident; il a toujours une fonction sociale, il est le ciment de la société et il est étroitement lié à la vie religieuse. Les artistes sont chargés de perpétuer les traditions du groupe auquel ils appartiennent. Dans ces sociétés, qui vivent au rythme des saisons, c’est souvent la représentation du corps humain et des animaux qui est le support de la sculpture, et qui lui assure sa solidité et sa force.
Pour conserver la tradition, les griots (l’équivalent de nos poètes et de nos troubadours), les musiciens et les sculpteurs devaient répéter des histoires, des rythmes et des formes inspirés par ceux par des générations précédentes. Pour la sculpture, les créations devaient être validées, c’est-à-dire approuvées, par les dirigeants du groupe auquel appartenait le sculpteur. Étaient jugées « bonnes » les formes possédant suffisamment de ressemblances avec celles d’objets plus anciens ayant eux-mêmes été validés. C est le principe de style : un masque nimba (3) ne ressemble pas à un masque bamana (4). Le style est une marque d’identité du groupe, et le sculpteur doit respecter cette identité stylistique, sous peine de voir ses œuvres refusées par son groupe.
Le principe d’efficacité
Pratiquement tous les objets fonctionnent dans un cadre religieux précis et sont associés à des cultes et à des usages. Cela signifie que chacun de ces objets joue un rôle, et qu’il 11e peut en avoir aucun autre : une sculpture peut représenter, par exemple, un ancêtre que les prêtres invoquent à certains moments. Cet ancêtre est de ce fait véritablement présent parmi les vivants, par r intermédiaire de la sculpture qui n’est plus alors un simple objet en bois. Le groupe doit vérifier que la sculpture « marche » ou est efficace, c’est-à-dire si l’ancêtre accepte bien de pénétrer dans la sculpture : si tel est le cas, le travail du sculpteur est jugé définitivement bon. Dans le cas contraire, la sculpture est jetée comme un objet et l’artiste doit en refaire une autre : c’est le principe d’efficacité.
Le principe de symbolisme
Four que la sculpture soit efficace, elle doit remplir d’autres obligations, propres au groupe, à travers des symboles identitaires : c’est le principe de symbolisme. Le sculpteur doit représenter les symboles de son groupe, de son ethnie, de son village, et ceux-là seuls.
Le temps et l’espace
Tout en restant dans ces grandes généralités, il nous faut prendre en compte un autre élément fondamental pour comprendre l’élaboration des œuvres d’art : la conception du temps et de l’espace. Nous concevons, percevons et mesurons le temps et l’espace d’une manière qui est propre aux civilisations occidentales, or des millions d hommes et de femmes vivent dans des mondes différents, dans lesquels temps et espace n ont pas les mêmes significations que pour nous. L’œuvre d art étant une traduction formelle ou symbolique d’une conception du temps et de l’espace, il est facile de comprendre que les œuvres d’art émanant d’autres cultures obéissent à des règles différentes (perspective, traitement des volumes et des masses, proportions, etc.), que ce soit pour les artistes ou pour ceux qui les regardent et les jugent.
Vidéo : Les Arts de l’Afrique Noire
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