Les mouvement dans la peinture : Art brut
CONTEXTE
le peintre français Jean Dubuffet lance en 1945 l’expression « art brut » pour désigner « des productions de toute espèce (…) présentant un caractère spontané et fortement inventif, aussi peu que possible débitrices de l’art coutumier ou des poncifs culturels, et ayant pour auteur des personnes obscures, étrangères aux milieux artistiques professionnels ». Il renouvelle le vocabulaire figuratif de son époque lorsqu’il découvre le « langage » esthétique propre aux internés des hôpitaux psychiatriques. Par sa démarche, il dénonce le caractère sélectif et répressif de la culture. Il opte pour un art spontané, sans prétention culturelle et sans démarche intellectuelle. Sa peinture, novatrice et originale, consciemment élaborée – contrairement à l’enfermement des tracés faits par les aliénés – indigne et provoque le scandale, par le choix des sujets, par sa représentation et par les matériaux utilisés. En 1948, il fonde La Compagnie de l’Art brut avec des amis dont l’écrivain surréaliste André Breton et le peintre Antoni Tapies. Ils organisent une exposition en 1967, au musée des Arts décoratifs. En 1976, le château de Beaulieu, à Lausanne, en Suisse, accueille le premier musée d’art brut qui comprend aujourd’hui plus de 15 000 dessins d’êtres « irréguliers ». De nombreux artistes réalisent des œuvres d’art brut. Chacun d’eux est seul face à sa création puisque ce style reste réfractaire à tout esprit d’école ou de groupe.
CARACTERISTIQUES
Jean Dubuffet travaille sur papiers mâchés ou froissés, planches de bois, lsorel, matériaux de récupération en deux dimensions mais aussi,’ comme d’autres artistes de l’art brut, sur toiles peintes à l’huile.
Dans ses recherches plastiques et « matiéristes », il intègre des matériaux insolites : cambouis, sable, débris d’éponges, ou des matériaux « naturels » comme des éléments de murs délabrés, de la rouille; qui, mêlés à de la peinture laque ou à l’huile, créent une matière composite et brute. Tantôt figuratifs tantôt abstraits, les dessins de style enfantin – « forme pure et initiale de création » -, les graffitis, les griffonnages, les signes rappellent les réalisations des aliénés qui illustrent leur enfermement et leur déraison par la répétition de motifs qui habitent tout l’espace de la toile, sans composition ni structure logique apparente et sans caractéristiques esthétiques définies. L’art brut, écrit Dubuffet, doit « naître du matériau (…), se nourrir des inscriptions, des tracés instinctifs (…) ».
ARTISTES
France
Jean Dubuffet
(1901-1985) décide de présenter au public l’art brut. Sa carrière picturale se divise en deux grandes périodes, dont la date clé se situe vers 1962. Avant cette date, il réalise des œuvres « brutes, matiéristes » ; après 1962, il entame un nouveau style caractérisé par le cycle de l’Hourloupe (1962-1974) : « Figures allusives de motifs familiers émergeant de la fragmentation de la surface, pièces blanches cernées de noir, uniformément rayées de bleu et de rouge et articulées en un puzzle-labyrinthe dont l’expression fantasque se prolonge vers la sculpture (…) » (Jean-Pierre Greff, historien de l’art).
Sur des supports de rebut, Gaston Chaissac (1910-1964) peint des aplats de couleur séparés des cernes noirs. Son trait se moque de la représentation fidèle et n’obéit qu’à la spontanéité. Robert Tatin (1902-1983) bâtit à partir de 1962 le domaine de la Frênouse près de Cossé-le-Vivien dans la Mayenne, un Chemin des Géants, les Portes de la Lune et du Soleil, la Maison de Notre-Dame Tout le Monde. Son œuvre, inspirée de l’art oriental, sud-américain et surréaliste, possède des caractéristiques de l’art brut.
Chomo
(René Chomeaux, dit, né en 1924) vit seul dans la forêt de Fontainebleau, dans son dit « village d’art preludien ». Il crée avec ce que les humains ont détruit : chiffons, tôles de voitures, plaques publicitaires, etc., qu’il découpe, peint et conserve dans des lieux surnommés par lui église des Pauvres, Sanctuaire ou Refuge.
Joseph Crépin
(1875-1948), plombier-zingueur, et Augustin Lesage (1876-1954), mineur, sont tous deux guérisseurs et passionnés de spiritisme. Crépin représente des palais, temples, cénotaphes décorés de fleurs, d’ailes, d’étoiles dans de vifs aplats de couleurs. Lesage peint des tombeaux et des pyramides imaginaires sans entrées, couverts de formes géométriques et symétriques colorées.
Suisse
Adolf Wôlfli (1864-1930), asilaire pendant vingt ans, ne quitte pas sa cellule et dessine sans relâche des motifs au crayon dans lesquels il raconte sa vie imaginaire, ses multiples voyages, aventures, accidents, châsses, etc.
Aloïse (1886-1964), institutrice, plonge dans la schizophrénie lorsqu’elle s’éprend de l’empereur Guillaume 11. Elle est internée en 1918. À partir de 1934, ses œuvres sont conservées. Employant le crayon de couleur, elle glorifie des cantatrices et des reines aux yeux bleus, sans pupille, qu’elle vêt de somptueuses parures de couleur jaune, vert d’eau et rouge. Dans les scènes amoureuses, les personnages s’enlacent, sans perspective ni vraisemblance.
États-Unis
Ossorio (1916-1990) peint sur des papiers encaustiqués un graphisme semi-automatique qui génère des formes animales et végétales. Il réalise aussi des assemblages décoratifs sur ciment à partir de matériaux : bois, verre, cordes, photographies découpées.
ŒUVRES
Le Métafizyx
Dubuffet, 1950, Musée national d’Art moderne, Centre Georges-Pompidou, Paris.
La Tinette
Chaissac, vers 1950, galerie Callu-Merite, Paris.
Les Amoureux, « Couple aux trois médaillons »
Aloïse, vers 1949. musée de l’Art brut, Lausanne.
Vidéo : Les mouvement dans la peinture : Art brut
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