L'Art : les peintures de la préhistoire
Le monde étrange des grottes
On désigne par « rupestres », ou « pariétales », les peintures tracées sur la roche et sur les parois des grottes. Ces grands décors peints ont été découverts à la fin du XIXe siècle. Les plus remarquables se trouvent dans les Pyrénées – au nord de l’Espagne à Altamira, et en France à Gargas ou dans la grotte des Trois Frères – et dans le Lot et le Périgord, où l’on compte une vingtaine de grottes ornées, dont Pech-Merle, Rouffignac, Combarelles et, surtout, Lascaux. La grotte Cosquer, découverte en 1991 dans le sud de la France, est ornée de figures dont les plus anciennes datent de 27 000 ans.
Le 25 décembre 1994, une grotte, exceptionnelle par la qualité de ses gravures et de ses peintures datant d’environ 20 000 ans, a été découverte à la Combe d’Arc en Ardèche.
Dans ces grottes où les salles se succèdent et communiquent par des passages, on trouve des dessins d’animaux, des silhouettes de mains, des signes abstraits et des points, qui ne semblent pas disposés au hasard. Les archéologues essaient d’en comprendre la signification. Ils examinent tout ce qu’ils y trouvent : les traces de pieds ou de doigts, les outils, les bâtonnets, les ossements et la cendre des foyers.
Les hommes de la préhistoire ne vivaient pas au fond des grottes, mais dans des abris sous la roche pour se protéger des intempéries et des dangers. Pour peindre dans les profondeurs de la terre, ils se servaient de lampes, faites d’un mélange de végétaux et de graisse de renne, dont la lumière ressemble à celle des bougies.
Images de bêtes et d’hommes
L’art pariétal représente avant tout des animaux, surtout des chevaux et des bisons, accompagnés de tout un bestiaire de bouquetins, de cerfs, de rennes et de mammouths. Les ours et les félins sont plus rares. Représentés de profil, les animaux sont généralement de petite dimension. A Lascaux, en revanche, la taille des taureaux est impressionnante.
Les humains sont plus rares, mais au Sahara, au tassili des Ajjer, on trouve des femmes qui ressemblent à des « déesses à tête d’oiseau ». D’autres grottes sont hantées par d’étranges silhouettes de « fantômes ». L’un d’entre eux, le « sorcier » de la grotte des Trois Frères, est à la fois homme et animal. Il a un corps, des jambes et des pieds humains, mais une tête avec des yeux de hibou et des cornes de renne. A Lascaux, une scène très rare représente un homme blessé tombant devant un bison qui le charge.
Mains et signes énigmatiques
Les empreintes de mains, présentes dans la plupart des grottes, envahissent celle de Gargas, où il leur manque un ou plusieurs doigts. Certains chercheurs y voient un code de chasseurs, ou la marque d’un rite religieux consistant à mutiler la main.
Les signes abstraits sont en revanche très présents. Ce sont des points isolés, alignés ou regroupés, des signes pointus, bâtonnets et crochets, en forme de plumes, ou bien des signes pleins, de forme arrondie ou carrée.
En rouge et noir
Les couleurs de base sont le rouge et le noir, enrichies des jaunes, marrons et violets. Elles proviennent de minéraux broyés, liés avec de la graisse. L’oxyde de fer donne le rouge. L ocre chauffée donne des nuances de jaunes et bruns, que I on mélange avec de la craie pour les éclaircir. Le noir est obtenu à partir du manganèse. Le peintre effectue les mélanges dans des godets en pierre ou des galets.
Sculpteurs, graveurs et peintres
Les hommes préhistoriques sculptent, peignent et gravent. La silhouette d’ensemble et quelques détails comme les yeux ou le museau sont d’abord gravés, puis peints.
Ils utilisent les irrégularités de la roche pour suggérer le corps d’un animal, ou la bosse d’un bison, et accentuent le dessin en incisant la paroi avec des outils de pierre, grattoirs ou burins. Avec leurs doigts, ils tracent des lignes épaisses. Avec des bâtonnets, des roseaux, des pinceaux de poils et des tampons de peau, ils appliquent la couleur. Les peintres savent varier l’épaisseur du trait, utiliser le contraste des couleurs, traduire les ombres par des hachures serrées et donner ainsi l’illusion d’un volume ou d’un relief.
Pour faire une main, ils peuvent en dessiner le contour avec un trait, ou bien 1’imprimer selon la technique du pochoir. En posant la main sur le rocher et en soufflant de la poudre autour, ils la font apparaître alors en négatif.
Des générations d’artistes
Si les thèmes représentés restent les mêmes, les spécialistes de l’art pariétal ont observé des changements de style au fil des temps. La première période, la plus ancienne, présente un art fruste avec des représentations animales informes, des silhouettes maladroites. À partir de la seconde période, on reconnaît facilement.
les animaux, à la ligne sinueuse de leur dos et à l’arrondi de leur ventre. Les cornes, les mufles et l’œil sont parfaitement dessinés, mais les pattes sont souvent inachevées. La grotte de Lascaux appartient à la troisième période, datée d’il y a 17 000 ans, où l’art est plus abouti. Les corps sont encore disproportionnés, mais chaque espèce est bien définie. L’artiste cherche à traduire le mouvement des animaux. La dernière génération observe rigoureusement les modèles vivants, et propose un rendu plus réaliste, mais empreint d’une certaine raideur.
Artistes ou magiciens ?
Les animaux sont si souvent représentés que l’on peut imaginer l’importance qu’ils avaient dans la vie des hommes préhistoriques. Mais pourquoi les ont-ils peints ? Peut-être ces dessins permettaient-ils de garder le souvenir des chasses, de les rendre favorables, ou de vaincre la peur ? Ou peut-être ces grottes étaient-elles des sanctuaires, réservés à la célébration d’un mythe, d’une religion liée à la fécondité ou à des pratiques magiques ? Il est encore impossible de comprendre le sens de ces signes. Ils sont les témoignages des hommes de la préhistoire et ont précédé l’écriture, qui marque le début de l’histoire.
Vidéo : Les peintures de la préhistoire
Vidéo démonstrative pour tout savoir sur : Les peintures de la préhistoire