Les vêtements pour enfants
Une notion récente : la layette
□ La notion de layette date du la fin du xvnf siècle. À l’origine, ce terme désignait l’ensemble du trousseau du bébé, qui était entreposé dans un tiroir ou laie. Le maillot ne représentait pas le vêtement, mais la manière dont était enveloppé le nourrisson. Quant au lange, il est la survivance d’une prononciation ancienne de « linge ».
□ Le nourrisson était entièrement emmailloté, privé de mouvement. Les hygiénistes justifiaient cet emmaillotage par une meilleure station debout plus tard. Jean-Jacques Rousseau, au siècle des Lumières, recommanda, comme cela se faisait déjà en Angleterre, de laisser les jambes du bébé libres.
□ Il fallut attendre le xixe siècle pour que les bébés soient habillés avec des vêtements spécifiques. La layette tricotée à la main se développa jusqu’à la généralisation du travail féminin et l’industrialisation de ce type de vêtement. Tenue indispensable, elle est devenue un présent que l’on fait à la jeune maman. La brassière, la barboteuse, la combinaison, le kangourou ont enrichi le vocabulaire.
La naissance de l’enfance
□ C’est le XIXe siècle qui instaure les tranches d’âge, mais qui, surtout, découvre l’enfance. Jusqu’alors, les enfants, dès qu’ils savaient marcher, portaient, quel que soit leur sexe, des robes qui rappelaient de manière symbolique le rattachement à la mère.
□ La révolution bourgeoise et industrielle a déplacé le paraître masculin vers les femmes et les enfants. Ils deviennent le reflet de la position sociale du père dans un système de consommation indirecte. L’enfant est reconnu comme une personne avec des besoins propres. Ses principales tenues sont : le kilt, l’habit marin à rayures, le tablier scolaire. Les petites filles, si elles sont vêtues de robes à crinoline, portent une culotte en dentelle qui dépasse. Dans les classes moins favorisées, les petites filles sont habillées avec des pantalettes, simples culottes de coton blanc qui s’arrêtent aux genoux.
Les consommateurs en culottes courtes
□ La notion de tranches d’âge va s’affiner. Après le nourrisson vient le jeune enfant (de 1 à 9 ans environ), suivi du pré-adolescent (jusqu’à 12-13 ans), puis l’adolescent, notion européenne très récente.
□ De nos jours, le vêtement pour enfant ressemble aux tenues pour adultes, qui dans le même temps refusent de vieillir. Le vêtement segmenté et déterminé par l’âge a pratiquement disparu. Le sportswear, qui a déjà réduit les écarts vestimentaires entre les sexes, a également unifié les codes entre les jeunes et les moins jeunes.
Les couleurs de l’enfance
■ Bleu pour les garçons, rose pour les filles
■ Des origines religieuses ou païennes ?
Deux hypothèses s’affrontent pour ten – ter de cerner le mécanisme de la répartition des couleurs entre les petites filles et les petits garçons. La première puise ses racines dans l’imaginaire religieux. Dans la religion catholique, le bleu est la couleur qui exprime le renoncement et le détachement des valeurs du monde, que les enfants sont censés représenter. Le blanc est devenue une couleur liturgique depuis l’invention de l’immaculée Conception et symbolise la pureté et la virginité. Mais aucune raison ne vient éclairer l’attachement de ces couleurs aux petits garçons et non aux petites filles.
La seconde hypothèse prend en compte les antagonismes des couleurs. Le blanc s’oppose au noir, le vert au jaune, et le bleu au rouge, qui symbolise la vie. Or, depuis le Moyen Âge, le rouge est intimement lié au monde féminin. Le bleu, couleur d’opposition, aurait donc été attribuée très tôt aux garçons pour les distinguer des filles. Afin d’adoucir ces couleurs violentes, le rouge serait devenu rose et le bleu, pastel.
■ Des goûts et des couleurs
Dans de nombreuses cultures, le rouge est synonyme de joie, et il n’est dès lors pas étonnant que les enfants soient habillés de rouge pour traverser les rites de passage auxquels ils sont soumis. En Chine, par exemple, les enfants portent des vêtements en satin ouatinés et brodés « rouge impérial ». Les Japonais habillent les nouveau-nés d’un kimono miniature rouge.
Un vêtement unique : la robe de baptême
Avant la révolution industrielle, le jour de leur baptême, les enfants, quel que soit leur sexe, arrivaient devant les fonds baptismaux enveloppés du châle de leur mère ou emmitoufiés dans une couverture de couleur blanche (symboli sant leur innocence) parsemée de fleurs et de nœuds, la tête recouverte d’un bonnet. Au xix8 siècle, la tenue de baptême reflète de manière flagrante la notion de consommation indirecte. La robe immaculée, portée aussi bien par les petites filles que par les petits garçons, est confectionnée dans des tissus précieux et onéreux, surchargée de dentelle et de nœuds. Le bonnet est doublé et les pieds sont cachés dans des chaussons.
Reflétant le passage d’un état à un autre, la robe de baptême était conservée précieusement. La perte des rituels religieux a entraîné la disparition de cette tenue au profit de vêtements spécifiques pour les petites filles et les petits garçons.