L'urbanisme de dalle : définition: urbanisme sur dalle
Avant d’examiner les origines possibles de l’urbanisme de dalle, il faut sans doute en donner une définition. Ce terme s’est progressivement imposé en France pour désigner un mode de couverture et, par extension, un type d’espace urbain. Les concepteurs des années soixante ne l’utilisent pas, et on serait bien en peine de le retrouver dans les textes qui tentent de fonder l’urbanisme contemporain, comme la Charte d’Athènes. André Prothin, premier directeur de rétablissement public responsable de la construction de La Défense, parle en 1968 d’un « sol artificiel à l’usage exclusif des piétons et constituant le rez-de-chaussée de la future ville (…) revêtu de marbre sur plus de deux hectares de surface »l. En 1993, la revue Urbanisme, dans un dossier intitulé « Faut-il en finir avec l’urbanisme de dalle ? » reprend comme définition la création d’un sol artificiel. Bruno Vayssière rappelle dans ce dossier les origines métaphoriques du concept qui renvoient, selon lui, d’un côté à Métropolis de Fritz Lang et de l’autre, au pont des bateaux (en anglais, dalle se dit deck).
Par ailleurs, il nous semble nécessaire de distinguer l’urbanisme de dalle de l’urbanisme souterrain qui fait l’objet d’intenses spéculations avant et après guerre. Certains aspects semblent pourtant communs : il s’agit dans les deux cas de superposer la ville à la ville, d’imaginer l’organisation urbaine à la verticale et non plus à l’horizontale comme l’avaient proposé les premiers urbanistes de la fin du XIXe siècle.
La continuité du sol naturel va être systématiquement interrompue dans les opérations sur dalle, alors que l’urbanisme souterrain peut laisser intacte la surface. A Grand Central Station à New York ou encore dans le cas des complexes commerciaux construits autour des stations de métro, comme le forum des Halles à Paris, on ne se trouve pas en présence de dalles. En revanche, quand Gaston Bardet, porte-parole de l’urbanisme souterrain, préconise un zoning vertical, il se rapproche des principes mis en oeuvre dans l’urbanisme de dalles3. Cependant, la volonté de réaliser une séparation des circulations piétonnière et automobile paraît déterminante dans le cas des dalles, alors que les tenants de l’urbanisme souterrain vont beaucoup plus loin en imaginant des programmes complexes spécifiques construits sous le sol naturel.
Gaston Bardet préconise aussi l’enfouissement des circulations les plus rapides, mais il met surtout en avant la nécessité de composer avec la nature géologique du sous-sol. La dalle par comparaison s’en détache, pour proposer une organisation idéale, systématique, indépendante des contingences du terrain. En conclusion cependant, il juge prédominantes les raisons sociales dans le choix d’un mode d’urbanisation : « Une ville est en effet la projection, sur un site, d’une masse collective de vouloir humain, qui emprunte pour se réaliser les progrès de la technique. » Dans le registre de l’utopie, on peut évoquer les concepteurs des structures spatiales comme Yona Friedmann qui veulent également pacifier les mœurs urbaines. Ils envisagent à la fin des années soixante de construire de nouveaux espaces habitables au-dessus de la ville ancienne. L’urbanisme « spatial » se propose ainsi de résoudre les difficultés de libération du sol4 que vont connaître les grandes opérations sur dalle par l’installation d’immenses structures suspendues en plein ciel.
Vidéo : L’urbanisme de dalle : définition
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