Un projet global
À Paris, les aménageurs de Maine-Montparnasse envisagent de relier l’opération de la rue de Rennes à celle du Front-de-Seine en traversant tout le XVe arrondissement à l’aide d’une dalle. On trouve également des propositions pour prolonger en sol artificiel cette même opération vers Denfert-Rochereau. À La Défense, le projet de la zone A, le seul réalisé sur dalle, devait se prolonger jusqu’à la préfecture de Nanterre. En fait, le phénomène de la dalleen France nous semble assez spécifique d’une vision étatique ou plutôt technocratique de l’aménagement urbain. La création d’un sol artificiel à plusieurs mètres au-dessus du sol naturel implique la reconstruction de l’ensemble des réseaux techniques ainsi que celle de la totalité du réseau viaire et réclame des investissements considérables. Pour ce faire, seule la puissance de l’État peut mettre en œuvre les moyens nécessaires. L’abandon de la dalle dans l’opération de Maine-Montparnasse est révélatrice à cet égard de la difficulté, si ce n’est l’impossibilité, de financer une opération de cette nature sur fonds privés. Dans ce sens, la dalle peut être lue comme l’espace urbain de la technocratie toute-puissante. L’exemple de Maine-Montparnasse semble significatif de cette situation. L’opération fait l’objet d’un débat entre le ministère de l’Equipement et les aménageurs au sujet du statut des sols. En effet, à partir du moment où on envisage de superposer des statuts fonciers différents, on remet en cause le principe du droit français qui considère la propriété à partir du sol naturel. Or construire une passerelle et a fortiori une dalle au-dessus du domaine public consiste dans le cas de Montparnasse à aliéner ce domaine au profit du privé. La possibilité d’établir des servitudes sur le domaine public est envisagée, mais cette question va contribuer à remettre en cause le principe de la dalle prévue de la gare à la place située en haut de la rue de Rennes. Le recours à des investisseurs privés pour financer une partie des infrastructures rend progressivement impossible une solution spatiale homogène et unitaire. Ce qui subsiste aujourd’hui du projet initial a prit de fait un aspect étrange et quelque peu énigmatique. En bas de la tour, en haut de la rue de Rennes, des volées d’escaliers débouchent sur une terrasse qui sert de terrain d’entraînement aux amateurs de skateboard et de patins en ligne.
Vidéo : Un projet global
Vidéo démonstrative pour tout savoir sur : Un projet global
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