Vêtements d'ailleurs
Si la mode du xxe siècle a contribué à reléguer au rang du folklore les vetements traditionnels, l’évolution du costume européen n’a pu se faire qu’à travers des emprunts culturels nés des voyages et du brassage de populations. Toutefois, le costume occidental semble peu à peu devenir un modèle universel.
Un outil ethnographique
□ Dès le xve siècle, les ouvrages sur les costumes des peuples foisonnent. On les découvre au fur et à mesure que s’ouvrent les routes terrestres et maritimes. Ces livres répertorient et classent les tenues par pays ou par région et vont favoriser, en Occident, 1 adoption de nouvelles formes ou de nouveaux accessoires.
□ Le costume, premier élément visible de comparaison pour un explorateur, affirme la culture, l’origine ethnique ou sociale, mais surtout permet aux historiens du costume et de la mode de dater avec précision l’apparition de telle ou telle piece de vêtement.
Une source d’inspiration inépuisable
□ L Orient et l’Asie restent des sources d’inspiration qui favorisent, aujourd’hui encore, les changements dans les comportements vestimentaires européens Ponctuellement, on puise dans d’autres folklores : poncho d’Amérique latine, tissus africains, turquoise des tribus indiennes d’Amérique du Nord.
□ La mode ne s’inspire pas seulement des costumes des autres cultures Elle reprendjes caractéristiques de tenues d’autrefois qu’elle adapte à son époque Le Moyen Age apporte les capes et la silhouette de page ; avec l’influence des années 7U, on redecouvre le pantalon trompette ou pattes d’éléphant.
Les principaux apports
□ Les croisés rapportèrent des étoffes précieuses, comme la soie ou la fourrure, mais également le pantalon et le port du voile pour les femmes, tradition méditerranéenne, et les motifs floraux, l’Europe ayant jusqu’alors développé des motifs à rayures.
□ A partir du XIXe thèmes orientaux, chinois et japonais influencent la mode. En 1910, Paul Poiret signe ses premières robes d’inspiration ottomane et chinoise. Yves Saint Laurent étudie des variations autour des tenues exotiques. Cependant c est Jean-Paul Gaultier qui ose métisser sur une même silhouette des influences très diverses. Mais il ne faut pas ignorer qu’en adoptant un vêtement ethnique, on prend souvent le risque de s’approprier une tenue vécue comme une « obligation » dans le pays d’origine.
Un vocabulaire qui s’intemationalise
De nombreux termes désignant aujourd’hui nos habits sont originaires de pays lointains. Ainsi, la cravate est une déformation de croates, cavaliers qui portaient tissu autour du cou. Gilet et casaque viennent de la langue turque, chale du persan, boléro de l’espagnol, pyjama et jodhpur de l’hindi. Quant à l’anorak, vetement des tribus inuit, il fut rapporté par les explorateurs du Grand Nord.
Le kimono
■ De la tradition à la modernité
Le kimono, vêtement emblématique du Japon, s’est structuré au fil des influences des hauts dignitaires de la cour impériale depuis près de treize siècles. Constitué de couches successives de vêtements, le kimono n’est pas boutonné et un seul lien suffit à le défaire. La tenue extérieure est composée de trois pièces importantes :
– le kimono, ses couleurs et ses tissus dépendant de l’utilisation ;
– le obi, ceinture nouée sous la poitrine ;
– le obijime, petit cordon qui fixe le obi par un nœud.
Revêtir, entretenir et plier un kimono nécessite un long apprentissage, qui de nos jours s’enseigne dans des académies. Ce costume, simple et complexe à la fois, a toujours fasciné les Occidentaux. Ils s’en inspirèrent pour les premiers smokings et les robes de chambre. La manche kimono reproduit également la coupe en un seul tenant des manches des tenues japonaises.
Des stylistes japonais (Issey Miyake, Kenzo, Yohji Yamamoto) ont largement contribué à diffuser la modernité du costume de l’archipel depuis une trentaine d’années, relayés par des stylistes d’origine diverse, tel le Brésilien Ocimar Versolato.
■ Le obi
Le obi est une bande de tissu de 3 à 4 m de long et d’une largeur comprise entre 15 à 70 cm. Les plus beaux sont en gaze de soie, pour l’été. Ceux des hommes (kaku obi) sont étroits et sombres ; leur apparition remonte au xvn8 siècle (période Edo). Plus on vieillit et plus le obi sera étroit.
Les trois formes de base évoquent le tam – bour (ôtaiko), l’oiseau pluvier (chidori) et les ailes du papillon (chô).
Il existe environ cinq cents manières de le nouer, selon le tissu, le type de cérémonie ou le jour.
Le obi symbolise toute la recherche de l’harmonie, des nuances et de la dissymétrie de la culture japonaise.
Vidéo : Vêtements d’ailleurs
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