Le soutien-gorge
Les premiers slogans publicitaires, en 1930, donneront la raison d être du soutien-gorge : il doit protéger les seins des mouvements de la vie moderne tout en les maintenant. En soixante ans, il est parvenu à s’imposer comme un vêtement indispensable, avec une nouvelle fonction : celle de plaire.
Une évolution par étapes
□ Herminie Cadolle inventa en 1889 le premier soutien-gorge qui sépare les seins. Dans les années 30, la rayonne et les nouvelles machines à tisser vont permettre de concevoir le soutien-gorge actuel. Toutefois, il reste onéreux et surtout encore peu adapté aux différentes morphologies féminines.
□ La première grande révolution vient des États-Unis, avec les trois frères de la société Warner. Dans un premier temps, ils mettent au point un tissu entièrement extensible, puis ils affinent les tailles en proposant des bonnets (de A à D) et enfin remplacent les anciennes bretelles en tissu par des bretelles élastiques.
D Après la Seconde Guerre mondiale naît le soutien-gorge Very Secret, réalisé en nylon. Garni de petits coussins d’air, ce soutien-gorge était gonflable. Un autre Américain, Howard Hugues, constructeur d’avions, invente un soutien-gorge aérodynamique à armatures renforcées qui rend les seins pointus. Enfin, en 1956, la marque Lejaby met au point le soutien-gorge pigeonnant.
Du rejet à l’indispensable
□ La décennie suivante voit la démocratisation de ce sous-vêtement fabriqué en coton et peu onéreux. Mais c’est surtout la décennie Playtex, qui crée le Cœur croisé, premier soutien-gorge avec des armatures non métalliques.
□ Avec la révolution sexuelle et les mouvements pour la libération des femmes, les années 70 marquent un tournant dans la brève histoire du soutien-gorge. Rejetés, brûlés en public, ils ne disparaissent pas, mais doivent désormais être fonctionnels et confortables, sans connotation sexy. Pour répondre à cette évolution des mentalités, la société Dim lance le soutien-gorge entièrement tricoté, à la manière d’un collant.
□ Le soutien-gorge d’aujourd’hui est un objet de séduction fonctionnel. Les sou- tiens-gorges renforcés reproduisent l’image idéale dominante d’une femme au buste généreux. Quelle que soit sa fonction, le soutien-gorge bénéficie de l’évolution des matières plus extensibles (Lycra) et surtout plus douces (microfîbres).
Une prouesse technique
□ Un soutien-gorge est composé de 30 à 40 petits morceaux de compositions souvent différentes, parmi lesquels on trouve le tissu, la dentelle, les armatures, les biais, les agrafes et les élastiques. Toute la difficulté consiste à obtenir une forme ronde à partir de ces morceaux plats.
□ Si les étapes précédant 1 assemblage sont robotisées et informatisées, le montage d’un soutien-gorge est délicat, car les morceaux sont très petits et les coutures doivent être réalisées au millimètre près. De nombreuses opérations s’exécutent encore à la main (montage des bretelles, des armatures, des ornements).
Le soutien-gorge invisible
■ Pourquoi un soutien-gorge sans coutures ?
Le moulage permet d’obtenir un soutien-gorge sans coutures qui maintient le galbe tout en assurant un meilleur maintien et un plus grand confort. Ainsi la plupart des bonnets de soutiens- gorges conçus pour le sport ou pour l’allaitement sont-ils moulés. De plus, cette technique répond à un souci esthétique, le soutien-gorge moulé étant pratiquement invisible sous un vêtement ajusté. Enfin, le moulage permet d’obtenir des soutiens-gorges convenant à plusieurs tailles d’un même bonnet, réduisant considérablement les temps de fabrication.
■ Comment mouler un bonnet de soutien-gorge ?
Peu d’entreprises détiennent l’outillage et le savoir-faire nécessaires pour réaliser ce type de déformation des tissus. En Europe, la société Mayser, installée en Allemagne, a pu développer de nouvelles méthodes de moulage, acquises auparavant dans la fabrication des chapeaux en feutre.
Pour faire un moulage, il faut, dans un premier temps, choisir entre deux grandes catégories de moules, qui permettront la découpe du bonnet :
– les moules coniques ou fonctionnels, pour les étoffes élastiques et non élastiques ;
– les moules sphériques, uniquement pour les étoffes élastiques.
C’est la chaleur qui fixe de manière défini – tive la forme des bonnets. Ensuite, selon l’effet recherché, ceux-ci sont découpés, à l’emporte-pièce pour les modèles simples, et selon des découpes spéciales pour les modèles nettement plus complexes.
Inspiré de la technologie de l’industrie automobile et aérospatiale, le moulage a pu se développer grâce aux tissus synthétiques supportant les hautes tem – pératures. Toutefois, le progrès aidant, il est maintenant possible de mouler des bonnets en coton.
■ Qui utilise la technique du moulage ?
L’un des premiers brevets de bonnet moulé fut déposé aux États-Unis avant la Seconde Guerre mondiale. Warner mit au point un soutien-gorge baptisé Spécial Pull car il donnait l’impression d’avoir les seins nus.
En France, c’est la marque Huit qui lança ce type de sous-vêtement, suivie par d’autres fabricants (Chantelle, Triumph, Gossard, Dim). Si les années 70 ont plébiscité ce soutien-gorge, les femmes des années 80 l’ont rejeté, le trouvant trop mou, trop transparent. La généralisation des matières moulantes et la mode des dessous dessus vont réintroduire ce type de soutien-gorge dans les garde-robes.
L’analyseur de silhouette
Si les Japonaises n’ont commencé à mettre des soutiens-gorges qu’en 1945, c’est une société de lingerie japonaise, Wacoal, qui a inventé l’analyseur de silhouette. Un ordinateur relié à une caméra filme, dans un premier temps, le torse nu.
Il propose ensuite le soutien-gorge qui correspond le mieux à la morphologie des seins. Il permet ainsi de visualiser les imperfections physiques tout en dévoilant les modifications obtenues.
Le soutien-gorge serait-il devenu un instrument de modelage au service d’une seule et unique cause : se rapprocher le plus possible de l’image idéale de la femme ?
Vidéo : Le soutien-gorge
Vidéo démonstrative pour tout savoir sur : Le soutien-gorge
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