Le nu
Le nu:
La peinture de nu décrit la beauté formelle du corps humain.
Cette peinture évolue avec les siècles sous différents aspects :
historique, religieux, mythologique… Corps idéal représenté dans l’Antiquité, corps réaliste peint au XIX siècle, le nu devient, au XX siècle, un sujet d’expériences radicales pour les artistes.
L’idéal classique:
L’Antiquité égyptienne utilise des règles géométriques rigoureuses pour dessiner les différentes parties du corps. Dans un souci de lisibilité picturale, l’artiste égyptien refuse les paxticularismes et applique un modèle (une grille étalon) : les corps figurés dans les pyramides ont tous les mêmes proportions.
Dans l’Antiquité grecque, les artistes conçoivent aussi un système de proportions, les canons, qui définit les critères de la beauté du corps idéal (kanôn, » règle ») Les Grecs cherchent à retrouver une harmonie parfaite : la beauté d’un corps nu doit être à l’image de la perfection divine. Vénus, déesse de l’Amour, et Apollon, le dieu des Arts, symbolisent la perfection absolue.
L’art de la Renaissance s’inspire directement de ces critères. Inspirés par l’héritage grec, les peintres perpétuent le culte de la nudité et de la beauté physique. Le sujet mythologique devient le prétexte à de vastes compositions peintes où la nudité exprime la perfection divine ; elles évoquent plus librement l’érotisme et la sensualité. Ces conventions du nu classique s’installent durablement en Europe jusqu’à la fin du XIXe siècle, avec l’expansion du goût pour les sujets antiques de l’art gréco-romain.
La vision de l’Europe du Nord:
Parallèlement, en Europe du Nord, l’art gothique développe une autre convention de la nudité teintée de christianisme : Ève est représentée nue, debout, longiligne, la peau très blanche, le visage étiré avec de longs cheveux blonds qui couvrent de petits seins. Elle a un ventre rond et gonflé, symbole de fertilité.
Après la Renaissance, Rubens (1577-1640) et Rembrandt (1606-1669) développent une nouvelle convention de la nudité. C’est la figure d’un corps humanisé, détaché de la perfection des dieux grecs et de la froideur chrétienne. L’équilibre et le volume des chairs sont poussés à l’extrême de l’arabesque des lignes baroques. L’image de la femme exalte l’exubérance de la chair rose et potelée.
Les nouvelles représentations:
Les impressionnistes refusent le bon goût formel et les conventions. Ils montrent le corps dans sa nudité vraie, représenté pour lui-même, sans prétexte mythologique. Dans la série des Baigneuses, Cézanne (1839-1906) recherche une nouvelle formulation de l’équilibre classique. Il transcrit les correspondances picturales entre les lignes de la nature et le dessin du corps des femmes.
Picasso (1881-1973) puise dans les arts primitifs et dans les leçons de Cézanne une formulation révolutionnaire. Les Demoiselles d’Avignon, en 1907, expose les corps violemment découpés, écartelés, les visages hachurés.
Académisme et modernité au XIX siècle:
Un tableau qui fait scandale:
Le Déjeuner sur l’herbe, exposé en 1863 sous le titre Le Bain, fait scandale. Napoléon III déclare qu’il « offense la pudeur ». Il achète alors La Naissance de Vénus, du peintre Alexandre Cabanel (1823-1889), dont les spectateurs et la critique louent le « goût exquis ». Le tableau de Manet choque par le sujet choisi. Le public est outragé par l’image
de ce nu représenté sans prétexte mythologique.
Un tableau moderne mais inspiré par Raphaël:
Le nu féminin est d’autant plus insolent qu’il est encadré par deux hommes habillés de sombre, qui contrastent avec la blancheur du corps dénudé. La composition du groupe est empruntée à une scène classique peinte par Raphaël, Le Jugement de Pâris.
La facture du tableau est aussi très singulière pour l’époque. Manet ne nuance pas ses couleurs, il pose de larges aplats.
Vidéo : Le nu
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