L’expertise
L’expertise:
Il revient aux experts d’attribuer, de dater et d’évaluer les œuvres soumises à leur appréciation, et rares sont les faussaires qui ont réussi à les mystifier. Officiers d’État ou non, ils sont tenus à une certaine éthique. Leur responsabilité face à l’expertise d’une œuvre d’art est engagée pour trente ans.
Les experts:
Un décret a supprimé le titre d’expert en 1985. Ce titre n’étant pas protégé, tout amateur d’art peut y prétendre. Le Syndicat des professionnels des œuvres d’art en regroupe environ sept cents. Les experts, souvent spécialisés, exercent à titre privé et s’engagent par écrit sur la valeur ou l’attribution d’une peinture. À titre gracieux et sur photographie, l’expert peut émettre un avis avant que le propriétaire décide d’engager des frais en vue d’une étude approfondie. Toute expertise consignée sur papier est un document officiel qui engage la responsabilité de l’expert pendant trente ans, en vertu de la loi dite de responsabilité trentenaire en vente publique ou privée.
Le commissaire-priseur est un spécialiste assermenté du marché de l’art. Doublé de la qualité d’expert, il estime, évalue, vend les œuvres qui lui sont confiées dans les salles des ventes et fixe le prix de départ des enchères. Certaines sont des lieux prestigieux, par exemple l’hôtel Drouot. Le décret d’application de juillet 2001 de la loi votée en 2000 a supprimé le monopole de la charge créée en 1556. Désormais, conformément à la législation européenne, la profession discerne deux statuts : celui d’officier ministériel de celui de commissaire-priseur indépendant. Le premier a le monopole des ventes judiciaires (héritages, liquidations d’entreprises, saisies), il exerce dans une étude dont il a acheté la charge, le second est à la tête d’une société commerciale agréée de vente volontaire. La fin de ce monopole annonce l’arrivée de la concurrence étrangère.
Les moyens des experts:
L’expert est souvent historien d’art, et trois ans de stage sont obligatoires pour les commissaires-priseurs. Par ailleurs, dans le cadre de spécialisations, il mène des travaux de recherche et de confrontation.
Les archives et documents contemporains de l’artiste décrivant tel ou tel tableau ou relatant son itinéraire (vendu le … à …), les écrits et descriptifs de l’artiste lui-même, de ses proches, leurs témoignages, les catalogues raisonnés (complets) sont des outils précieux qu’il doit confronter pour assurer son jugement.
il peut accéder aux outils sophistiqués des laboratoires des musées de France. Mais lors d’une attribution douteuse, rien ne permet de trancher. L’intuition n’est pas scientifique, et l’expertise, même scientifique, ne peut aller au-delà d’un descriptif.
Quelle clientèle ?
Les experts et commissaires-priseurs ont une clientèle essentiellement privée, qui sollicite leurs services pour l’estimation d’un héritage ou la gestion d’une vente. Les assurances ont également recours à leurs compétences avant la signature d’un contrat ou en cas de sinistre, par exemple. Lors d’achats, les musées se font également assister par des conseillers artistiques et des experts reconnus du monde de l’art et s’assurent ainsi toutes les garanties.
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Des faussaires « officiels »:
Pour des raisons financières évidentes, les grands peintres ont eu leurs faussaires. Les faux tableaux ont même parfois bénéficié de la complicité du maître (Rembrandt, Corot, Dali, etc.). Un nombre impressionnant de faux Corot serait ainsi disséminé en Europe.
L’affaire Rembrandt:
Rembrandt est l’un des artistes qui a été le plus copié, déjà de son vivant. Son atelier entretenait, dit-on, une cinquantaine d’élèves travaillant tous à la manière du maître. Le peintre lui-même a semé la confusion en signant des peintures dont il n’était pas l’auteur. Le Rembrandt Research Projet (mission scientifique sur les œuvres autographes de l’artiste) a entrepris un travail de fond afin de lever le voile du doute. Sur un millier de tableaux, il n’en reste que trois cents dits de la main de l’artiste ; l’enquête n’est pas achevée et la qualité des peintures étudiées complique le travail des experts. Ainsi, de grandes collections, comme celle du Metropolitan Muséum à New York, de la Wallace Collection à Londres, du Louvre, se sont vues « dépossédées » de tableaux qui étaient jusque-là considérés comme originaux.
Hans Van Meegeren, le faussaire virtuose de Vermeer:
En 1937 réapparaît sur le marché de l’art un tableau disparu de Vermeer, La Cène. Les historiens d’art voient dans cette toile un chef- d’œuvre du maître. Devant le succès de la supercherie, Hans Van Meegeren récidive. Mais l’une des toiles ayant été vendue à Goering, après la guerre, le peintre est accusé de collaboration et emprisonné. Ses aveux ne convaincront personne, jusqu’à ce que, en prison, il réalise un nouveau faux. Le procès du « génial » faussaire eut lieu en 1947 et contribua à rap-peler la fragilité des certitudes de jugement et d’attribution en histoire de l’art.