Le champ de l’histoire de l’art :Une histoire mondiale de l'art
Une histoire mondiale de l’art
Par ignorance ou par choix idéologique, l’histoire a longtemps été teintée d’ethnocentrisme. Vasari s’efforçait de montrer la prééminence de l’art toscan, Winckelmann écrit son Histoire de l’art dans l’Antiquité (1764) selon un point de vue strictement occidental. Dans leurs recherches de nouvelles références, après la crise des modèles de l’art classique, les artistes — et de rares amateurs — ont su bien avant les historiens se saisir des arts non occidentaux. Ce sont eux qui en imposent l’image et les valeurs esthétiques : l’art japonais dans le sillage des impressionnistes puis de l’Art nouveau, l’art océanien et Gauguin, l’art africain et Derain et Picasso. Mais ces artistes devront eux-mêmes attendre plusieurs décennies pour figurer dans les histoires de l’art… De même a-t-on cherché à appliquer aux arts non occidentaux les schémas dassificateurs mis au point pour l’art européen.
Pour Winckelmann, les arts qui se rattachent au dessin ont commencé par le pur nécessaire, ensuite ils aspirèrent au beau, puis ils passèrent à l’excessif et à l’outré. Ce parti a été adopté par les historiens quand ils ont étudié les arts non occidentaux. Ils se sont appuyés sur cette notion de stades d’évolution pour éviter une fragmentation de leur champ d’études par les pays ou continents. En leurs temps, Horst Janson (Histoire de l’art, 1962), Hugh Honour et John Fleming (Histoire mondiale de l’art, 1988) ont appliqué cette conception à leurs ouvrages. Mais cette entreprise prête à la critique. La notion de stade est discutable et on ne peut ramener l’histoire de l’art mondial à un schéma qui serait celui du développement de l’art occidental.
La difficulté pour écrire une histoire de l’art « universelle » se retrouve dans la manière de distribuer les chapitres. Comment articuler entre eux les récits concernant les époques avec ceux concernant les pays? C’est la question que pose André Chastel dans sa préface à l’ouvrage de Honour et Fleming : « Où placer l’Asie médiévale, l’Amérique hors circuit, l’Afrique sans mémoire? Une solution est de faire apparaître les œuvres au moment où elles sont connues de l’Occident : les sculptures mayas à l’heure de Dürer, les estampes japonaises au siècle de Gauguin, les masques du Gabon et les panneaux de Sepik pour Derain et Picasso ». Quant à Arnold Toynbee, il adopte le parti du découpage confondant les grandes aires de civilisation avec les grandes ères historiques. Ainsi l’art bouddhique, qui s’explique par la « grécisation » du Gandhâra succédant à l’empire d’Alexandre, sera présenté après la période hellénistique, et avant Rome.
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