Bad Painting
CONTEXTE
Au début des années quatre-vingt, des changements artistiques s’opèrent à travers le monde. À l’art conceptuel de portée européenne succèdent des avant-gardes nouvelles intitulées « trans-avant- gardes internationales » : Bad Painting (américaine), Nouveaux Fauves (allemande), trans-avant-garde italienne. Le terme Bad Painting, « mauvaise peinture » apparaît pour la première fois à New York, en 1978, comme titre d’une exposition de Neil Jenney. Ce mouvement critique le « bon goût », l’intellectualisme de l’art conceptuel, pour réhabiliter la « sous-culture » et mettre en place le « mauvais goût » en peinture. Les artistes substituent à la dématérialisation plastique de l’art conceptuel la puissance des images. Leurs toiles ressemblent à cette société contemporaine surinformée, perturbante et violente.
CARACTERISTIQUES
Les artistes américains choisissent de grands supports en bois lorsqu’ils utilisent des matériaux solides pour construire leurs œuvres et de la toile ou de la bâche pour leurs peintures à l’huile. Ils s’inspirent de scènes urbaines et de ses signes (graffitis), de la peinture décorative des années cinquante, de sujets dits « académiques » comme le portrait religieux, la peinture de genre, les paysages mais aussi des représentations païennes ou animales. Les compositions décentrées éliminent toute assise visuelle. Les œuvres sont réalisées avec des matériaux hétéroclites, notamment des morceaux d’assiettes (Julian Schnabel). Les dissonances colorées sont appuyées par des empâtements généreux et une exécution apparemment rapide et bâclée.
ARTISTES
Etats-Unis
Neil Jenney
(né en 1945) choisit les thèmes illustrant les problèmes de l’environnement quotidien : le déboisement (détail d’un tronc d’arbre), le nucléaire, etc. « L’art digne de ce nom rend la société plus sociale » écrit-il.
Julian Schnabel
(né en 1951) est considéré comme le porte-drapeau de la nouvelle peinture américaine. Ses tableaux composés de fragments d’assiettes inspirés des mosaïques des azulejos (Espagne) suggèrert des ruines de sites archéologiques. Ses œuvres les plus connues sont peintes sur une surface déchiquetée faite de tessons de vaisselle assembles, collés sur du bois et liés par de la peinture. Elles s’intitulent « plate paintings ». À l’agressivité des plate paintings, succèdent les « velvet paintings » (« peintures sur velours ») consacrées à la cantatrice Maria Callas.
David Salle
(né en 1956) joue entre la figuration et l’abstraction par superposition d’images fortes, culturelles ou érotiques.
Jean-Michel Basquiat
(1960-1988) s’approprie et rivalise avec la culture urbaine des graffitis pour réaliser ses toiles. Il est autant représentatif de la Bad Painting que du Graffiti Art.
Stephen Buckley dit de sa toile sur la Première Guerre mondiale : « J’ai voulu la faire aussi laide que le sujet (…), mais bien entendu, après quelques semaines, n’importe quelle merde commence à avoir l’air belle. »
ŒUVRES
Portrait d’Éric
(France libre), Schnabel, 1987, galerie Yvon Lambert, Paris.
Collaboration
Basquiat/Warhol, 1984, galerie Mayor/Mayor Rowan, Londres.
My Head
Salle, 1984, Saatchi Collection, Londres.
Vidéo : Bad Painting
Vidéo démonstrative pour tout savoir sur : Bad Painting
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