Esthétique de l'environnement : Environnement
Le terme “esthétique environnementale”, d’origine anglo-saxonne récente, est désormais partout répandu. Il faut entendre par la la défense et la mise en valeur de la beauté naturelle face aux destructions dont elle est l’objet à travers l’industrialisation. On y retrouve l’esthétique écologique comme véritable défense de l’environnement. Plus que de restaurer l’idée du beau naturel comme signe d’une manifestation du divin et dans la perspective d’une récupération de la tradition, il s’agit de mettre l’accent sur la défense de la nature, en vue d’un rapport correct homme-environnement. Toutefois, l’idée du beau naturel, caractère intrinsèque et objectif, tel qu’il apparaît dans l’Antiquité et au Moyen Age, est en partie relue et théoriquement remodelée dans les dernières décennies par divers spécialistes. L’expérience esthétique, dans ce cas, ne vise pas à soumettre la nature à un regard éduqué et cultivé, d’intellectuels et d’amateurs, sur la base d’un plaisir totalement subjectif, comme cela arrivait au XVIII e siècle. La nature en revanche est considérée objectivement dans sa totalité, même si elle ne l’est pas métaphysiquement. C’est le cas d’Ed. C. Hargrove, pour qui la beauté naturelle est liée à l’existence de l’objet beau, indépendamment de la perception du mi jet. En général, on ne cherche ni ne crée ensuite d’équivalences ou d’analogies avec le monde de l’art, il ne s’agit pas de retrouver des modèles de beauté naturelle dans les chefs-d’œuvre du passé, ni dans la philosophie. Pour A. Carlson et A. Berleant par exemple, nous ne pouvons faire référence à l’expérience esthétique face au spectacle naturel en aplani les critères tirés de l’art et de ses schèmes «l’observation ; en outre, ajoutent-ils, nous ne pouvons réduire cette expérience à la seule contemplation. Dans leurs écrits, ils mettent l’accent sur une participation qui requiert tous nos sens. Pour M. SeeL celui qui apprécie la beauté naturelle accomplit une expérience exemplaire et morale dans un parcours « le perfectionnement”.
Un thème central pour l écologie et l’esthétique de l’environnement, la conservation, la restauration et la valorisation des sites historiques et naturels pose une question : existe-t-il un sentiment authentique de la nature et du paysage ? A quel paysage dois-je faire référence pour qu’il me soit permis de penser que celui-là est vrai après les transformations apportées par l’homme ou par des événements naturels désastreux ? L’écologie met en scène aujourd’hui ce sentiment d’une façon dramatique. L’homme semble posséder depuis toujours un sentiment pour la nature qui apparaît spontanément. Au-delà d’une réflexion politique et économique sur les lieux de la terre (leur protection est de toute façon d’une grande importance pour la survie de l’espèce humaine), nous avons l’impression que ce sentiment est originaire et que l’homme prend plaisir depuis toujours à se trouver au centre d’un spectacle grandiose. Comment ce thème de la conservation peut-il intervenir dans la problématique esthétique ? Un sentiment esthétique a-t-il existé dans l’Antiquité ? .