L’aquarelle et le lavis
L’aquarelle et le lavis:
L’aquarelle est une peinture à la détrempe aux couleurs transparentes liées d’un mélange d’eau et de gomme arabique. Connue des Égyptiens puis oubliée, outil privilégié chez Dürer, Holbein et Fragonard, elle est devenue une tradition en Grande-Bretagne à partir du début du XIX siècle.
Les qualités et les particularités:
L’aquarelle favorise le travail d’alla prima(peinture directe, sans esquisse). Elle garantit l’authenticité de l’émotion grâce à une mise en œuvre simple et un temps de séchage rapide. Le blanc est celui du papier ; on le préserve en détourant l’espace choisi, en frottant une bougie ou en posant une gomme liquide au pinceau, que l’on retire du bout des doigts une fois le travail terminé et sec ; on peut aussi le retrouver par grattage. La transparence de l’aquarelle permet de jouer avec le support. Un papier teinté donne d’emblée une coloration générale (William Turner, 1775-1851, affectionnait un certain papier gris-bleu) ; une feuille blanche avive les couleurs.
L’aquarelle utilise deux techniques, simultanément ou séparément. Dans la première, dite à sec, le pinceau chargé de couleur peu étendue d’eau dépose et modèle formes et couleurs (la qualité du support est importante : on préférera un grain torchon). La seconde (dans l’humide) utilise un procédé inventé par James Whistler (1834-1903). La feuille est humectée à l’éponge ou au pinceau ; la peinture fuse et permet les effets de flou, les fondus, les ciels nuageux…
Le lavis est la manière de réaliser d’une seule couleur un fond ou un dessin à l’aide d’encres ou de jus fortement colorés (encre de Chine, sépia, etc.). Albrecht Dürer (1471-1528) exécute ainsi des études de paysage lors de son voyage en Italie. Le camaïeu s’obtient en ajoutant progressivement de l’eau à la teinte de départ.
L’aquarelle se présente en tubes ou en pains de couleur et en deux qualités : l’une est dite d’étude ; la seconde, dite fine, est plus riche en pigments car un liant de glycérine lui confère onctuosité et éclat tout en la gardant humide. D’un prix plus élevé, cette aquarelle garantit des couleurs somptueuses et plus stables à la lumière. On trouve des boîtes toutes prêtes, munies de godets pour les mélanges et les lavis, ou des boîtes vides à composer.
Les supports:
Du choix du papier dépend le résultat. Les papiers à grain (fin, moyen, torchon) sont à privilégier. La couleur « accroche » (se dépose sur les aspérités) dans le cas d’un travail à sec ou envahit les creux du papier mouillé et fuse sous le pinceau chargé d’eau colorée. Le papier se présente en feuilles libres, en carnets, en blocs préencollés, du format de poche au format raisin.
La détrempe exige un papier à fort grammage, de 185 à 640 g. Tout papier dont le grammage est inférieur à 280 g nécessite une préparation afin d’éviter les déformations. La feuille, largement humectée sur l’envers, est retournée, lissée du plat de la main sur une planche à dessin, puis maintenue sur les quatre côtés à l’aide d’un ruban adhésif gommé. Le papier s’allonge sous l’action de l’eau et se retendent séchant comme la peau d’un tambour ; cette précaution évite les altérations ultérieures.
une tradition anglaise:
Les peintres anglais développent l’aquarelle au XIXe siècle:
Au XIX8siècle, l’aquarelle est une technique particulièrement appréciée et bien représentée en Angleterre. John Constable (1776-1837) exploite sa spontanéité et réalise de brillants croquis colorés (Stonehenge). Turner et Richard Bonington (1802-1828) installent la prédominance anglaise.
Au cours de ses voyages en Europe, au début du XIXe siècle, William Mallord Turner (1775- 1851) exécute sur le vif de nombreux croquis sur des carnets format de poche. Il se constitue ainsi une banque d’images et d’atmosphères qu’il reprend dans son atelier ou confie aux graveurs chargés de diffuser en série Les Voyages de M. Turner.
La technique de Turner:
– Le papier bleuté suggère le crépuscule.
– Sur la feuille encore humide, Turner disperse quelques gouttes de peinture qui fusent et créent les nuages.
– Sur le support presque sec, Turner pose la couleur, du centre vers l’extérieur où elle s’étale légèrement ; les traces plus sombres sont posées à sec (couleur prélevée au pinceau à peine humide).
– La pointe du pinceau chargée d’aquarelle diluée dessine la cathédrale.
– D’une même couleur et d’un trait net, le pinceau humide met en place le pont. La fin du tracé se dissout dans une zone du papier encore humide. L’artiste utilise le hasard du séchage et crée une perspective atmosphérique par la dissolution de la forme et de la couleur.
– La couleur saturée est posée vivement.
– Des rehauts de peinture peu diluée sont réalisés au pinceau fin.
– Les reflets sont modelés sur papier sec. La peinture accroche le grain du support.
– D’un geste rapide, le pinceau gorgé de cou¬leur dessine les coques de bateaux (un pinceau humide laisserait une trace aiguë).
Vidéo : L’aquarelle et le lavis
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