L’enluminure et la miniature
L’enluminure et la miniature:
Enluminer est l’art de dessiner et de peindre sur les manuscrits ou dans les livres. C’est un art coloré, essentiellement médiéval.
La miniature, quant à elle, est une peinture autonome de petites dimensions, qui s’évadera du livre pour devenir une œuvre d’art à part entière, n’obéissant à aucun code.
L’enluminure, l’art ornemental des manuscrits:
Au Moyen Âge, avant la naissance de l’imprimerie, l’écrit est l’exclusivité de l’Église et les livres sont écrits à la main. Pour diffuser les textes liturgiques et la Bible, chaque grande abbaye possède un atelier de moines copistes qui recopient les écrits religieux. Ils dessinent avec les outils du peintre et du calligraphe dans les livres de prières et les psautiers. Les minerais rares, les filets d’or et d’argent rehaussent la palette des couleurs fabriquées dans le secret de l’atelier.
Pour souligner l’importance des écrits liturgiques, les copistes ornent les lettres initiales (lettrines) des paragraphes et décorent les bords de la page. Les lettrines se parent d’entrelacs géométriques, de motifs floraux, de personnages et de sujets zoomorphes vivement colorés. Cet art se caractérise par sa richesse d’imagination dans l’ornementation. Les rares personnages sont dessinés sans aucun souci d’expressionnisme. L’artiste utilise quelquefois le dessin de la majuscule pour en suggérer le contour ou laisse glisser sa plume et son pinceau sur la page entière (page-tapis).
C’est dans les îles Britanniques que cet art décoratif prend toute sa force, aux VIIIe et IXe siècles, sous l’influence de l’art celte. À l’image du Book ofkells irlandais, un style graphique incomparable de virtuosité et purement ornemental met en valeur la ligne, les spirales et les entrelacs tracés à main levée.
L’illustration du récit, un art descriptif:
À partir du XIIe s. et durant la période gothique, la production des manuscrits se développe ainsi que celle des livres d’heures (recueils de prières pour laïcs). Le roi, les nobles et les étudiants ont accès aux livres et réclament des images plus tangibles. L’ornementation devient une peinture réaliste qui illustre le récit et envahit la totalité de la page. Les calligraphes-copistes cèdent alors la place à des artistes peintres regroupés en ateliers qui ornent les emplacements laissés en réserve. Paris, sous le règne de saint Louis (XIIIs.), fut un centre important d’enluminure.
La miniature, un art à part entière:
La miniature, de minus (« plus petit ») ou de minium (peinture rouge), est attachée aux manuscrits. Tout d’abord incluse à la lettrine, la miniature est une peinture de scènes religieuses, de portraits ou de paysages réservée aux livres et réalisée à l’intention du possesseur de l’ouvrage. Ainsi, les illustrations des Très Riches Heures du duc de Berry, réalisées par les frères Limbourg vers 1416, mettent en scène le duc et les terres qu’il possède dans un style à la fois réaliste et aristocratique.
Au XVIs., l’essor du portrait conduit la miniature à s’évader du livre pour devenir autonome. Ce genre, porté par la vogue des portraits de voyage, se développera jusqu’à l’invention de la photographie, qui signe son déclin. Les miniatures gagneront les bijoux ou orneront les objets raffinés tels que tabatières et petites boîtes.
les supports et les techniques de la miniature:
Les techniques:
La miniature a toujours été considérée comme un objet précieux synonyme de raffinement.
Tout en recherchant des qualités plastiques de transparence et de préciosité du matériau, les miniaturistes se sont ingéniés à trouver sans cesse de nouveaux supports, renforçant ainsi la valeur de l’objet lui-même.
La première technique fut celle de la gouache sur parchemin (avant l’invention du papier) ; puis l’aquarelle sur velin (peau d’un jeune animal ou d’un veau mort-né), plus souple et plus rare que le matériau précédent, offrit les effets conjugués d’éclat et de transparence de la peinture et de son support. Bien que vulnérable à la lumière, cette peinture, protégée dans les livres, a conservé la fraîcheur des coloris d’origine.
La peinture émaillée sur métal vit le jour en Suisse au XVIIe siècle avant de se développer en Europe. Cette tradition subsiste de nos jours et offre, contrairement à la détrempe, la qualité de ses couleurs inaltérables.
L’ivoire, associé dès le XVIIIe siècle à la gouache, fut rapidement un support recherché (miniatures occidentales et orientales). La matière de ses fines plaques « éclaire » la peinture et donne des effets opalescents , notamment dans le rendu de la carnation.
Le portrait miniature, une tradition anglaise qui date du XVI» siècle:
L’art du portrait miniature serait d’origine anglaise. La peinture de Lucas Horenbout (1465-1541), peintre du roi Henri VIII, et de Hans Holbein (1497-1543) génère un tel engouement à la cour qu’elle devient une tradition. Nicholas Hilliard (1547-1619) illustre l’élégance de la cour élisabéthaine. Jusqu’au XIXe siècle, des générations d’artistes en perpétuent le genre tout en le faisant évoluer.
Vidéo : L’enluminure et la miniature
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