La fresque
La fresque:
La fresque est une peinture murale réalisée sur mortier de chaux humide : l’évaporation de l’eau provoque une réaction chimique qui cristallise la surface en contact avec l’air et emprisonne les couleurs. Par abus de langage, on nomme fresque toute peinture murale, et ceci quelle que soit sa technique.
Les techniques:
il est nécessaire de bien préparer le mur. Le mur brut, impérativement sain, reçoit deux ou trois épaisseurs de mortier de plus en plus fin (3 volumes de chaux pour 1 de sable puis
2 pour 1 et 1 pour 1). La superposition rapide de ces couches en assure la cohésion. La dernière, ou arriccio, est la surface de travail du fresquiste.
Le peintre utilise exclusivement des pigments colorés, d’origine soit naturelle (ocres, bruns, terres vertes, etc.) soit minérale (bleu), dans une palette réduite.
La technique du buon fresco, la plus virtuose, ne permet aucun repentir ; le premier geste est le bon. Le fresquiste pose ses couleurs sur le support encore humide, l’eau s’évapore et,
par réaction chimique, le carbonate de chaux cristallise, emprisonnant la couleur en une très faible épaisseur. Cette technique, particulièrement présente dans l’Italie de la Renaissance, a été utilisée par Raphaël et Michel-Ange. Les fresques médiévales, quant à elles, furent pour la plupart peintes a secco, le support étant humidifié au moment de la mise en couleurs. Une des rares conventions veut que soient réalisés a buon fresco les visages et les mains. Giotto (1266 P-1337) installe les mains et les visages, puis reprend a secco couleurs et drapés (moins bonne conservation).
Le peintre au travail:
Afin de visualiser son projet, l’artiste met en place un dessin préparatoire à la surface de Xarriccio. Ce dessin, ou sinopia, est tracé à main levée, à la terre rouge de Sinope, d’où son nom. À partir du XVI siècle, le papier huilé (calque) permet d’innover en utilisant des poncifs, sorte de patrons que le peintre fixe au mur. Le dessin est piqueté puis reproduit sur le mur au moyen d’une poncette tapotée sur le papier (petite bourse de tissu lâche chargée de poudre noire). Une troisième technique consiste à reporter le dessin, en suivant le trait, à l’aide d’un objet pointu qui laisse une trace en creux, souvent visible sur certaines peintures.
La dernière étape, Yintonaco ou surface picturale, est un assemblage de morceaux juxtaposés constitués de mortier fin et de poudre de marbre (giornata). Compte tenu de la surface qu’il lui est possible de peindre a fresco en un jour et des reprises lors des jours suivants, l’artiste élabore une mise en œuvre rigoureuse de progression et de raccords invisibles. Le travail s’effectue de haut en bas et de gauche à droite, afin d’éviter tout effacement.
les poncifs:
La fresque:
La fresque est une technique très ancienne. Les écrits de Vitruve (1er siècle av. J.-C.) en lais¬sent supposer l’existence. Les peintures de Cnossos, en Crète, et celles de l’Égypte ancienne (3000 ans av. J.-C.) témoignent de l’utilisation de variantes. Après une longue période d’oubli, elle réapparaît au Moyen Âge (ex. : Saint-Savin), se répand en Europe et s’impose comme technique aux premiers peintres italiens.
En Italie, les fresques de l’église Saint-François d’Arezzo réalisées par Piero délia Francesca (v. 1416-1492) livrent au regard attentif quelques techniques du dessin de l’artiste.
Ici, le peintre utilise les mêmes poncifs pour représenter, à droite comme à gauche, la reine de Saba et ses trois suivantes.
Les poncifs utilisés:
Piero délia Francesca retourne les poncifs, ceci donnant un travail symétrique qui participe à l’harmonie de la composition. Il les dispose en organisant de légers décalages : à gauche, le visage de la reine est posé plus bas que sur la partie droite.
L’artiste apporte quelques transformations aux vêtements et aux coiffures, à la position des bras de la reine et de sa première suivante, dont il accentue la courbe du cou, mais l’élégance du port de tête, les profils purs et le visage vu de face sont bien les mêmes.