La nature morte
La nature morte:
Variation sur le thème de la présentation d’éléments immobiles :
des objets, des fleurs, des fruits, des gibiers. Les peintures privilégient la mise en scène du motif dans son décor et la valeur symbolique des objets choisis. À la fin du XIX siècle, la nature morte devient le terrain d’expérience de la nouvelle peinture.
La nature inanimée et les objets du quotidien:
L’invention d’une peinture de l’objet, sans autre prétexte que la représentation des choses inanimées, date de la fin de la Renaissance. Jusqu’au XVII siècle, les règles artistiques proclament que le prestige d’un tableau dépend de la valeur historique ou morale du sujet. La nature morte n’est qu’un détail du motif principal.
Après la Renaissance, le public s’intéresse au style de la nouvelle peinture profane qui montre le savoir-faire illusionniste de l’artiste. Il représente des objets, des tables servies, des fleurs. En France, au XVIII s., Diderot parle de nature inanimée.
Les objets sont disposés sur une sellette (meuble, table). Le peintre expérimente différentes solutions dans le traitement plastique de l’espace : rideaux posés au mur, fond noir et contraste clair-obscur. Il varie ses points de vue et place souvent une lumière incidente qui découpe le volume des objets.
Les vanités:
Au XVII siècle, les vanités sont un genre particulier de nature morte dont le sujet évoque la relativité des choses de la vie terrestre. C’est une méditation sur la mort et sur la précarité de l’homme face au temps qui passe. Les artistes utilisent quantité d’objets symboliques qui transcrivent ce questionnement philosophique. Un crâne, un os et un squelette évoquent directement la mort. Une chandelle, une horloge ou un sablier montrent la fuite du temps. L’image d’une fleur fanée dans un bouquet, d’une corde brisée sur le manche d’un instrument de musique, d’une mouche sur des fruits trop mûrs représente la fragilité de notre monde matériel.
Parallèlement, le style des natures mortes aux cinq sens révèle la richesse de notre relation avec le monde et le pouvoir de nos sensations : le goût avec les boissons ou la nourriture, l’odorat avec le parfum des fleurs, la vue avec les reflets d’un miroir, d’un plat en étain ou d’une armure, l’ouïe avec les instruments de musique, le toucher avec les pièces de monnaie, les jeux de cartes ou le damier.
Un sujet d’expériences:
Au XIXe siècle, la nature morte devient le sujet privilégié des expériences formelles qui bouleversent les règles de la peinture académique. Paul Cézanne « primitivise » sa représentation. Il géométrise la forme des objets et disperse arbitrairement les points de fuite pour créer un nouveau rythme de composition.
Au début du XX siècle, les peintres cubistes utilisent le thème de la nature morte pour détruire définitivement l’espace illusionniste de la perspective. Ils brisent et pulvérisent la forme des objets, qu’ils reconstruisent ensuite dans un nouvel ordre.
L’artiste dada Marcel Duchamp expose l’objet par lui-même, qui devient un ready-made (déjà fait), dans toute sa banale réalité. Il le transforme en œuvre d’art par sa seule volonté.
le tableau d’ustensiles:
Chardin utilise une matière picturale chaleureuse qui restitue l’aspect de la matière de chaque objet. Les nuances infinies du vert sombre de la cruche, du cuivre jaune du poêlon et de l’orangé éclatant de la fontaine se détachent sur l’aplat uniforme du fond gris.
Chardin met en scène de simples objets de cuisine. Il combine les vides et les pleins du volume des objets. Le trépied de la fontaine accentue la profondeur de la composition.
La nature morte est disposée sur le sol, devant un coin de mur en arc de cercle. Dans l’arrondi de ce décor, Chardin choisit de montrer des objets ventrus, concaves et convexes.
La composition en pyramide alterne les zones claires et foncées. La lumière vient de la gauche, Elle trace des ombres nettes qui découpent et construisent l’espace du tableau.