La robe
La robe et la féminité
□ Comme de nombreuses autres pièces du vestiaire occidental, la robe a subi une lente évolution avant de symboliser la féminité. Dans de nombreuses cultures, elle est restée un vêtement traditionnellement masculin, comme dans les pays islamiques, en Extrême-Orient, chez certains peuples d’Afrique et d’Amérique latine. En Chine, par exemple, au début du xxe siècle, les femmes durent troquer leur pantalon pour la robe masculine pour affirmer leurs droits.
□ En Europe, durant des siècles, le port de la robe par les deux sexes avait comme but de masquer certaines parties du corps. La différenciation sexuelle apparut à la Renaissance, conjointement à la naissance du concept de féminité.
□ La robe devait également protéger les femmes contre toute sorte d’agression. Ainsi, le vertugadin, robe de l’Espagne du xve siècle, était censé être le gardien de la vertu. Elargie démesurément aux hanches, cette robe ne permettait aux femmes ni de franchir les portes ni de s’asseoir.
□ Au XIXe siècle, la robe stigmatisait la volonté de certains hommes de cantonner les femmes à la sphère domestique et au rôle maternel. Enveloppées dans un véritable carcan de tissu, il leur était pratiquement impossible de se déplacer.
□ Ce n’est vraiment que dans le premier quart du xxe siècle que la robe changea de structure en se simplifiant. Elle offrit une liberté de mouvement et sublima le corps de la femme en suivant ses lignes. Si le pantalon devint le symbole même de l’émancipation féminine, la robe est restée dans la garde-robe des femmes.
Des meubles au vêtement
□ En Europe, l’origine étymologique de.la robe vient du terme germanique rauba, qui désignait un butin et qui, en français, se disait de tous les meubles appartenant à une personne. Au xme siècle, il devint synonyme de vêtement et, deux siècles plus tard, de vêtements de dessus à manches, courts ou longs pour les hommes et longs pour les femmes. Au xvi’ siècle, quand la robe devint exclusivement féminine, seuls la magistrature, le clergé et l’université gardèrent ce vêtement, qui symbolisait l’intemporalité et leur rang social. Au fil des siècles, la robe conserva toujours son volume avec, au xixe, la célèbre crinoline. Le Directoire fut la seule période pendant laquelle les femmes portèrent des robes en mousseline très légères et décolletées, avec une taille commençant sous la poitrine.
□ Il existe de nombreux synonymes pour robe, parmi lesquels : la tunique, la chemise, la cotte, le caftan, la djellaba, le bustier, le fourreau, et de nombreux adjectifs, la robe pouvant être courte, ample, drapée, froncée, droite, princesse.
□ En 1920, pour la première fois, la robe laissa entrevoir les chevilles et les jambes féminines, ce qui provoqua de nombreux scandales. Ainsi, aux États-Unis, les femmes qui portaient ces robes étaient susceptibles d’emprisonnement.
Les robes de couturiers
■ Un vêtement fétiche
Robe d’un jour, de bal, aux couleurs du temps, la robe est un vêtement éphémère. Emblème de la féminité, la robe a de tout temps avivé l’imagination des couturiers. Sous les ciseaux de Paul Poiret, la robe s’est faite orientale. Madeleine Vionnet concevait des robes souples coupées dans le biais. Sonia Delaunay rapprocha la mode et l’art en peignant des imprimés sur des robes. Alix Grès se fit connaître par ses robes drapées inspirées de l’Antiquité. À chacune de ses collections, Christian Dior chercha une ligne nouvelle de robe, en A, en Y ou en H. André Courrèges dessina la première robe courte structurée.
■ Les matières
Le papier, le métal, le plastique ou les pierres précieuses peuvent se transformer en tenue d’exception. Dès 1965, Paco Rabanne, architecte de formation, conçoit des robes en métal relié par des chaînettes. Si, au début, ses robes sont lourdes, les progrès de la métallurgie permettent au couturier de faire des robes très légères vendues en kit. Au Japon, la styliste de la marque Comme des garçons, Rei Kawakubo, s’inspire d’une vieille coutume pour créer des robes en papier découpé selon des formes géométriques. Au xvm6 siècle, la tradition voulait que les dames de la cour rejettent un jour par an leur tenue somptuaire pour revêtir une robe en papier, signe du refus de toute vanité.
■ La couleur
La couleur de prédilection de la robe élégante reste le noir, mais ce n’est que dans les années 20 que cette couleur commençe à s’imposer. La paternité de ce classique est collective, car chaque couturier a réinventé cette robe qui offre une sécurité, voire un certain conformisme, aux femmes qui se cachent derrière ce symbole du chic et de la féminité.
■ Les jeux de robes
Les tendances d’aujourd’hui semblent donner un nouveau rôle ludique au vêtement. La robe n’échappe pas à ce courant, et certains stylistes la projettent comme un jouet. Ainsi Nicola Edeler propose un corps de robe en organza de soie pour laquelle il est possible de choisir parmi une dizaine de paires de manches différentes selon l’effet recherché. Travaillant sur une robe purement ornementale, le styliste de W & LT, Walter Van Beirendonck, transforme des robes en jersey multicolore tendu sur un cerceau en véritable arbre de Noël illuminé.
Vidéo : La robe
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