La veste
La veste est une tenue mixte. Si les hommes ne disposent que d’un choix limité de modèles, les femmes bénéficient d’un éventail beaucoup plus large de formes. On dit d’une veste qu’elle est structurée quand elle est près du corps et qu’elle est déstructurée quand elle s’en écarte.
Un procédé de fabrication spécifique
□ Jusqu’au XVIIIe siècle, la notion de confort rattachée au vêtement était inconnue. Le sport a entraîné une simplification de la tenue, particulièrement en ce qui concerne les vestes. Leur carrure s’est s’élargie, des détails fonctionnels ont été ajoutés, et elles sont réalisées dans des tissus plus sombres et solides.
□ Les vestes masculines nécessitent un travail de façon très élaboré, qui en augmente le prix. Les vestes pour femmes, soumises aux changements fréquents de la mode, sont souvent plus simples à réaliser.
□ Une veste de qualité se reconnaît à sa carrure, qui doit juste envelopper les épaules, et à la forme des manches tailleur qui doivent être légèrement incurvées. Une veste doit avoir un dos lisse, sans plis. Les revers doivent rester plats. Le col ne doit jamais bailler. Les emmanchures doivent être coupées hautes pour allonger le bras et permettre la station assise sans tension.
□ Mais le secret d’une veste repose en partie sur l’intérieur, dans la manière dont on sélectionne les différents paddings (épaulettes), les renforts et les thermocollants. Il en existe autant que d’effets recherchés. Leur manière d’être découpés et collés donnera à la veste son maintien et son tomber.
□ D ‘autres détails sont importants, comme la présence de poches à l’intérieur de la doublure et les boutons qui, une fois fermés, ne doivent pas former de faux plis.
Les intemporelles
□ Les Anglais utilisaient une redingote riding coat pour la chasse. Au xviif siècle, elle s impose comme un vêtement de ville pour les hommes mais aussi, en certaines occasions, pour les femmes. Les dandys en feront leur emblème sous le nom de « frac » et lui imposeront une coupe irréprochable. La redingote habille toutes les cours européennes jusqu’en 1918. De nos jours, c’est un vêtement plus féminin que masculin.
□ Le blazer, veste longue avec un double boutonnage, vient aussi d’Angleterre. Comme son nom l’indique, il doit « flamboyer ». Cette veste était très colorée, et les hommes la portaient pour être reconnus de loin pendant leurs activités sportives. Elle était confectionnée avec les rayures du club sportif. Aujourd’hui, les tons sont foncés, et seuls les étudiants de Cambridge ont conservé le rouge vif.
□ Sir Willis, officier de la couronne britannique au Kenya, commanda à son tailleur une tenue pratique pour chasser. Celui-ci s’exécuta et mit au point la saharienne, mélange de chemise et de veste. Il étudia cette nouvelle veste dans tous ses détails. Ainsi, la ceinture devait être un obstacle aux parasites, les poches du bas servir de réserve à munitions, celles du haut à entreposer de petits objets. Dans les années 60, Yves Saint Laurent en fit un vêtement emblématique. Depuis, interprétée au gré des tendances, elle reste un vêtement colonial chargé d’aventure.
Une petite révolution chinoise : la veste « mao »
■ Un bricolage culturel
Dans l’imaginaire collectif des Européens, la veste que nous appelons mao est large, avec trois ou quatre poches, un col officier et des boutons boules. Or, cette veste mao n’existe pas en Chine ! Elle est le fruit d’une rencontre culturelle entre la veste européenne de travail, qui existait depuis longtemps, et la veste que les Chinois portaient avant la Révolution. La veste mao n’est que le regard interprété de l’Ouest sur l’Est. En mai 1968, elle se confondra même avec les vestes des révolutionnaires et deviendra bleu de travail ou de chauffe. Le vêtement de toute une génération..
■ Un vêtement hautement symbolique
La veste chinoise s’appelle Zhong Shan Zuang, en mémoire de Sun Yat-sen, le révolutionnaire démocratique de 1911. Elle n’a pas de col officier mais un col rond, et chacun de ses détails est soumis à une symbolique immuable. Cette veste était déjà l’uniforme des hauts fonctionnaires de I’État quand Mao Zedong proclama la République populaire de Chine, en 1949. À partir de cette date, il ne quittera plus l’uniforme de la Longue Marche. Plus qu’un vêtement, cette veste est le fruit d’un rêve égali- taire caressé par tous les grands révolutionnaires et qui se concrétise en Chine : elle est le miroir de la Révolution culturelle, le refus du passé et l’habit de l’homme nouveau. Toutes les couches de la population seront sur la même Ion – gueur d’onde vestimentaire, même les femmes, dès 1960. Mais elle peut aussi être interprétée comme le refus de la mode et de l’individualisme. Toutefois, la veste va subir de petites évolutions. En lainage bleu indigo à l’origine, elle se ouatine de coton en 1935 et est en polyester en 1960. Seules les couleurs obéissent à une palette chromatique rigide : le gris pour les fonctionnaires, le kaki pour les militaires, et la fonction législative,
■ Retour vers l’Occident Rejetée massivement en Chine depuis la fin de la Révolution, cette veste et ses semblables sont devenues des classiques du costume occidental. Thierry Mugler, Michel Klein, Agathe Gonnet et Miss China, entre autres, remettent au goût du jour ce vêtement symbolique. Elle stimule leur imagination, représentant un vêtement confortable, unisexe et strict, qui peut être décliné sur tous les tons.
Vidéo : La veste
Vidéo démonstrative pour tout savoir sur : La veste
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