Le vouloir artistique (le kunstwollen)
Alois Riegl
Gottfried Semper défend en 1878 l’idée que l’histoire de l’art est l’histoire d’un savoir (Kunstkônnen), l’histoire de la mise en œuvre d’un pouvoir sur une matière définie, d’une maîtrise technique au service de l’intelligence de l’artiste. Aloïs Riegl (1858-1905) s’oppose à cette thèse. L’art est le résultat d’une pulsion, ou vouloir artistique (Kunstwollen), qui provoque un mouvement sans objet. Dès lors, toute production d’objet, même appartenant aux arts décoratifs (dits « mineurs »), traduit cette pulsion. Les formes stylistiques découlent les unes des autres. Ainsi, selon le principe d’une évolution continue des formes, l’arabesque islamique provient du rinceau gréco-romain (Questions de style, 1893). Ne subsiste donc, pour expliquer la génération des oeuvres, qu’un vouloir artistique individuel ou collectif, indifférent à l’époque, au milieu, au pays, au matériau, à la technique et à la société.
Il n’y a pas, selon Riegl, d’époque de décadence artistique, mais un nouveau Kunstwollen qui se manifeste, entraînant une série de métamorphoses des styles. Quand, par exemple, l’art roman succède à l’art gréco-romain, cela signifie qu’une sensibilité correspondant à une perception tactile (« haptique », c’est-à-dire fragment par fragment) a été remplacée par une conception optique (visuelle, unitaire) de l’espace.
Vidéo : Le vouloir artistique (le kunstwollen)
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