Les mouvement dans la peinture : Figuration narrative: figuration narrative
CONTEXTE
la figuration narrative, renouveau de la figuration, trouve son plein sens en 1964 et 1965 lors de deux expositions-événements organisées par le critique d’art Gérard Gassiot-Talabot : « Mythologies quotidiennes » et « Figuration narrative ». Elles critiquent la société de consommation et ses produits. Les artistes réagissent à l’hégémonie du pop art qui, depuis le début des années cinquante est perçu comme l’art impérialiste américain. Le pop art. un simple constat de la société de consommation, provoque le retour de la nouvelle figuration qui, elle, critique la société. Les peintres « ont senti la nécessité de rendre compte d’une réalité quotidienne de plus en plus complexe et riche, qui mêlât les jeux de la cité, les objets sacrés d’une civilisation vouée au culte des biens de consommation, des gestes brutaux d’un ordre fondé sur la force et la ruse, le choc des signaux, des mouvements (…) » (G. Gassiot-Talabot, 1964). Trois ans plus tard, l’art dans la réalité idéologique et politique est encore plus manifeste dans l’exposition « Le Monde en question » présentée au musée d’Art moderne de la Ville de Paris. Les artistes et les intellectuels marxistes se mobilisent pour la Croix- Rouge, le Vietnam du Nord, appuyent la Révolution cubaine en juillet 1967… En Mai 68, les artistes s’organisent. L’École nationale supérieure des beaux-arts de Paris et les Arts décoratifs sont occupés. L’« atelier populaire de sérigraphie des Beaux-arts » produit des affiches à mots d’ordre après accord de l’assemblée générale ; l’artiste est devenu un contestataire et « un militant le pinceau à la main ». Le projet politique collectif l’emporte sur la valeur artistique. Le tableau n’est plus un objet- de contemplation mais un outil de communication. Le critère de lisibilité remplace le critère esthétique. Cette position est légitimée par la revue d’art Opus international. La figuration narrative regroupe des artistes français mais aussi des peintres européens qui vivent à Paris. Au milieu des années soixante- dix, la création individuelle succède à la stratégie de groupe.
CARACTÉRISTIQUES
Les artistes réalisent leurs œuvres sur de très grands formats, de simples toiles uniques ou des polyptyques. Lors de Mai 68, les mots d’ordres sont inscrits sur du papier au format d’affiches. L’usage de la peinture acrylique se généralise. Les sujets critiques, sociaux et politiques sont subordonnés à l’actualité comme en témoigne « la Salle rouge pour le Vietnam » en 1968-1979, « Police et Culture 1 et 2 » en 1969-1970, dans le cadre du Salon de la jeune peinture. Les artistes dessinent à partir de photographies qu’ils projettent au mur à l’aide d’un épiscope. Les mises en scène et les cadrages sont souvent « cinématographiques ». Le rendu mat et uniforme s’apparente à celui d’une surface imprimée. Pour concevoir les affiches révolutionnaires, les artistes n’appliquent pas la peinture en aplats mais la touche est grossière, comme celles des peintres d’affiches de cinéma.
ARTISTES
Gilles Aillaud
(né en 1928) peint sur de grands formats les animaux des zoos, solitaires et silencieux.
Henri Cueco
(né en 1929) met en place des espaces construits à partir de grilles presque abstraites : claustras, pavements, escaliers, colonnades, etc. Il innove dans le choix du support : immenses toiles tendues dans des cadres métalliques aux moyens d’élastiques passés dans les œillets (COOPÉRATIVE DES MALASSIS).
Bernard Rancillac
(né en 1931) choisit des images symboles. Il travaille essentiellement à partir de photographies de concerts, de matchs, de reportages parus dans les magazines. Il expose aussi des peintures politiques comme des dazibao (journaux muraux chinois souvent manuscrits, affichés dans les lieux publics). Il réalise et fait publier dans la presse une photo de Daniel Cohn-Bendit.
Jacques Monory
(né en 1934), représentant majeur de la figuration narrative, réalise des séries intitulées « Meurtres », « New York », « Visages », « Ciels, Nébuleuses, Galaxies ».Il agence sur une même toile différentes séquences d’une scène, comme pour présenter des séquences d’un film. Il intègre souvent un vrai miroir dans ses tableaux. Le spectateur devient voyeur, acteur et complice des situations et des drames qu’il peint. Son œuvre est presque entièrement vouée au bleu puis, plus tard, au jaune et au rose.
Valerio Adami
(né en 1935),importante figure de la figuration narrative s’inspire de revues, de photographies qu’il prend lui-même. La couleur est appliquée en aplats, le contour des formes appuyé d’un cerne. Il fragmente les volumes avec une grande précision. Le dessin divise l’image en surfaces géométriques.
Peter Klasen
(né en 1935), Allemand installé à Paris en 1959, est un des pionniers de ce mouvement. Il peint en trompe l’œil des gros plans aux contours nets, avec des couleurs pures posées en aplats : il associe à des fragments de corps de femmes des objets industriels et techniques (trains, avions, sanitaires, câbles, etc…).
Hervé Télémaque
(né en 1937) peint des accumulations d’objets. parfois sans logique apparente qui demandent un effort de lecture. L’Espagnol Edouardo Arroyo (né en 1937) utilise le principe de la bande dessinée. Il crée un suspens en suggérant un « hors-champ » un personnage sort, on ne voit plus que la semelle de sa chaussure ; un autre entre, on ne voit alors que sa main armée d’un couteau).
Arroyo invente son fameux mouchetage de surfaces géométriques et multicolores qui compose des visages. En 1982 il réalise à Grenoble l’un des « 13 murs pour 13 villes peints par 13 artistes ».
Gérard Fromanger
(né en 1939) réalise des transpositions picturales de reportages photographiques, des « radiographies » colorées de l’activité des grands axes routiers parisiens.
Alain Jacquet
(né en 1939) réalise des sérigraphies et des transformations successives d’images, notamment une série intitulée « Camouflage » à partir d’œuvres très connues [Le Déjeuner sur l’herbe de Manet). Il sérigraphie sur toile des photos de tableaux ou des modèles vivants, motifs figuratifs aux couleurs abstraites. On peut comparer ses œuvres à des photos ayant du grain (—► MEC ART). L’Italien Leonardo Cremonini (né en 1925) impose un détour obligatoire du regard par la présence des miroirs qu’il peint dans ses œuvres. Le spectateur se trouve dans la situation d’un voyeur devant des toiles aux sujets souvent érotiques, sadiques et exhibitionnistes. Les teintes claires mauves, vertes et jaunes, irréalistes, froides et acidulées et les corps rougeoyants des personnages accentuent l’atmosphère de malaise.
Vladimir Velickovic
(né en 1935), Yougoslave, s’exprime par des sujets tragiques (tortures…) montrant la décomposition du mouvement de ses modèles qu’il exécute avec rapidité. Ses tableaux sont souvent peints en noir, gris et blanc, maculés de rouge.
Erró
(Gudmundur Gudmundsson, dit, né en 1932), Islandais, accumule des images glanées partout à travers le monde et constitue une gigantesque photothèque personnelle. Sur chaque tableau, il assemble divers sujets en utilisant le trait acéré d’une forme de bande dessinée.
ŒUVRES
Sainte-Mère la vache
Rancillac, 1966, galerie Loft, Paris.
Homme figure
Velickovic, 1975-1977, collection particulière.
Meurtre n° 1
Monory, 1968, musée d’Art moderne, Saint-Étienne.
Mur
Arroyo, 1982, Grenoble.
Escalade
Cueco, 1973-1974, Fonds régional d’Art contemporain du Limousin.
Fishscape
Erro, 1974, collection Chapoutot, Vitry-sur-Seine. Intolérance, Adami, 1974, galerie Maeght, Paris.
Vidéo : Les mouvement dans la peinture : Figuration narrative
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