Les mouvement dans la peinture : Rococo
CONTEXTE
la peinture rococo coïncide avec le règne de Louis XV (1715- 1774). Vers 1720, les ornemanistes appliquent un décor exubérant et asymétrique aux boiseries des hôtels parisiens. L’ornementation, inspirée des grotesques de ta Renaissance, manifeste un goût pour les motifs de fantaisie exotiques et naturalistes. Le décor reçoit le nom de « rocaille » en référence aux rochers artificiels incrustés de coquilles qui agrémentent les jardins au XVIIIe siècle. Cette mode s’étend aux arts décoratifs, à l’orfèvrerie, au mobilier, à l’architecture, à la sculpture et à la peinture. Le terme « rococo » lui-même n’est apparu qu’à la fin du xixe siècle.Il s’agit à l’origine d’un mot d’atelier, dérivé de « rocaille », jugé préférable à celui de « style Pompadour » en vigueur dans la première moitié du xix’ siècle, appellation qui insiste sur l’essor que donne à ce style la favorite du roi Louis XV. Les historiens de l’art l’utilisent avec réserve pour la peinture en raison de la difficulté à en cerner l’homogénéité. Le mouvement résulte de la victoire des modernistes (partisans de la peinture de Rubens) sur les classiques et du rayonnement européen que connaît la peinture vénitienne autour de 1700.
La peinture rococo se développe particulièrement en France. Le style se diffuse en Europe centrale et en Allemagne par l’intermédiaire de l’Italie et prend fin vers 1760-1770. Le dirigisme du mécénat royal pèse moins sur les artistes. Les jeunes peintres vont toujours à Rome mais n’étudient plus seulement les classiques et se soucient peu de théorie. Le rococo circule avec les nombreux artistes qui travaillent dans, les cours étrangères. Giambattista Tiepolo, par exemple, peint à Würzburg en Allemagne, François Boucher en Suède, au Danemark et en Pologne. Vienne devient un centre brillant et cosmopolite. Une clientèle plus large favorise le nouveau goût. Parmi les amateurs passionnés, citons Pierre Crozat, riche financier, et le comte Tespn. ambassadeur de Suède à Paris. Le rococo semble contredire la science et le rationalisme du siècle des Lumières. Un ton insouciant l’oppose au baroque dramatique et théâtral et reflète l’éclat d’une société finissante. Considéré naguère comme un art décadent, puis comme la phase finale du baroque, le rococo acquiert aujourd’hui le statut de style autonome.
CARACTÉRISTIQUES
Le rococo assigne un rôle ornementa) à la peinture. Les trumeaux, les dessus-de-porte, les tableaux de petit format pour cabinet d’amateur et les cartons de tapisseries connaissent une grande vogue. Les pays germaniques prolongent la quadratura et le faste baroques dans les espaces rococo où la peinture, insérée dans des compartiments chantournés, fusionne avec l’architecture, la sculpture et l’ornement. Le rococo prend un ton profane et mondain à Paris, noble et religieux ailleurs en Europe. Les œuvres chargées de fantaisie (pittoresque, érotisme et exotisme) s’adressent aux sens plus qu’à l’esprit. Les peintres déguisent les modèles en dieux de l’Olympe dans les portraits mythologiques. La peinture de genre domine et propose de nouveaux sujets : la chinoiserie et la turquerie, qui dépeignent un Orient imaginaire ; la « fête galante », scène sentimentale qui tient son nom du célèbre tableau d’Antoine Watteau le Pèlerinage à Vis- le de Cithère ; enfin, la « pastorale », inventée par Boucher, place un couple de bergers amoureux, richement vêtus, dans un paysage bucolique.
L’action devient prétexte aux débordements ornementaux, à l’étalage d’étoffes chatoyantes et d’accessoires luxueux. La composition, ondoyante, s’organise suivant des obliques et des oppositions de courbes. Le dessin élégant efface les contours des figures, les animent d’attitudes dansantes et crée un type féminin précieux et sensuel aux proportions allongées. La ligne se brise pour décrire le monde tumultueux qui les environne ; le trait accuse les bords tranchants des rochers, froisse les drapés et tord les arbres. La lumière, cristalline et artificielle dans les ensembles décoratifs, scintillante et ambrée dans les petits tableaux, éclaire des demi-tons précieux et clairs (bleu-vert et rose). Les reflets colorés, la matière picturale savoureuse et la sensualité de la touche s’inspirent de l’esthétique rubénienne.
ARTISTES
Allemagne
Johann Evangelist Holzer (1709-1740) anime ses fresques d’un sentiment de puissance et adapte son pinceau au sujet.
Autriche
Influencé par les peintres vénitiens, Paul Troger (1698-1762) évolue vers la légèreté des figures et la liberté des formes. Doté d’un grand talent, il réalise de nombreuses fresques et enseigne à l’Académie de Vienne. Franz Anton Maulbertsch (1724-1796) peint de grands décors à fresque en Autriche, en Hongrie et en Tchécoslovaquie. 11 associe un enchaînement de courbes, de vertigineux raccourcis, à de précieux accords colorés.
France
Maître des « fêtes galantes », Antoine Watteau (1684-1721), donne à ses petits tableaux une atmosphère de rêve et une élégance précieuse. Jean-Marc Nattier (1685-1766) se spécialise dans le portrait mythologique et Jacques de Lajoue (1686-1761) réalise des paysages imaginaires.
François Boucher (1703-1770) domine l’école française sous Louis XV et propage le goût rocaille, sinueux et décoratif. Son style sensuel s’exprime dans les mythologies galantes, les pastorales et l’exotisme de fantaisie.
Jean-Honoré Fragonard(1732-1806) peint de petites scènes légères pour une clientèle d’amateurs fortunés et se caractérise par le lyrisme de la touche.
Grande-Bretagne
Les petites conversation pieces de William Hogarth (1697-1764) s’inspirent de Watteau.
Italie
Giacomo Del Po (1652-1725) développe un rococo original à Naples. Carlo Innocenzo Carloni (1686-1775) crée de grands décors en Autriche et en Allemagne.
Giovanni Battista Crosato (1686-1758), formé à Venise, peint ses meilleures fresques à la cour de Turin.
Giambattista Tiepolo (1696-1770), peintre décorateur vénitien dans la lignée de Véronèse, donne un prolongement rococo au style baroque.
OEUVRES
Le Pèlerinage à l’isle de Cithère, Watteau, 1717, musée du Louvre, Paris.
Vénus demande à Vulcain des armes pour Énée, Boucher, 1732, musée du Louvre, Paris.
Apollon présente Béatrice de Bourgogne à Frédéric Barberousse, Tiepolo, après 1750, plafond de la Kaisersaal, Würzburg.
Sylvie fuyant le loup qu’elle a blessé, Boucher, 1756, musée des Beaux-arts, Tours.
Les Hasards de l’escarpolette, Fragonard, 1767, Wallace Collection, Londres.
Vidéo : Les mouvement dans la peinture : Rococo
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